La réforme du travail, le nouveau texte proposé par le gouvernement ne semble pas plaire aux syndicats. Certains demandent le retrait total du texte d’autres des changements sur certains points majeurs. Marie-Françoise Leflon - secrétaire générale CFE-CGC - affirme que ce texte n’est pas acceptable.
Pour l’instant les syndicats ont gagné du temps, reçu un par un, ils essaient de faire évoluer le texte. Marie-Françoise Leflon secrétaire générale CFE-CGC - de passage à La Réunion - fait le point sur ces demandes.
Un texte inacceptable
Selon elle : “Il faut que ça change, pour les salariés, pour les licenciements, les plans de restructurations et aussi pour le rapport entre les entreprises et les salariés. Une flexibilité telle qu’elle est présentée ne peut pas être acquise sans les sécurités qui vont avec.”
La CGT, elle demande le retrait pur et simple du texte. De son côté, la CFE-CGC parle plutôt sur des changements à faire.
La secrétaire générale explique : “Nous ne demandons pas le retrait du texte, il faut regarder le marché du travail tel qu’il est, il faut regarder la situation et savoir comment on peut trouver des solutions pour améliorer le retour à l’emploi puisqu’en faite il s’agit de ça.”
À La Réunion il y a 26% de taux de chômage, en métropole il y en à 11%. “Le retour à l’emploi c’est fondamental mais le texte qui est présenté n’est absolument pas acceptable en l’état.”
Ce dernier est complètement axé vers une plus grande libéralisation mais il va vers de nouvelles précarités. “Il faut qu’on s’attache avec le gouvernement à faire reculer les points qui ne sont pas acceptable d’entrée de jeu, il faut retrouver un équilibre” ajoute Marie-Françoise Leflon.
Contourner une durée légale
Le taux de chômage est plus élevé dans notre département. Mais les reproches sont fait sur d’autres points tel que les 35 heures.
La secrétaire générale CFE-CGC déclare : “Les 35 heures c’est une mauvaise vision de la loi puisqu’à l’heure actuelle ils ont largement débordés, le taux moyen de travail c’est 39 heures en réalité.”
Cela veut dire que les entreprises en signant avec leurs partenaires sociaux dans l’entreprise des accords arrivent à contourner cette durée légale.
“Elle existe et n’a pas besoin d’avoir plus de liberté. Mais ce qui est dangereux dans cette loi c’est qu’on propose aux entreprises de négocier des accords en toute liberté et même en dessous de 50 salariés. Et ça ce n’est pas possible.”
Sur un point comme celui-là, la CFE-CGC demande le retrait de cet article. “Pour le moment, mais il y a d’autres points tellement importants aussi que celui-là n’est qu’une facette. Il y a toute la redéfinition, du licenciement économique et des champs sur lequel ça s’applique.”
Elle ajoute : “Les formalités de reclassement sont littéralement gommées dés lors qu’on fait un plan uniquement sur la petite structure, sur l’établissement et qu’on ne tient plus compte de la santé du groupe. Ça c’est très dangereux, c’est automatiquement mettre de nouveau des centaines et des centaines de licenciements en route.”
Des points qui posent problèmes
Sur les licenciements il y a 2 points : Le plafonnement des indemnités prud’hommales et les licenciements économiques 6 trimestres au lieu de 4. Cependant, selon la secrétaire général de la CFE-CGC ce sont des points qui doivent être négociés.
“Ça doit se négocier, c’est uniquement la suite logique de l’accord qui a été signé en 2013 mais qui à ce moment là ne s’est pas fait de manière impérative par une loi mais bel et bien par un accord entre les partenaires sociaux” explique Marie-Françoise Leflon.
“Le vrai sujet des partenaires sociaux c’est savoir comment faire pour affronter les difficultés de l’entreprise. Si ça doit être 4 mois la baisse du chiffre d’affaire avant d’entraîner un PSE ou si ça doit être 6 ça se négocie. Là il n’est prévu aucune négociation possible, c’est une règle et quand elle s’applique forcément elle tire vers le bas.”
Il n’y a pas que ces points qui posent problème dans la première version du texte. En l’état ou modifié il ne reste pas adapté à la situation de La Réunion selon la secrétaire générale.
Elle déclare : “Il reste ni adapté à la situation de la métropole donc encore moins à La Réunion puisque le taux de chômage affiché sur l’île, le nombre de jeunes qui n’arrivent pas à entrer dans l’emploi et le nombre de senior dans votre pyramide des âges qui s’accrois c’est autant de personnes qui vont être fragilisées.”
Elle ajoute : “Si la partie sur le compte personnel d’activité qui est prévu dans cette loi est suffisamment alimentée par des droits qu’on puisse faire jouer en contre-partie de manière à ce qu’il n’y ait pas cette panique d’être licencié, c’est possible. Mais ce compte personnel d’activité, il en est au balbutiement. Ça n’est pas suffisant, tout ça se négocie dans le temps.”
Seulement, ils n’ont que 15 jours pour faire reculer le gouvernement sur des choses qui “ne sont pas acceptables” et des mois pour préparer “ce qui est sécurisant”.
Pour l’instant 7 organisations ont répondu oui à l’appel du 31 mars, mais ce n’est pas encore le cas pour la CFE-CGC.
Marie-Fraçoise Leflon explique :“Pour le moment nous avons une rencontre demain soir ensuite une rencontre en inter-syndicale le 14 mars, toujours chez le Premier ministre. On verra alors si les marches de manoeuvres sont possibles, si on peut faire bouger les lignes sur ce texte, si on peut obtenir des accords.”
Elle ajoute : “Là un texte qui prévoit des référendums au lieu d’un accord majoritaire c’est nier le poids du dialogue social et le poids des partenaires sociaux dans l’entreprise. Si on arrive pas à bouger nous n’aurons pas d’autres solutions mais si nous arrivons à faire bouger et en calendrier et en report et en accord inter-professionnel on peut avoir d’autres solution que d’aller à la manifestation.”
Demain c’est la journée de la femme et pour cette occasion selon la secrétaire générale le sujet du travail fait énormément sens.
Elle confie : “Ça fait sens depuis des années mais il reste encore de longues années, le rattrapage est tellement loin à faire de par la réalité. C’est bien de mettre un focus sur les femmes, elles sont pleines de richesses et de potentiels pour rendre une économie compétitive au même titre que les hommes.”