Psychosociologue et président de l’association "SOS Gramounes isolés", Patrice Louaisel est l’invité du 19h d’Antenne Réunion.
Psychoso-sociologue et président de l’association "SOS Gramounes isolés", Patrice Louaisel est sur le plateau d’Antenne Réunion.
Les résultats dune étude menée sur l’état de santé et les conditions de vies des gramounes sont édifiants. 46 % des personnes âgées ont un risque de dépression. De manière générale, beaucoup se sentent aussi anxieux, triste ou déprimé.
"70 % des gramounes ont une visite au minimum par semaine. 30 % n’ont même pas une visite par semaine. Ils sont coupés du monde hormis leur auxiliaire de vie et autres soignants”, déplore Patrice Louaisel."
"Les personnes âgées au départ sont contentes d’être indépendantes. Mais ils voient moins bien, marchent moins bien, du coup ils ne peuvent plus prendre de voiture. Ils sont coupés du monde, des activités. Ils restent chez eux, avec la solitude et la dépression, ça entraîne et accélère des problèmes de santé. J’encourage les familles réunionnaises à être proches de leurs anciens, de leurs vieux, car c’est très important qu’il y ait ce minimum de discussion, de conversation entre eux."
Le président de l’association ne fait pas forcément le même constat sur le terrain. "Une femme a l’habitude de sortir, de bouger, d’être en lien avec des copines, d’être dans des clubs, elle garde une vie sociale. L’homme quand il perd sa femme c’est une catastrophe. Si en plus il est isolé et n’est pas gardé par la famille, il tombe très rapidement dans la dépression, les médicaments, l’alcool, la dépendance n’est pas loin, tout comme l’Ehpad ou la famille d’accueil."
"On étaient plus solidaires il y a encore quelques années. On en étaient fiers quand il s’était passé lors des canicules métropolitaines. On voit une perte de solidarité qui s’accélère à La Réunion. Le jour où les anciens n’ont plus de conversations, ils deviennent aphones, non plus de présent de passé et d’avenir, on n’est pas loin de l’Ehpad."
"Nous sommes dans une société qui apprécie son autonomie, son indépendance. Mais il faut retarder cette échéance de l’Ehpad, non pas que l’Ehpad ce soit une catastrophe. On sait qu’il y a de 2 à 3 ans d’espérance de vie dans ces structures spécialisées."