Âgés respectivement de 82 et 81 ans, Marie-Andréa et Arthur Attache sont nés et ont grandi à Mafate. Leur petite case en bois sous tôle, située au coeur de l’Ilet des Orangers a résisté aux assauts du temps. Leur mémoire aussi. De la construction de la première école à l’arrivée des hélicoptères dans le ciel mafatais, les anciens ont vu se dérouler l’histoire du cirque et celle de leur île.
Au centre-ouest de l’île, le cirque de Mafate et ses villages "des hauts" tels que Marla La Nouvelle ou encore Aurère. Il y a comme un air de nostalgie lorsque l’on pénètre chez les Attache. Le couple de doyens Mafatais qui fut aux premières loges de la modernisation de l’île a su toutefois préserver son environnement de vie.
Une modeste case perchée sur les hauteurs du cirque le plus enclavé, dans l’Ilet des Orangers et juste à côté un "ptit magasin" comme se plait à le décrire Marie-Andréa, voilà semble-t-il les ingrédients suffisants pour couler des jours heureux.
Avec son époux Arthur, natif lui aussi de Mafate, Marie-Andréa Attache mène une vie heureuse. Cette pétillante dame de 82 ans regrette de ne plus pouvoir entreprendre de grands trajets à l’extérieur du cirque mais apprécie sa chance de bénéficier d’un petit élevage qui lui permet à elle et son mari de manger de la viande péi élevée par leurs soins et selon leurs envies.
Interrogée sur son milieu de vie, la doyenne des Mafatais ne cherche pas à travestir la réalité. Certains jours sont difficiles au regard notamment des conditions économiques peu favorables mais la vie dans la petite case en bois sous tôle, qu’elle n’a jamais voulu quitter c’est une "promenade" selon les propres termes de Marie-Andréa Attache.
Interrogée sur l’évolution de l’île, cette amoureuse de la Réunion ne cache pas regretter le temps "lontan". Elle se souvient encore de sa jeunesse, lorsqu’elle transportait sur son dos et à pieds ses citrouilles et haricots qu’elle allait ensuite revendre dans les différents Ilets du cirque.
Pour autant, Marie-Andréa Attache garde un oeil sur l’avenir. Elle qui a assisté à l’inauguration de la première école à Roche Plate en 80, à celle de l’Eglise mais aussi à l’arrivée des hélicoptères dans le ciel mafatais, salue ces installations qui ont permis de désenclaver le cirque sans pour autant le dénaturer.
Marie-Andréa ajoute enfin que son "problème, c’est d’être tranquille, d’être bien" avec Arthur. Des considérations d’autre temps qui surprennent à l’heure d’une société axée sur la consommation de plaisirs matériels.