Le Sénateur et Conseiller Régional de l’opposition Paul Vergès était l’invité de l’émission Face à L’Info, ce samedi 22 octobre. Le fondateur du PCR est revenu sur le déroulement des élections sénatoriales à La Réunion. Interrogé sur les tensions qui existeraient au sein de la Majorité du Département, Paul Vergès a déclaré que Nassimah Dindar "n’est plus celle qui rassemble tout le monde". Le Sénateur a également réaffirmé son soutien au candidat François Hollande pour les prochaines élections présidentielles.
Près de chez nous, à Mayotte, des milliers de personnes manifestent contre la vie chère. Les élus réunionnais apportent en majorité leur soutien à ce mouvement. En ce qui vous concerne, que faites vous personnellement concrètement pour les aider Mr Vergès ?
Paul Vergès : J’exprime sous différentes formes ma solidarité, et je vais m’adresser solennellement au Président de la République Française pour lui dire d’arrêter ce scandale et de donner satisfaction aux malheureux qui sont citoyens français. Il n’est pas possible que lors des événements en 2009, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane et à la Réunion, il y a eu un grand mouvement social. Vous avez eu des mesures immédiates du Gouvernement. Ce qu’on appelle ici la prime du Cospar, etc. Pourquoi le même traitement n’est-il pas accordé aux Mahorais ? Voilà la question que je pose.
Avez-vous le sentiment d’avoir contribué jusqu’ici au soutien du pouvoir d’achat des Réunionnais ?
Paul Vergès : J’ai apporté ma part. J’ai manifesté, j’ai soutenu une cause juste et je dois dire que ce qui peut être scandaleux c’est qu’on supprime la prime du Cospar le 31 décembre. Cela veut dire qu’on va officiellement proclamer une baisse des salaires à la Réunion.
A quoi ressembleront les prochaines années pour les Français ? Est ce que vous pensez vous aussi que notre pays sera confronté à la même crise que celle qui touche la Grèce ?
Paul Vergès : je pense que toutes les conditions sont en train d’être réunies pour montrer la vanité des tentatives du Gouvernement, notamment du Gouvernement français et du Gouvernement allemand, pour faire face à l’aggravation de la situation. Dans les jours qui viennent, s’il n’y a pas un accord au sein des instances de l’Union Européenne, on peut s’attendre au pire.
Parlons du Département. Selon vous, la majorité plurielle est-elle menacée aujourd’hui ? Y-a-t-il un risque d’implosion à quelques mois de l’élection présidentielle ?
Paul Vergès : je pense qu’il ne faut jamais dramatiser tout à la Réunion.
Alors comment expliquer le courrier incendiaire d’Elie Hoarau qui a été publié cette semaine, et qui menace de faire exploser la majorité du département si l’ex-attaché parlementaire de Jean-Paul Virapoullé est recruté ?
Paul Vergès : je pense que ce n’est pas l’aspect principal de la situation. Ce courrier demande un dialogue. Il dit "ne nous mettez pas devant le fait accompli. Continuons à nous concerter". Ce n’est pas une menace.
Nassimah Dindar affirme que son clan a passé un pacte avec l’Alliance mais pas avec le PCR. Y a t-il une difference selon vous entre l’Alliance et le PCR au Département ?
Paul Vergès : je pense qu’il faut voir la vérité telle qu’elle est. Quand Madame Dindar a été élue Présidente, c’est connu de tout le monde, elle était au-dessus d’une coalition de trois groupes. Désormais, elle n’est plus celle qui rassemble tout le monde. Elle est la dirigeante d’un parti organisé, qui est un parti dit de la Droite Sociale. C’est évident qu’à partir de là, il faut trouver les mots et une forme de concertation plutôt que nous mettre devant le fait accompli. On peut être au Centre tout en étant à Droite. Ce sont des acrobaties de géométrie politique.
On peut s’attendre à une forte compétition dans chaque circonscription de la Réunion lors des élections législatives ? Serez-vous candidat ?
Paul Vergès : Qu’il y ait une forte contestation, c’est tout à fait normal, c’est le jeu démocratique. Que moi, j’y participe... je suis déjà Sénateur. C’est vrai que j’interromps mes mandats régulièrement. je ne peux pas répondre à cette question, ni par oui, ni par non.
Avez-vous tiré des leçons des dernières sénatoriales ? Lesquelles ?
Paul Vergès : Absolument, oui. Le corps électoral comporte des conseillers municipaux, des délégués des conseils municipaux, du Conseil Général et les parlementaires. Quand vous avez très peu de votes nuls, un transfert des voix, cela veut dire que c’est peut-être un problème politique. C’est sûrement un problème de politique politicienne et sûrement un problème de corruption.
