Une mission de réflexion a été lancée récemment par François Hollande sur les soins palliatifs et sur la fin de vie. Le président de la République ne ferme visiblement pas la porte à une éventuelle législation sur l’euthanasie.
Fin de vie et soins palliatifs : la question de l’euthanasie refait surface après la messe de l’Assomption du 15 août dernier, où l’église catholique s’est clairement prononcée contre favorisant l’accompagnement du malade.
Mais pour le président de la République François Hollande, la question n’est pas aussi tranchée. Il a lancé une mission de réflexion sur ce sujet délicat qui pourrait aboutir à une loi sur ce thème.
Phillipe Lohéac est délégué général de l’association pour le droit de mourir dans la dignité. Pour lui, parler d’euthanasie est souvent synonyme de lever de bouclier car le mot suscite la crainte. "Je sais que le terme peut parfois faire peur parce qu’il renvoie à des faits historiques qui n’ont rien à voir avec ça. L’euthanasie c’est la bonne mort. Les pays qui ont légiféré comme la Belgique, les Pays -Bas, le Luxembourg, utilisent ce terme dans leurs propositions de loi et je peux penser que les Belges et les Néerlandais ne sont pas plus bêtes que les Français et que ce terme ne leur fait pas peur. Il y a une certaine élite en France qui ont peur du mot. Quand vous interrogez les Français, dans les sondages d’opinion, ils comprennent ce qu’est le mot et ils l’utilisent et ils n’en n’ont pas peur".
Il estime par ailleurs que l’euthanasie doit absolument être légalisée car "soins palliatifs et aides actives à mourir sont tout à fait complémentaires parce qu’il y a parfois des demandes et aussi parce que les soins palliatifs ne peuvent plus rien faire car les douleurs sont si importantes, physiques d’abord, psychologiques et morales d’autres part qu’il faut une autre solution. Si cette solution est demandée par le patient, il n’y a pas de raison de ne pas le lui accorder".
Les soins palliatifs sont un accompagnement aux malades dans leur fin de vie et pour Phillipe Lohéac il peut souvent devenir de l’acharnement thérapeutique. Il rappelle l’évidence, que "la vie est une maladie mortelle. Vous ne pouvez pas faire croire à des personnes qu’elles vont vivre éternellement. Il y a un moment où la vie s’arrête, tout le monde le sait". Il ajoute que "quelqu’un qui entre dans les soins palliatifs ce n’est pas quelqu’un qui entre dans une unité curative. Il est là pour être accompagné jusqu’à la phase ultime de sa vie et ça va se conclure sur la mort".
La position de l’église catholique est toute autre à ce sujet. Pour le père François Glénac, curé de la paroisse de Sainte-Marie, l’église veut d’abord "la protection de la vie du début jusqu’à la fin. Sous cette notion de vie ne valant pas la peine d’être vécue, ça vient du discours d’Hitler et on voit après où ça a conduit. Nous avons un droit qui est celui de respecter la vie avant tout. Nous demandons de diminuer la souffrance et non pas de la supprimer parce qu’on ne pourra pas supprimer tout le mal".
Selon lui, une personne qui est malade et arrive en fin de vie "n’est plus dans les conditions réelles de prendre une décision puisqu’elle est perturbée. Alors si c’est à nous de prendre une décision à sa place, cette décision n’est pas de la supprimer. Si elle veut disparaître, c’est sans doute qu’elle ne se sent pas aimée, elle ne se comprend plus. Une décision se prend en pleine connaissance de cause. Dans la mesure que c’est à nous de décider, nous devons accompagner les personnes, les aimer et non pas les détruire".
La question de l’euthanasie est posée et toute prise de décision à ce sujet devrait être accompagnée de longues réflexions.