Alors que Dominique Baudis, le défenseur des Droits a demandé une étude sur la dangerosité des flash-ball, les policiers se défendent affirmant qu’ils utilisent cette arme pour se protéger et protéger la population.
Le défenseur des Droits, Dominique Baudis, réclame une étude sur les flash-ball. Il veut faire apparaître les risques dus à l’imprécision de cette arme qui a blessé le petit Nassuir Oili le 7 octobre 2011 en marge des manifestations contre la cherté de la vie à Mayotte. L’enfant a perdu l’usage de son oeil après avoir reçu un tir de flash-ball d’un gendarme.
La demande de Dominique Baudis a été adressée au ministère de l’Intérieur. Le défenseur des droits a remarqué plusieurs dysfonctionnements liés à l’usage du flash-ball.
Dans l’affaire du petit Nassuir, l’enquête judiciaire est toujours en cours. Le défenseur des droits de son côté contrôle la déontologie des personnes exerçant une activité de sécurité.
Pour Didier Lefèvre, représentant du défenseur des Droits à La Réunion, l’enquête doit répondre à la question de "la dangerosité de l’arme et puis la question de l’usage de ce flash-ball. L’enquête qui a été menée par le défenseur des Droits a montré que la personne qui avait tiré, avait utilisé cette arme de manière disproportionnée. Je rappelle que c’est un enfant de 9 ans qui mesure moins d’1m50 et qui était à une distance de moins d’une dizaine de mètres".
Selon Didier Lefèvre, l’accident du petit Nassuir n’est pas un cas isolé. Il rappelle qu’il "y avait déjà eu une affaire qui était semblable en décembre 2010 qui s’est déroulée à Marseille. Les forces de sécurité avaient utilisé un flash-ball et le tir de cette arme, qui avait été utilisé à 4 ou 5 mètres de la victime, a été une des causes du décès de la personne".
Pour Dominique Baudis, le défenseur des Droits, le tir du gendarme est injustifié. "Il y a eu une enquête qui a montré que le gendarme s’est cru agressé parce qu’il a dit que cet enfant avait tenté de jeter une pierre en sa direction. Mais le défenseur des Droits a considéré que même si le gendarme s’est senti menacé, l’usage à ce moment-là du flash-ball à l’encontre de cet enfant, a été disproportionné", précise Didier Lefèvre. En fonction du résultat de l’étude, Dominique Baudis, pourrait demander le retrait du flash-ball de l’équipement des forces de l’ordre.
Gilles Clain est secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière, le syndicat majoritaire de la Police nationale. Selon lui, le flash-ball est utilisé uniquement en légitime défense et dans des cas bien précis. C’est, pour lui, un outil essentiel pour la police.
"Le tir de flash-ball a un effet dissuasif. C’est le premier intérêt du flash-ball", indique Gilles Clain. Il permettrait ainsi aux forces de l’ordre de "ne pas utiliser notre arme de service, d’utiliser cette arme intermédiaire, qui est une arme de dissuasion. Soit elle est autorisée et on l’utilise, soit elle est interdite pour les raisons qu’on nous explique et on ne l’utilisera plus. Pour le syndicat Unité SGP Police, on a besoin de cette arme pour défendre nos collègues et la population" ; explique Gilles Clain.
Selon lui, le flash-ball fait office d’arme intermédiaire, entre le bâton de défense et l’arme de poing (pistolet), et il ne serait pas utilisé n’importe quand et par n’importe quel policier. "A la Réunion à ma connaissance, il n’y a pas eu de personne blessée suite à l’utilisation d’un flash-ball par les policiers", précise-t-il.
Gilles Clain ajoute par ailleurs "on l’utilise que si on a l’obligation ou la nécessité de l’utiliser. Si on peut faire autrement ou si l’attaque n’est pas violente, ou si on peut utiliser une force proportionnée à cette attaque, nous ne ferons pas usage du flash-ball".
Il explique également que même si les policiers utilisent le flash-ball que dans des cas précis, les patrouilles de police en ont presque toujours avec elles. Les policiers reçoivent une formation pour l’utiliser et apprennent à ne viser que le tronc pour éviter de faire des blessés. Par ailleurs, les policiers s’assurent toujours, après avoir tiré sur quelqu’un, qu’il ne soit pas blessé grièvement.
Gilles Clain déclare que les policiers font usage du flash-ball, "dans un cadre légal stricte et respecté. C’est une arme utile pour la police. Utile parce que c’est une arme intermédiaire, et qu’elle nous permet de nous protéger, nous fonctionnaires de police mais également protéger la population. Il faut bien comprendre que si on n’utilise pas notre flash-ball dans la légitime défense, il nous reste soit notre bâton de défense, soit notre arme de poing".