Les apiculteurs sont inquiets. La Tentrède Cibdela Janthina, qu’ils appellent "la guêpe bleue", une sorte de mouche introduite pour éradiquer l’envahissante vigne marronne, se pose maintenant sur les poivriers. Et peut-être demain sur les baie-roses, les longanis et les letchis. Les abeilles pourront-t-elles continuer à butiner, produire du miel et polleniser les fleurs ? Les scientifiques, eux, se veulent rassurants.
Pour la société, c’est normalement une belle avancée : la
lutte biologique contre les mauvaises herbes et la végétation indésirable -des insectes remplacent les pesticides- est plus respectueuse de l’environnement. Tout le monde y gagne, y compris le compris le consommateur de miel. Après
plus de 10 ans d’études la tentrède a donc été introduite à La Réunion en 2008. Objectif : réduire la vigne marronne, afin de la remplacer par des espèces plus valorisantes pour le miel, et pourquoi pas favoriser ainsi l’obtention d’AOC. Les larves de tentrède (originaire de Sumatra) se nourrissent exclusivement de feuilles de vigne ; quant aux adultes, comme les papillons ils sont éphémères et ne vivent que quelques jours. Démunis de trompe, ils ne peuvent normalement pas "butiner" les fleurs. Début mars pourtant les apiculteurs donnent l’alerte : les tentrèdes adultes envahissent les poivriers, ils craignent que la "guêpe bleue" n’envahisse aussi letchis, longanis... Et empêchent ainsi les abeilles de faire leur travail. L’enjeu : la production de miel bien sûr, mais aussi la pollenisation, et donc une grande partie de l’agriculture.
Au
CIRAD on se veut rassurant : que la vigne marronne disparaisse prouve que la tentrède fait effectivement le travail que l’on attendait d’elle. Et puisque le moyen de subsistance des larves disparait, la population de tentrèdes a vocation a trouver un nouvel équilibre, en réduction.
Reste que les apiculteurs ne sont pas certains que la présence même de la tentrède soit compatible avec celle de l’abeille. Ils appellent donc l’Etat a suspendre le programme en cours.