Suite au bug enregistré sur le réseau social Facebook, la question de la protection des données dans l’univers informatique revient au centre des débats.
Le réseau social Facebook est dans la tourmente. Depuis lundi, des messages de conversations privées datant de 2007 à 2009 sont apparus sur les profils publics de certains utilisateurs.
Le gouvernement s’est immédiatement positionné pour condamner cette divulgation d’informations personnelles. Le ministre du redressement productif - Arnaud Montebourg - et la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises - Fleur Pellerin ont exigé des explications. Les responsables de Facebook France ont été reçus à la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés pour évoquer l’origine de ce bug.
Les représentants de Facebook se défendent et rejettent les accusations d’atteinte à la vie privée. Cet incident souligne une nouvelle fois l’importance de protéger les données personnelles dans l’univers numérique et le manque de transparence quant au traitement de ces données par un acteur tel que Facebook.
Interrogé pour Antenne Réunion Radio, des internautes réunionnais expriment leur inquiétude. C’est le cas de Dominique, 53 ans. Le manque de contrôle sur ses données personnelles a clairement déçu le Dionysien, qui a envisagé de quitter le réseau social.
Alors que la polémique enfle autour de cette affaire, l’image de Facebook en prend un coup. Durant ces dernières années, la loi dans le domaine de l’informatique a beaucoup évolué pour garantir aux usagers le respect de leur droit à l’image, de leur vie privée. Existe-t-il des moyens de se protéger de ce genre de bug lorsqu’on utilise les réseaux sociaux ?
Au micro d’Antenne Réunion radio, Sulliman Omarjee, répond à cette épineuse question et explique que malgré un cadre législatif très strict, des dérives sont toujours observées. Le spécialiste en droit de la propriété intellectuelle et du cyber-espace, préconise avant tout la vigilance et met en garde les usagers : " Facebook gère les données pour vous. Ce que vous pensez avoir caché à tous peut donc se retrouver diffusé de manière visible ".
De nombreux internautes ont vu certains de leurs messages privés apparaître sur leur mur. Depuis lundi, la question du respect des libertés individuelles est au coeur des débats. Comme le précise Sulliman Omarjee, les utilisateurs de Facebook disposent de quelques armes juridiques pour pour se défendre. L’expert rappelle cependant que "la première précaution est à prendre chez chez soi. Il faut prêter attention aux informations qu’on dévoile. Il faut faire attention à ce qui peut être réutilisé contre vous dans quelques années".
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont tendance à se mettre à nu, à diffuser des informations très personnelles, sans se douter des conséquences d’un tel comportement. Sulliman Omarjee estime pour sa part qu’il " faut militer pour le droit à l’effacement des données, le droit à l’oubli numérique". La loi informatique et liberté protège le citoyen mais au-delà d’un certain stade, même la CNIL ne peut rien faire pour réparer les dégâts.
Pour le spécialiste en droit de la propriété intellectuelle et du cyber-espace, "c’est comme prêcher dans le désert " vu que les internautes ne sont pas gênés de dévoiler des éléments de leur vie personnelle. Les utilisateurs de Facebook et des autres réseaux sociaux ne s’alarment que lorsque leur i-réputation est salie. Et bien souvent, il est trop tard.
Sullian Omarjee souligne l’importance des réseaux sociaux dans notre société contemporaine : "lorsque vous candidatez pour un poste" explique-t-il, "en général l’employeur tape votre nom sur google pour vérifier les informations qui circulent sur vous". Il est donc important de sélectionner les données que l’on rend public pour se protéger au mieux et ne pas être pénalisé dans le domaine professionnel.
Dans cette affaire, Facebook (France) a démenti toute faille dans son système. Un porte-parole du géant de l’informatique a expliqué : « Une minorité d’utilisateurs de Facebook s’est inquiétée en voyant s’afficher des messages qu’ils pensaient privés sur leur journal (Timeline) », avant d’ajouter que les ingénieurs de Facebook ont analysé ces requêtes et ont confirmé que les messages en question étaient des anciennes publications, visibles précédemment sur leur profil. Facebook affirme qu’il n’y a eu aucune faille dans la sécurité des données des utilisateurs .
Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ont eu « plusieurs échanges avec la direction de Facebook France au sujet d’une possible défaillance technique survenue (...) au moins depuis la mi-journée ».
Les deux Ministres souhaitent que des explications « claires et transparentes soient apportées sans délais » aux Français, et veulent connaître la nature exacte du problème : « s’agit-il d’une modification impromptue de la présentation des données qui a désarçonné les utilisateurs ? y a-t-il eu rupture de confidentialité à travers la publication de messages privés ? »
