Après 20 ans passés à la tête d’Air Austral, le fondateur historique de la compagnie aérienne réunionnaise quitte ses fonctions de président du directoire et de directeur général. Gérard Ethève s’est exprimé devant les salariés mais s’est refusé à tout commentaire aux journalistes. Un départ qui marque un tournant dans l’histoire aéronautique de la Réunion.
L’annonce a fait l’effet d’une bombe hier. A l’issue d’un conseil de surveillance de près de 2h30 au siège de la compagnie, le président du conseil de surveillance et président de Région Didier Robert a déclaré que "Monsieur Ethève a demandé à être de ses fonctions ainsi que chacun des membres du directoire. Cette démission a été acceptée par le conseil". Le directeur général adjoint Michel Frappier de Montbenoit, le secrétaire général Alain Abadie et le directeur financier Joseph Brema quittent également leurs postes respectifs. Gérard Ethève est resté silencieux et devrait le rester jusqu’à mardi prochain où une conférence de presse est programmée. Aucun commentaire devant la presse. Il assurera sa mission par interim jusqu’à la désignation de son successeur, qui devrait intervenir au plus tard le 30 juin prochain.
Pilote de formation et passionné d’aéronautique depuis toujours, Gérard Ethève a lancé la petite compagnie Air Réunion. En 20 ans, sous la direction de son fondateur, la société devient un véritable groupe aéronautique employant un millier de salariés. Un ascension fulgurante dont Gérard Ethève restera le premier artisan.
Mais à 82 ans, le créateur connaît le creux de la vague. Critiqué sur ses choix stratégiques et condamné pour harcèlement moral, le Président Directeur Général d’Air Austral se savait en sursis depuis plusieurs mois, notamment depuis la nomination de Didier Robert à la tête du conseil de surveillance. Alors que la compagnie doit affronter une violente zone de turbulences financières, les investisseurs et les banques ont décidé de ne plus faire confiance à la figure historique de la compagnie.
Pour rappel, lors du conseil de surveillance le 13 janvier dernier, Paul Vergès avait été démis de ses fonctions au sein du conseil au profit de Didier Robert ( cf linfo.re : Vergès débarqué, Didier Robert prend les rênes du conseil de surveillance). "Il y a recomposition du conseil, mais les méthodes de travail que nous avons pu avoir seront les mêmes, à savoir une relation permanente entre le conseil de surveillance et le directoire", avait alors assuré Gérard Ethève. A l’époque, les actionnaires ont également voté l’augmentation du capital à hauteur de 40 millions d’euros pour remettre sur pied la compagnie. Composé de 12 membres au lieu de 11, le conseil de surveillance nouvelle version a établi une nouvelle feuille de route.
Poussé vers la sortie par les créanciers, Gérard Ethève devrait néanmoins assurer l’intérim jusqu’au 30 juin prochain.