La Présidente du Département a affiché sa satisfaction à l’issue de la commission permente qui s’est tenue ce mercredi au Palais de la Source. Sujet à une vive polémique, le dispositif visant à baisser les prix de plusieurs produits de première nécessité a finalement été validé.
La mesure concernant les chèques électricité a été adoptée très rapidement et à l’unanimité. Mais il n’en a pas été de même pour la baisse des prix des produits de première nécessité. Comme prévu, ce dossier brûlant a enflammé les débats aujourd’hui au Conseil Général (cf Linfo.re : Commission permanente sous tension au Conseil Général ). Les trois groupes qui composent la Majorité restent divisés sur cette question.
A l’issue des discussions animées, la baisse des prix d’une trentaine de produits parmi lesquels figurent la viande péi, les légumes et les couches pour bébé, a été actée. Les conseillers généraux du groupe PS ont voté en faveur de cette mesure, malgré leurs réticences. Les élus du groupe Alliance ont eux été fidèles à leur ligne de conduite et n’ont pas participé au vote. De son côté, la Droite s’est abstenue. Au final, la baisse des prix a été validée par 15 voix sur 31.
Au sortir de cette réunion cruciale, le vice-président du Conseil Général Pierre Vergès a déploré une nouvelle fois l’adoption de cette mesure et regretté que les propositions formulées par le groupe Alliance soient simplement mises à l’étude. L’Alliance-PCR a ce mercredi encore souhaité que les 5,4 millions d’euros dédiés à la baisse des prix des produits locaux soit redistribués aux familles réunionnaises sous forme de bons d’achat, afin que les ménages sélectionnent eux-mêmes les produits dont ils ont besoin.
Interrogée pour Antenne Réunion, la Présidente du Département a salué l’adoption des mesures proposées aux conseillers généraux. La baisse des prix, qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la vie chère, sera effective à compter du 12 mars prochain.
Communiqué des élus du groupe PCR-Alliance suite à la commission permanente :
" Les élus du groupe regrettent que les propositions faites à travers la motion déposée ce matin pour améliorer le pouvoir d’achat des Réunionnais aient été ignorées lors des débats intervenus en commission permanente, la Présidente n’ayant même pas mis aux voix ce texte.
Compte tenu du risque en matière de légalité (concurrence déloyale) et du caractère injuste (nombre de produits ciblés trop restreint) de la mesure présentée, nous regrettons que l’aide de la collectivité soit attribuée de façon discriminatoire à certains groupements de professionnels, au bénéfice des monopoles et de la grande distribution, orientant ainsi le choix des consommateurs vers certains produits. Cette aide viendra donc en lieu et place, d’une aide directe à la population ciblée sur les plus nécessiteux (jusqu’à 1.4 SMIC) comme nous l’avons proposé dans le cadre de l’enveloppe allouée, permettant au bénéficiaire de se tourner vers le produit pays de son choix (producteurs, supermarchés, commerces de proximité, marchés forains,…). Cette aide venant en plus de l’effort de baisse réalisé par les fournisseurs et distributeurs.
Une suspension de séance a été acceptée pour la formulation d’amendements à la suite de laquelle l’ensemble des propositions émises par les groupes n’a pu aboutir compte tenu de la mise au vote du rapport initialement proposé par la Présidente. Cette mise en scène ne cache pas pour autant l’absence de concertation et la volonté d’un passage en force.
Le groupe prend également acte de la non prise en considération des propositions visant à engager immédiatement un travail de fond pour permettre une baisse des prix durable. La question demeure entière sur ce qui se passera à la fin du dispositif au 31 décembre 2012. Comme stipulé dans la motion portée par notre groupe, nous avons proposé qu’en application des dispositions législatives existantes, que le Gouvernement soit saisi pour qu’un projet de décret en Conseil d’Etat soit préparé afin de fixer les prix des produits de 1ere nécessité sur une base à minima correspondant à celle du Cospar (250 produits) au lieu des 60 produits qui ne concernent que partiellement le panier des plus pauvres.
L’autre proposition visait à étudier la diversification des sources d’approvisionnement des produits manufacturés traditionnellement importés pour abaisser les coûts d’approche. Aucune prise en considération non plus de la demande à faire à l’Etat d’assurer traçabilité, transparence et surveillance des prix. Enfin, nous prenons acte que la posture choisie par la collectivité exonère l’Etat de tout effort, contrairement aux précédents des Antilles en 2009 et de Mayotte récemment.
En conclusion, nous constatons que la délibération prise ce jour ne répond pas à la demande sociale légitime d’une plus grande justice en matière de prix dans un contexte où nous avons à La Réunion plus de la moitié de la population vivant sous le seuil de pauvreté d’un côté et de l’autre des consommateurs pénalisés par des prix élevés souvent supérieurs de 50% à ceux pratiqués en métropole. Cette aide revient à aider les monopoles au sacrifice d’une aide directe à la population qui n’a qu’un choix imposé sur des produits ciblés par les monopoles en liaison avec la grande distribution. Compte tenu du caractère limité et précaire des mesures arrêtées, le problème de la vie chère pour les plus défavorisés reste entier ".