C’est à 21 h 41 mardi soir, heure de la Réunion, soit une demi-heure avant la lecture des noms du nouveau gouvernement qu’Yves Jégo a été averti par un coup de fil très bref du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, qu’il ne serait pas de la nouvelle équipe. A 22 h 16, en regardant la télévision, il apprenait le nom de son remplaçant.
Yves Jégo n’a pas commenté lui même son départ du Gouvernement, mais dans son entourage on glisse qu’il a été victime du patronat. « Les békés l’ont tué », lâche un de ses fidèles dans la cour du ministère. L’ancien Secrétaire est aigri. Selon ses proches, il serait prêt à faire dans les prochains jours des révélations sur la politique gouvernementale.
Son éviction du Gouvernement en a surpris plus d’un. Lui-même a sûrement dû être stupéfait. Il avait réussi à sauver sa tête pendant la crise aux Antilles. Du coup, peu de personnes imaginaient qu’il ferait partie des partants de ce remaniement. Tout s’est joué à l’Elysée.
Vite fait, bien fait. La passation de pouvoirs entre Yves Jégo et Marie-Luce Penchard n’a pas traîné. Elle s’est déroulée hier à midi, avant le conseil des ministres.
Décontracté, en jean et sans cravate, mais avec une veste, Yves Jégo a accueilli son successeur sur les marches de l’Hôtel de Montmorin. Malgré l’insistance des photographes, il ne s’y est pas éternisé. Entraînant avec lui l’ancienne conseillère outre-mer de l’Elysée vers le bureau qu’il allait lui céder.
L’entretien n’a pas duré très longtemps. Accompagné de son épouse, Yves Jégo est rapidement ressorti sous les applaudissements du personnel du secrétariat d’Etat. Ils se sont engouffrés dans leur voiture. Bien que pressé par les nombreux medias présents, il est resté muet.
Discrètement. Lors du dernier remaniement, le nom d’Olivier Biancarelli, le conseiller outre-mer de Nicolas Sarkozy, avait été évoqué pour succéder à Christian Estrosi. Cette fois c’est au tour de son adjointe antillaise, fille de Lucette Michaux-Chevery.
Marie-Luce Penchard arrive aujourd’hui avec le chef de l’Etat aux Antilles. La réaction de la population sera intéressante à suivre envers celle qui sort d’un échec comme tête de liste UMP aux européennes aux Antilles.
Pour voir ce que pense Yves Jégo, Il faut aller sur son profil Facebook : « Yves Jégo mesure le véritable pouvoir d’un certain patronat et se prépare pour de nouveaux combats… », était-il inscrit. Dans son entourage on ne disait pas autre chose.
« Les békés l’ont tué », lâchait un de ses fidèles dans la cour du ministère. « Voilà le résultat quand on dénonce ce qui ne va pas, les prix de l’essence etc. Il va retrouver sa liberté de parole. Il aura des choses fortes à dire », prévient-il.