Selon les planteurs de la CGPER, le travail illégal est une pratique courante dans les exploitations agricoles, comme dans d’autres secteurs d’activité. Ce matin, ils étaient une quarantaine à manifester contre "les contrôles abusifs dont ils feraient l’objet" déclarent-ils.
"Nou lé en train de charger les cannes sur le terrain de mon fils sur le secteur de Marocain. Et les gendarmes ont débarqué avec l’inspection du travail. Ils ont fait arrêter toutes les machines, et nous ont bloqué".
Agriculteur à Sainte-Rose, Dominique Clain a été contrôlé par la gendarmerie hier aux alentours de 6h30. Motif de cette inspection surprise : la vérification des employés déclarés. Les agriculteurs dénoncent des contrôles abusifs.
"Le souci c’est que des fois j’ai des camarades qui viennent me donner un coup de main pour couper la canne. Mais là par exemple j’ai un planteur qui vient 3 heures par jour pour compléter son petit salaire à la fin du mois. Il m’a dit qu’il arrête, car s’il y a des contrôles, ça allait retomber sur moi et sur lui."
Si aujourd’hui, la profession emploie 10 000 personnes, tous ne sont pas déclarés. Certains agriculteurs avouent que le recours au travail au noir est même une nécessité.
"Aujourd’hui, on travaille au noir, car on ne peux pas faire autrement. Avec ce qu’ils nous donnent par tonne de cannes, c’est impossible pour nous de déclarer les gens. À ce moment-là on met la clé sous la porte et c’est toute l’économie qui est fichue. On nous dit de déclarer, sans nous donner les moyens de le faire".
Pour Serge Minatchy, le président de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), les contrôles ne doivent pas s’effectuer uniquement chez les agriculteurs.
"S’il y a un contrôle à faire, allons-y gaiement : la restauration, le bâtiment, chez les artisans... on n’a rien contre... allons en profondeur !"
Même si les agriculteurs dénoncent un contrôle abusif, le coût de l’embauche est la difficulté de trouver des coupeurs. Le travail au noir reste un délit pour l’employeur. Il est passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.