Selon le dernier bilan de santé, Saïd Larifou a repris connaissance hier soir, mais son état reste préoccupant. La semaine dernière il avait déclaré :
« Je veux mobiliser mes compatriotes ici à Mayotte dans une marche, comme à Madagascar, à Maurice, ou aux Etats-Unis pour dire notre opposition au maintien au pouvoir du président Sambi » expliquait l’avocat Saïd Larifou, qui ne veut pas entendre parler du gouvernement nommé par celui qu’il appelle « l’ancien président de l’Union des Comores », qui n’a pas le « profil d’un président démocratique mais celui d’un président à vie ».
Saïd Larifou avait ces derniers jours affiché son hostilité au Président Sambi. L’avocat dénonce le fait que le Président ait trouvé le moyen juridique de rester davantage au pouvoir sans consultation du peuple.
La tournante de la présidence de l’Union qui revenait à Moheli permettait selon lui « une stabilité relative des Comores. Nous avons tous été d’accord pour l’harmonisation qui évitait des élections à répétition, mais nous sommes contre la modification qui permet au président Sambi de rester 5 ans au pouvoir ».
La Cour Constitutionnelle a tranché sur la fin de son mandat, elle autorise le président Sambi à assurer une période intérimaire, avec des pouvoirs limités, pour organiser les prochaines élections :
« Nous comptons saisir à nouveau la Cour Constitutionnelle afin de demander qu’un gouvernement répondant aux critères qu’elle a énoncés soit mis en place. Et si nous n’y arrivons pas par la voix démocratique, nous utiliserons la force, comme ce fut le cas pour Mohamed Bacar. Car n’oublions pas que « l’ancien président Sambi » utilise des milices armées par lui et son équipe. Ils ont saccagé notre radio : il plonge le pays dans un bain de sang ».
Saïd Larifou reconnaît des points positifs à l’action de Sambi : « lui et Nicolas Sarkozy ont trouvé une bonne solution au problème de Mayotte française pour les comoriens : le Groupe de Travail de Haut Niveau (GTHN). C’est pourquoi nous voulons utiliser des armes pacifiques, nous ne voulons pas transformer notre pays en Rwanda ».
Quant aux drapeaux français arborés à Moheli lors des récentes manifestations : « c’est un cri de désespoir face à un A.A. Sambi qui a proclamé : « nous allons transposer le modèle iranien aux Comores ». Mais cette idéologie de chiisme radical n’est pas la nôtre » conclut l’avocat.
Dehors, aux abords de la barge, des militants pros Sambi attendent pour critiquer la démarche de Saïd Larifou. Un d’entre eux affirme :
« La majorité des Comoriens qui vit à Mayotte désapprouve la démarche de Larifou d’utiliser des médias étrangers. De plus, il n’est pas élu. Il ne s’est pas opposé au processus référendaire, et n’a pas préparé les élections de mai 2010 alors qu’il l’avait annoncé. Il ne peut être élu gouverneur en Grande Comore car la loi statutaire exige maintenant une résidence de 5 ans sur place. En revanche, le président Sambi œuvre dans notre sens ».
A la question de la date d’éventuelles élections à venir, ils certifient « croire en la parole de Sambi. Il a modifié avec justesse la constitution dite « accords de Fomboni » qui a été écrite sur le dos des Comoriens ». Et à la remarque du saccage d’une radio, Bourhane Ahmed répond qu’il faut agir avec encore plus de fermeté : « la presse diffame, désinforme à Moroni. Nous allons nous occuper de ces opposants qui ne représentent pas la réalité des Comores ».
Deux camps opposés qui sont d’accord pour œuvrer dans un processus démocratique pour l’instant, mais qui pourrait dégénérer lors d’une simple marche pacifique à Mayotte. Les cartes sont entre les mains du président Sambi qui doit prouver avec la tenue de prochaines élections une bonne fois que ses opposants se refusent à lui accorder.
C’est en voulant rejoindre Mohéli depuis Moroni, que des policiers ont interdit à Saïd Larifou d’embarquer. Protestant contre l’illégalité de cette interdiction, il a été roué de coups. Les proches à la Réunion de l’avocat, attendent de ses nouvelles de santé.
« source :La lettre de Malango »