L’escapade de Juliano Verbard défraye la chronique. La dernière fois que trois hommes ont déclenché simultanément un tel dispositif de recherche, c’était il y a précisément un siècle. Pendant deux mois, Simicoundza Simicourba (alias Sitarane) a tenu en échec toutes les polices de la Réunion. C’est finalement la promesse d’une récompense de 1500 Francs, faite à la population, qui a permis de mettre fin à l’escapade.
Tout comme Juliano Verbard, dans sa fuite, l’homme était accompagné de deux complices. Emmanuel Fontaine et Saint-Ange. Une fois mise de côté la croyance populaire qui a fait de Simicoundza Simicourba, un sorcier gourou au pouvoir satanique, il reste l’histoire d’une cavale étonnante aux quatre coins de la Réunion. L’affaire a effrayé et passionné toute l’île en 1909.
Pendant plusieurs semaines, la Police de la colonie a travaillé sans relâche pour retrouver la trace des trois meurtriers. Durant plusieurs mois trois hommes ont perpétré plus de 12 meurtres. Même si officiellement ils n’en reconnaissent que 3.
Spécialité du trio : Endormir les occupants des maisons pour les cambrioler. Avant de partir, ils prennent soin d’égorger leurs victimes ou bien les brûlent. Ce n’est que tardivement que les forces de l’ordre se lancent dans de grandes battues.
Au fil des jours, c’est une véritable psychose qui s’empare des Réunionnais, surtout dans le Sud de l’île. Au Tampon et à Saint-Pierre.
Comme dans la traque de Juliano Verbard, Policiers et gardes-champêtres se mettent à ratisser des dizaines de quartiers. Ils réclament la collaboration et la vigilance de la population.
En réponse, les policiers reçoivent simultanément le signalement des trois acolytes dans plusieurs communes à la fois. Quand les forces de l’ordre se rendent à Saint-Pierre, Sitarane est à Saint-Paul…et l’inverse.
Devant l’échec des recherches et la multiplication des meurtres, le Gouverneur offre une somme bien rondelette pour l’époque. 1500 Frs à "quiconque permettra l’arrestation de la bande" (extrait du journal "Le Peuple", du 29 mars 1909).
C’est finalement un agriculteur des hauts qui empoche la récompense.
Simicoundza Simicourba, est arrêté le 31 décembre 1909. Le couperet de la guillotine lui tranche la tête deux ans plus tard. Juste avant sa mort, il demande à être baptisé. On lui accorda cette dernière volonté.