Vos accusations sont graves.
Paul Vergès : elles ne sont pas graves. Elles sont objectives et elles sont traditionnelles depuis cinquante ans de vie politique à la Réunion. La corruption est au centre de la vie politique réunionnaise. Elle touche un certain nombre de personnes.
Ce n’était pas présomptieux de votre part de penser que vous alliez avoir deux postes de sénateur ?
Paul Vergès : j’avais entendu des discussions sur la possibilité de maintenir une femme au Sénat. C’était un objectif essentiel. j’ai participé à des réunions de conseils municipaux où j’ai eu des assurances de beaucoup de gens. Je remercie tous ceux qui ont voté pour nous.
C’est un échec personnel ?
Paul Vergès : les échecs ne sont jamais personnels.
Avez-vous le sentiment que des élus du PCR ont envoyé un message pour vous dire qu’ils n’étaient pas totalement d’accord avec la présence d’un centriste sur votre liste ?
Paul Vergès : si c’est ce message qui est la traduction de la vérité, je me félicite qu’il y ait un différend là-dessus. Moi je suis pour le rassemblement du maximum de forces politiques à la Réunion.
A l’annonce des résultats, vous avez annoncé votre démission, puis vous vous êtes rétracté. Que ferez-vous de vos engagements ?
Paul Vergès : C’est une chose simple. Vous savez très bien, je le répète encore une fois et tout le monde le sait, ce sont des messages de nos amis à Paris qui m’ont demandé, même si je maintiens cette décision, de la retarder car il y avait l’élection et l’allocution du doyen que j’étais et l’élection du président de la Haute Chambre. Je me suis rendu à ces arguments et je pense que je n’ai pas eu tort.
Dans combien de temps allez-vous démissionner ?
Paul Vergès : cela dépendra des engagements qui ont été pris par nos amis à Paris et la rapidité de leur mise à exécution.
Ce revirement n’est-il pas indélicat pour Gélita Hoarau ?
Paul Vergès : Pas du tout. Gélita Hoarau a été sénatrice à la suite de ma démission au mandat précédent. Nous n’avons aujourd’hui qu’une réédition de la même chose. J’espère que je démissionnerai dans un délai qui sera plus court que lors du mandat précédent.
En posture inconfortable après les sénatoriales, François Hollande vous adresse un courrier et vous invite dans la campagne des primaires. Finalement, cette lettre ne tombait-elle pas à pic pour vous ?
Paul Vergès : je pense que le candidat Hollande tout d’abord, et Martine Aubry ensuite, en s’adressant à moi personnellement, et me demandant de voir mon parti pour participer à ces primaires, m’ont fait un honneur auquel j’ai répondu par ma prise de décision. Je pense que c’est flatteur pour mon organisation.
Pour qui allez-vous voter aux prochaines présidentielles ?
Paul Vergès : je pense que pour l’instant, les seuls candidats déclarés sont François Hollande et Madame Le Pen .... J’ai vu tous les partis de l’opposition. Ils sont pour l’essentiel d’accord avec nous. J’ai énormément de sympathie pour Jean-Luc Mélenchon. Et au deuxième tour, il n’y a aucun problème, ce sera François Hollande. L’élection présidentielle concerne tous les territoires de la France. J’essaierai de faire en sorte que la Réunion soit l’objet d’engagements précis des candidats. C’est ce qui déterminera ma décision.
La Sr21 a eu des problèmes de gestion qui figurent dans le rapport de la Chambre Régionale des Comptes. C’est embarassant pour vous quand on sait qu’il s’agit d’un Satellite de la Région très coûteux, sous votre mandature ?
Paul Vergès : C’est une appréciation de la Chambre régionale des Comptes. Il y a eu des réponses des personnes responsables. J’attends la suite avec beaucoup de sérénité.
Entre 2002 et 2008, “Non-respect des principes fondamentaux de la commande publique”, “absence de procédures d’achat”, “frais injustifiés”, “manque de transparence” dans le recrutement. Toutes ces critiques sont-elles infondées ? Votre fils Pierre Vergès est irreprochable ?
Paul Vergès : Toutes ces critiques ont reçu des réponses précises, qui vont être l’objet de discussions.
Pour conclure, Nicolas Sarkozy est devenu papa pour la 4ème fois. Un bébé à l’Elysée, c’est un événement anecdotique ou historique ?
Paul Vergès : je pense que le mot historique est très fort parce tout couple qui a des enfants considère que l’événement est historique. Il n’y a pas de changement si c’est l’enfant d’un Président ou d’un simple citoyen. C’est un événement heureux.