La Présidente du Conseil Général dans sa dernière « lettre confidentielle » d’avril annonce la couleur : « le conseil général n’ira pas au-delà des ressources financières dont il dispose ». Des ressources non extensibles et en augmentation constante depuis 5 ans.
Au total ce sont 826 millions d’euros consacrés aux dépenses à caractère social. Soit 70 % des dépenses totales de fonctionnement dans le budget du Conseil Général. Nassimah Dindar, la Présidente du Conseil Général, explique son action : « en tant que Présidente du Conseil Général depuis 5 ans, j’ai voulu mettre les plus démunis d’entre nous au cœur de nos politiques publiques quel que soit le domaine d’intervention ».
Et le Conseil Général annonce fièrement avoir même injecté plus de 103 millions d’euros dans l’économie locale, dans le logement, l’éducation ou encore le transport, « sans aucune contrepartie de l’Etat ».
Mais la crise financière et économique internationale traverse la Réunion. Les prévisions économiques sont incertaines car liées à la fin des grands chantiers structurants et à la mise en jachère des autres grands chantiers, La Présidente du Conseil Général lance donc un appel : « les différents acteurs économiques, publics ou privés, doivent donc se mobiliser en faveur d’un même objectif : soutenir l’activité économique pour préserver la croissance et la création d’emplois tout en renforçant la cohésion sociale ». Difficile.
Le dernier sondage Ipsos commandé par Antenne Réunion sur le moral des chefs d’entreprise montre que les patrons ont le moral en berne. 58 % d’entre eux estiment que le pire est à venir, et 61 % que leur chiffre d’affaires est en baisse. Difficile encore. 90 % des chefs d’entreprise ne comptent pas créer d’emploi avant juin et 13% pensent à la probabilité de se séparer de leurs collaborateurs avant cette date.
Dans une île frappée, selon l’Insee (chiffres décembre 2008), par un taux de chômage de 24,5 %, la Présidente du Conseil Général constate son échec : « j’ai multiplié les interventions auprès du gouvernement, pour l’alerter sur nos difficultés économiques et sociales grandissantes. Ce que je n’ai pas obtenu, la rue l’a presque obtenu aujourd’hui et a provoqué une réaction de l’Etat ».
Et c’est vrai que les élus du Conseil Général n’ont pas ménagé leurs efforts auprès du gouvernement depuis 2004 pour faire entendre les difficultés de la Réunion. Motion relative à la continuité territoriale dénonçant la faiblesse de l’aide accordée aux réunionnais, deux motions pour l’augmentation du pouvoir d’achat, ou encore motion contre la franchise médicale qui menace les plus démunis d’accès aux soins sociaux.
Le constat est amer dans la bouche de la Présidente : « depuis la décentralisation, le différentiel entre les dépenses consacrées par le Conseil Général et les recettes perçues de l’Etat n’a cessé de se creuser ». Une situation qui fragilise les finances de la collectivité départementale et qui fait dire à sa Présidente : « nous ne pouvons aller au-delà des ressources financières dont nous disposons, lesquelles ne sont pas extensibles à l’infini ».