-Comment s’est passée la validation de votre demande auprès de l’Unesco ?
Ce sont les états qui sont habilités à présenter une requête à l’Unesco. À l’initiative de la MCUR, la Région a demandé au Ministère de la Culture à Paris, de prendre en considération le dossier du Maloya. Il fallait passer par là pour que l’Etat français puisse aller plaider la cause.
Depuis la France, une équipe de travail a estimé que le dossier correspondait pleinement aux critères de sélection. Le Ministère a ensuite contacté l’Unesco.
Le maloya a été choisi parmi beaucoup d’autres dossiers. La question a été étudiée en fin juillet et finalement validée pour l’inscription au patrimoine mondial.
C’est vraiment extraordinaire pour le travail que nous effectuons nous-mêmes à la MCUR, mais surtout pour les femmes et les hommes à la Réunion qui ont porté le Maloya. C’est une victoire compte tenu de toute l’hostilité qui a caractérisé l’histoire de cet art de vivre. Il a été décrié, méprisé…
-Comment avez-vous mobilisé ou sensibilisé les artistes réunionnais autour de cette reconnaissance ?
Pour que le dossier puisse être porté, il a fallu l’accord de beaucoup d’artistes. Il a fallu qu’ils s’engagent et qu’ils donnent leur soutien, et surtout leur signature. Enormément d’artistes ont participé au montage du dossier. Je remercie aussi le pôle régional des musiques actuelles (PRMA). Il nous a apporté beaucoup de documents, de bandes sonores… Tout ce qui a permis de monter le dossier de présentation.
L’un des principes et des leitmotivs de la MCUR, c’est de mettre en valeur et de porter la culture réunionnaise. C’est ce que nous appelons couramment la culture immatérielle. Notre culture mérite d’être connue et mise en valeur. La musique, la langue, la danse, l’artisanat constituent en fait notre vivre ensemble. C’est ce que nous voulons porter à travers la MCUR.
-Cette reconnaissance va-t’elle permettre d’obtenir davantage de moyens financiers pour développer des actions autour du maloya ?
Ça n’implique rien au niveau financier. Il y a mieux que cela, il y a reconnaissance de la culture réunionnaise au niveau mondial. En général on dit qu’il n’y a rien dans la culture réunionnaise, il n’y a pas de palais, de château…
Moi je dis souvent que nous avons une culture singulière et exceptionnelle que l’on retrouve nulle part ailleurs. Elle est liée à la façon dont notre patrimoine s’est constitué. On retrouve différents apports. Plusieurs mondes ont réussi à créer une culture. Nous avons donc une reconnaissance mondiale qui reprend notre singularité réunionnaise. Il n’y a pas d’éléments financiers, mais une valorisation extraordinaire accordée à notre culture.
-Est-ce une victoire de la MCUR, du moins un coup d’éclat pour une structure à maintes fois décriée ?
Non ce n’est pas un coup d’éclat. L’acceptation de ce dossier est une suite logique d’un combat que nous menons depuis que l’équipe existe (depuis 2003).
Nous sommes dans une démarche de collecte d’objets. Disons que nous sommes heureux que le travail que nous faisons aboutisse enfin.