“Il est parfois difficile de reconnaître la dangerosité d’un détenu”

En prison depuis 44 ans après sa condamnation à perpétuité pour un double meurtre, Casanova Agamemnon, Réunionnais et l’un des plus anciens prisonniers de France. Il vient d’effectuer une demande de liberté conditionnelle après son retour dans l’île en mars 2014. Dans ce contexte, se pose la question de la vie après une aussi longue détention.

Le docteur Olivier Gillodes, directeur du service médico psychologique régional en milieu carcéral, confirme l’impact d’une aussi longue durée d’incarcération : “Il y a une transformation de la personne. Les détenus passent d’abord par une période de révolte, puis d’acception et de résignation, pouvant aller jusqu’à la perte d’autonomie."

Concernant les craintes de la dangerosité et les risques de récidive d’un détenu qui a purgé sa peine, le directeur du service médico psychologique régional, Olivier Gillodes explique que “la dangerosité psychiatrique est le coeur de métier des psychiatres. Ils savent reconnaître quelqu’un qui a un délire, qui a des hallucinations, qui est schizophrène ou paranoïaque. Ce qui est plus difficile est de reconnaître la dangerosité psycho-criminologique d’un détenu”.

Dans ce cas, le psychiatre évoque le domaine de la passion, avec la “possibilité de récidive par vengeance, jalousie, dans un état d’esprit qui relève plus de la psychologie que de la psychiatrie pour récidiver”.

Enfin, le critère de l’âge du détenu est déterminant, comme le souligne le Dr Olivier Gillodes qui s’appuie encore dans le cas de Casanova Agamemnon âgé de 64 ans : “ Plus l’âge passe, moins il y a de dangerosité potentielle. Même s’il y existe quelques cas de passages à l’acte criminel passé 70 ou 75 ans ans, cela reste rare."

Pour optimiser le retour à la vie civile d’un ex détenu, le professionnel met en avant l’importance de la reprise des liens familiaux, la possibilité d’un hébergement et un accompagnement psychologique.