Alors que la phase de sauvegarde au Piton de la Fournaise du dispositif spécifique Orsec du Volcan est en vigueur, l’Observatoire volcanologique indique dans son dernier bulletin mensuel, qu’une "remontée rapide en surface du magma est possible".
Se dirige-t-on vers une nouvelle éruption imminente du Piton de la Fournaise après celle
survenue le 17 mai ? C’est en tout cas une hypothèse à ne pas exclure, à la lecture du dernier bulletin mensuel publié par l’
Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF).
Si Aline Peltier, directrice de l’Observatoire, tempère en indiquant qu’une éruption
"rapide", est
"possible dans les jours ou semaines" à venir, elle met en avant un élément nouveau.
"En comparaison de l’éruption survenue le 17 mai dernier, nous constatons un gonflement actuel du volcan beaucoup plus rapide."
La
remontée rapide en surface du magma pourrait conduire à passer de la phase de sauvegarde à la phase de vigilance du
dispositif spécifique Orsec du Volcan.
L’intégralité du dernier bulletin mensuel de l’Observatoire volcanologique :
"Au mois de Mai 2017 (jusqu’au 31 Mai – 12h, heure locale), l’OVPF a enregistré au total :
- 1247 séismes volcano-tectoniques superficiels (0 à 2 km de profondeur) sous les cratères sommitaux, dont 90% ont été enregistré lors de l’injection de magma du 17 Mai (1122 événements) ;
- 46 séismes profonds (> à 2 km de profondeur) ;
- 295 effondrements (dans le Cratère Dolomieu et au niveau du rempart de l’Enclos Fouqué) ;
- 31 séismes locaux (sous l’île, côté Piton des Neiges) ;
- 2 séismes régionaux (dans la zone océan indien).
Suite à l’injection de magma du 17 mai 2017, la sismicité a progressivement diminué passant de 40 séismes volcano-tectoniques superficiels le 18 mai à une moyenne de 2 par jour du 22 au 29 Mai. La journée du 30 mai a été marquée par une augmentation du nombre de séismes volcano-tectoniques superficiels avec 8 événements.
Déformation
Suite à l’injection de magma du 17 mai 2017, l’inflation (gonflement) de l’édifice a repris, à un taux nettement supérieur à ceux observés avant le 17 Mai 2017 (élongation de l’ordre de 2 mm par jour entre les stations de la zone sommitale, contre 0.1-0.2 mm avant le 17 mai.
Cette accélération des déformations est visible à la fois au niveau de la zone sommitale mais également en champ lointain, témoignant de la mise en pression d’une source superficielle mais également d’une source profonde (mise en pression du réservoir superficiel localisé à 2 km de profondeur sous le cratère Dolomieu par une recharge de magma profond).
Géochimie des gaz
Les concentrations en CO2 dans le sol mesurées au niveau des stations distantes de la Plaine des Cafres et au niveau du Gîte du volcan montrent un début de baisse. Cette tendance sera à confirmer ces prochains jours.
A noter qu’une baisse de concentrations en CO2 dans le sol est observée sur les stations distantes plusieurs jours à plusieurs semaines avant une crise sismique.
Bilan
Une mise en pression du réservoir superficiel (situé à environ 2km de profondeur sous le cratère Dolomieu) par une recharge de magma profond est actuellement observée.
La recharge étant rapide et déjà conséquente, et le milieu déjà bien endommagé, toute évolution et départ de magma vers la surface peut être rapide comme l’ont montré les dernières crises sismiques de 2016-2017."