L’association Momon Papa Lé La n’a hélas pas eu d’autre choix que de distribuer 42 tonnes de denrées alimentaires sous la pluie dans un chemin ce matin à Saint-André. Des conditions contestées par les bénéficiaires.
" Le président Sarkozy lors d’une de ses déclarations clamait que si une ville avait le projet en direction des plus démunis et besoin d’un terrain ou de locaux, il pouvait les mettre à disposition pour un euro, alors on a voulu investir les locaux de l’ancienne gendarmerie ", clame ce matin Patrick Savatier, président de l’association Momon Papa Lé La.
Le hic c’est que les forces de l’ordre de Saint-André sont intervenues et ont empêché les bénévoles de l’association d’aide aux plus démunis à investir des lieux appartenant à l’Etat, des locaux pourtant inoccupés. " Il y a quinze maisons, des garages, deux hectares de terrain qui ne servent à rien et inutilisés alors qu’on a des gens dans la rue ou mal logés ", poursuit Patrick Savatier dont la colère avait du mal à se contenir.
On peut aisément le comprendre vu que de facto les conditions de distribution des 42 tonnes de denrées alimentaires se sont faites directement dans la rue Sarda Garriga et sous la pluie de surcroît.
" On nous jette dehors, on est obligé de faire le travail dehors ", hurle un bénévole écoeuré par la situation ce matin. Même les bénéficiaires ont du mal à avaler la pilule. " Il fallait une salle pour cette distribution, c’était mieux. Regardez les gens comment ils se précipitent vers le camion ", lance l’un deux, lui aussi passablement dégoûté par les conditions de distribution.
Des centaines de Réunionnais dans le besoin se sont ainsi rués pour tenter d’attraper du riz, des farines, des jus de fruits, des aliments qu’ils n’ont malheureusement pas le plaisir ni la chance d’acheter par manque de moyens financiers importants. Des aliments que l’association Momon Papa Lé La récolte et distribue plusieurs fois dans l’année.
L’an passé, elle a en effet donné aux plus démunis de notre île pas moins de 76 000 colis alimentaires, des meubles, du linge et a permis de reloger décemment 1 900 familles. De telles actions et réalisations effectives n’ont hélas pas trouvé une oreille visiblement assez attentive.
L’association est par conséquent toujours sans domicile fixe " malgré les promesses de certains, nous n’avons toujours pas de locaux adaptés ni les moyens d’en prendre ", regrette amèrement Patrick Savatier.
Pour autant, l’association et ses 600 bénévoles ne baissent pas le rideau. Pour eux, la pauvreté des Réunionnais, toujours présente, compte avant tout. D’ailleurs d’autres actions de ce genre auront lieu tout au long de cette année afin d’ " alerter la population, le préfet de Région et exiger des candidats aux Régionales qu’ils s’expriment sur des sujets que nous soulevons comme les logements, les hébergements des personnes démunies, la chèreté de la vie et le soutien aux associations ", termine le président dans un communiqué.
Cette première distribution de denrées alimentaires de l’année 2010 ne sera évidemment pas la dernière. L’association n’a pas l’intention de lâcher prise.