La fin de la pandémie du VIH devrait intervenir dans les années à venir. Une affirmation d’un virologue américain, mais qui est "très théorique" selon Catherine Gaud, présidente de l’association RIVE.
Un éminent virologue américain, le docteur Anthony Fauci, affirme que mettre un terme à la pandémie du VIH serait envisageable dans les prochaines années. Une annonce qui intervient à une semaine de la Conférence internationale sur le Sida à Washington.
Catherine Gaud, chef de service d’immunologie à l’hôpital de Saint-Denis et présidente de l’association RIVE estime quant à elle que cette fin de pandémie est "envisageable dans un monde théorique".
Elle affirme que "cela fait à peu près deux ans que l’on sait que si toutes les personnes infectées, avaient été dépistées et avaient accès à un traitement", la pandémie pourrait être enrayée. Mais "actuellement dans le monde, seuls 50% des personnes qui ont besoin d’un traitement ont y accèdent". Elle précise par ailleurs que si les personnes infectées suivent bien leur traitement, alors en "2030-2040, on pourrait assister à un arrêt de la transmission du VIH sur le mode épidémique. Il y aurait quelques cas sporadiques qui resteraient, mais il n’y aurait plus d’épidémie".
Catherine Gaud ajoute "qu’en France il y a environ 30 000 personnes qui sont séropositives et qui ignorent leur séropositivité pour environ 200 personnes qui ne se savent pas séropositives à La Réunion". La fin de la pandémie reste donc "très théorique" et possible que "dans les modèles mathématiques" estime Catherine Gaud.
Avec les traitements en vigueur, depuis un an à La Réunion, "les cas de transmission hétérosexuelle, si les cas sont traités correctement, la diminution de la transmission sexuelle même si on ne met pas de préservatif est de 96%". L’efficacité des traitements est donc avérée, mais la présidente de RIVE ajoute que "ça ne doit absolument pas diminuer la prévention, notamment l’usage des préservatifs".
Catherine Gaud fait également un point de l’épidémie du Sida à La Réunion,"au niveau des nouvelles contaminations, on en a toujours 25 à 30 chaque année inexorablement. On a un peu moins de décès, on a une dizaine de décès par an. Les décès concernent surtout des Réunionnais, en général hétérosexuels, qui ont entre 40 et 60 ans. Ils découvrent leur infection très tard au stade Sida parce qu’ils n’imaginaient pas qu’ils étaient à risque". Selon elle,"il faut oublier cette notion de "à risque", car toute personne qui a une relation sexuelle non protégée est à risque. Tout le monde devrait faire un dépistage au moins une fois dans sa vie".
Elle ajoute par ailleurs que "la communauté réunionnaise homosexuelle est plus infectée que la communauté hétérosexuelle. Au total dans les nouveaux patients à La Réunion 80% sont des hétérosexuels".
Selon elle, "l’épidémie chez nous est relativement contenue. Avant on avait les chiffres les plus bas de France, alors que les autres DOM ont les chiffres les plus élevés. Maintenant on est dans la moyenne française".
La prudence reste de mise pour éviter de nouvelles contaminations et le dépistage reste le seul moyen pour protéger les autres du VIH.
Retrouvez l’interview de Catherine Gaud - chef de service d’immunologie à l’hôital de Saint-Denis et présidente de l’association RIVE - recueilli par Antenne Réunion Radio.