Un campement bientôt démantelé à Trou d’Eau, à quelques mètres de la plage. La mairie a décidé de déloger Brice, un sans domicile fixe qui s’y est installé depuis plusieurs semaines.
À quelques mètres de la plage de Trou d’Eau, se trouve le campement de Brice. L’homme de 59 ans habite ici depuis quelques mois. Mais cela fait une dizaine d’années qu’il squatte à différents endroits dans l’ouest de l’île. Vivre dehors est un mode de vie qu’il a choisi.
"Dehors on peut vivre, dans la maison on devient fou. À un moment donné ou perde la clé".
Pourtant, il explique avoir un logement : "J’ai une maison, j’y reste trois jours pour me reposer, prendre une douche et me faire beau. Et, au bout de trois jours, je m’échappe le plus vite possible et souvent, j’oublie la moitié des choses tellement je suis pressé".
Aujourd’hui, le gramoune a appris que son bivouac serait démantelé. Résigné, il va faire avec. "Ce n’est pas moi qui décide, ce sont eux. Ce matin, des camarades sont passés, ils m’ont dit que les gendarmes et le social allaient venir pour me déménager. Ce n’est pas la première fois. Avant, j’étais plus loin là-bas, et ils m’ont déménagé".
Et de poursuivre. "Avant, j’étais du côté de la Saline et là aussi il m’avaient déménagé. Qu’ils le fassent ! Comme si la terre leur appartenait..."
Brice a tissé des liens dans le quartier. Estelle tient le snack-bar jusqu’à côté. Elle s’est vraiment attachée à ce vieil homme un peu lunatique. "C’est un personnage, et en plus, il donne un coup de main. Ce n’est pas quelqu’un de vraiment méchant ou dérangeant".
Pourtant, elle admet au fil du temps que Brice prend de plus en plus de place. "C’est sa maison mais, en même temps, je comprends un petit peu la mairie. Il nous a fait des choses beaucoup plus jolies que ça, parce que là cela devient vraiment une déchèterie".
Pour remédier à cette situation, la mairie de Saint-Paul est radicale, explique la 5e adjointe Patricia Locame.
"La population commence à poser des questions, et à se demander quand est-ce que nous allons agir. D’ici la semaine prochaine, on devrait avoir démantelé le campement".
La municipalité affirme qu’une proposition de relogement sera faite au quinquagénaire. Une certitude : Brice ne l’acceptera pas. Pour lui, vivre dehors, c’est être libre.