Dans les hauts de Salazie, le terrain est fragilisé par les pluies fréquentes. Des fissures et des déformations sont constatées un peu partout et Grand Ilet se déplace tout doucement sous le regard des habitants.
Chaque année, la terre se déplace de 40 à 50 centimètres dans les hauts de Grand Ilet, le secteur du village le plus touché. La route y est complètement déformée laissant une chaussée difficilement praticable pour les usagers. Les habitants voient leur petit coin de paradis s’effondrer un peu plus chaque jour.
"A chaque fois qu’il y a des cyclones ou de fortes pluies, il y de grosses fissures qui s’agrandissent au fur et à mesure. Même si la commune arrive à boucher, ça s’ouvre à chaque fois", indique une habitante.
Fissures, déformations, failles de plusieurs centimètres de largeur sur le stade communal, les infrastructures publiques ne sont pas épargnées. Timothée, âgé de 47 ans, se rappelle du jour où Grand Ilet a commencé à se déplacer.
"C’est depuis le cyclone Hyacinthe que j’ai remarqué le glissement de terrain après les fortes pluies. On a commencé à s’apercevoir que le terrain de Grand Ilet descendait. Les années suivantes, à chaque fois qu’il y avait mauvais temps, le terrain bougeait", explique Timothée.
C’est effectivement depuis le cyclone Hyacinthe, en 1980, que les recherches ont commencé. Le glissement de terrain de Grand Ilet est un phénomène unique du monde. "En terme de vitesse de déplacement, on est sur des choses qui sont connues mondialement. En revanche, c’est plus l’ampleur du phénomène, la taille du glissement de terrain qui est presqu’un record mondial. On est sur des glissements de terrain qui sont de l’ordre de plusieurs centaines de millions de mètres cubes", commente Bertrand Aunay - hydrologue au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM).
Un glissement de grande ampleur causé par les précipitations fréquentes sur le cirque de Salazie. "Toute l’eau précipitée sur Grand Ilet va directement s’infiltrer dans Grand Ilet sans ruisseler vers des rivières. Toute cette eau qui s’infiltre va contribuer au glissement de terrain", ajoute Bertrand Aunay. "Si on arrive à évacuer toute cette eau plus rapidement, on peut éventuellement réduire les déplacements".
Grand Ilet n’est pas menacé dans l’immédiat, à ce rythme, ce n’est qu’une partie du bourg qui disparaitrait dans 500 ans.