La Présidente du Conseil Général était l’invitée de l’émission politique d’Antenne Réunion ce samedi 5 novembre. Sur le plateau de Face à L’Info, celle qui assure la présidence du Service Départemental d’Incendie et de Secours a fait le point sur la situation des pompiers à la Réunion et sur les dysfonctionnements qui paralysent le travail de ces personnels. Nassimah Dindar s’est également exprimé sur les tensions qui existeraient à l’heure actuelle au sein de sa majorité. Sur ce point, la Présidente du Département estime qu’il n’y a aucune mésentente et dit assumer entièrement ses choix politiques, y compris le fait d’avoir signé la Charte des valeurs de la Gauche lors des primaires socialistes.
Près de 3000 hectares ont été détruits par l’incendie dans les Hauts de l’Ouest. Vous affirmez depuis quelques jours seulement que le Dash aurait du arriver plus tôt. Est-ce une réaction tardive, comme la venue du Dash à la Réunion ?
Nassimah Dindar : L’année dernière, nous avons connu les incendies qui ont coûté à la forêt réunionnaises. Grands Incendies, grands totems puisqu’on a dit que le Dash était venu apporter l’eau nécessaire à l’extinction du feu. Cette année, "big" incendie. Evidemment, le Dash était attendu par l’ensemble des Réunionnais et par nous-mêmes.
Pourquoi avoir tardé pour vous positionner ?
Nassimah Dindar : La loi nous dit que l’opérationnel doit dépendre des services de l’Etat et du Directeur qui est nommé par le Ministre de l’Intérieur. Quand on est présidente du SDIS, il faut toujours se garder de parler au nom de l’opérationnel.
Vous estimez que le Colonel du SDIS, le Colonel Vandebeulque a bien géré l’incendie ?
Nassimah Dindar : Ils ont fait, je crois, avec les moyens dont ils disposaient, au moment où ils pouvaient en disposer. Je crois qu’on n’a pas à se dire si on est content ou pas content. Il faut surtout essayer de faire en sorte que le feu soit éteint, que les pompiers qui sont harassés, qui ont apporté leur contribution, que ce soit les pompiers locaux ou nationaux, il faut qu’ils aient les moyens nécessaires.
On avait déjà dit "Plus jamais ça" l’année dernière.
Nassimah Dindar : Justement, l’année dernière nous avions dit et je crois qu’il était prévalu qu’on devait avoir, à défaut d’un Dash, un transport aérien qui puisse au niveau bombardier d’eau apporter. L’année dernière, il avait déjà été question que la COI puisse se doter d’un équipement. Mais en un an, on n’a pas beaucoup avancé.
Cela fait un an que cette question se pose, depuis le premier incendie du Maïdo en 2010.Vous l’avez dit, vous n’avez toujours aucune réponse à donner à la population ?
Nassimah Dindar : La loi nous dit bien : "Occupez-vous du financier et de l’administratif et laissez aux services de l’Etat, le soin de faire l’opérationnalité. Je veux en rester là.
Etes vous pour le maintien à la tête du SDIS du Colonel Vandebeulque ?
Nassimah Dindar : Le Colonel Vandebeulque a été nommé par le Ministre de l’Intérieur. Nous avons beaucoup changé de colonel et je veux vraiment le dire à la population réunionnaise. Depuis que je suis là, j’ai vu passer trois colonels, nous en avons recruté cinq. Est-ce que ça change quelque chose ? Souvent, il faut voir des têtes tomber pour donner des responsables. Nous disons : "De quoi avons-nous besoin pour demain, pour qu’on puisse avoir les réponses appropriées si un autre incendie est déclenché, ce qu’on ne souhaite pas évidemment. Il faut un bombardier d’eau, oui, sur la zone Océan Indien, et très rapidement. Il faut des camions feux de forêt parce qu’il manque aussi du matériel.
Un nombre de camions insuffisants (il en faudrait le double), un codis qui n’est toujours pas informatisé, ce qui ralentit le délai d’intervention, des problèmes d’habillement, des casernes délabrées. vous dénoncez une mauvaise gouvernance au sein du SDIS. Que faites-vous pour arranger la situation ?
Nassimah Dindar : Il y a aujourd’hui et depuis de nombreuses années des problèmes de gestion administrative et il y a aujourd’hui des réponses appropriées qui sont apportées. Lesquelles ? Il faut un vrai Directeur financier du SDIS et non pas un pompier qui assume ce rôle, même s’il est colonel ou major. Il faut un vrai Directeur des ressources humaines. Nous avons convenu avec le Préfet depuis deux mois, une organisation partagée. Nous allons la mettre en place, même s’il y a des remous ici et là.
Cela fait maintenant 8 ans que vous dirigez le Département et donc le SDIS. Cette décision tombe donc huit ans après ?
Nassimah Dindar : Non, cette décision est tombée depuis trois mois déjà. Il y a eu des grèves multiples concernant les gouvernances qui ne sont pas acceptées par les uns ou par les autres. Toujours cette difficulté de tous les SDIS de France et de Navarre : la double gouvernance entre un Conseil Général qui paye et l’Etat qui doit faire fonctionner l’opérationnalité.
Autre dossier brûlant : la société publique locale baptisée Avenir Réunion qui a été soumise au vote en assemblée plénière cette semaine. La SPL devra gérer la construction des casernes. La cellule infrastructure du SDIS n’est-elle pas compétente pour le faire ?
Nassimah Dindar : La preuve c’est que les 90 millions qui ont été votés par le Conseil Général ont beaucoup de mal à être utilisés et que les casernes ne sortent pas, alors qu’il y a déjà des terrains disponibles. La cellule infrastructure n’est pas assez opérationnelle. C’est vrai, c’est un constat. Les pompiers vous le diront. Je crois qu’aujourd’hui, il y a la volonté de faire avancer au niveau de la SPL, pas seulement la construction des casernes mais aussi les 1000 dossiers de réhabilitation sur le logement des gens qui sont en attente au Conseil Général.
La SPL ne concernera que quatre communes. Ce sont les seules communes à avoir besoin de logements ?
Nassimah Dindar : Non toutes les communes peuvent prétendre à entrer dans la SPL. Il fallait faire vite. Le mandat d’un président est court. Les communes qui disposaient déjà du terrain, on les as mises d’abord dans la SPL. Mais la SPL est ouverte à toutes les communes de l’île.
L’opposition a regretté de ne pas être allée au bout des débats. Mais il y a également des membres de la majorité qui souhaitaient s’exprimer, notamment Pierre Vergès.
Nassimah Dindar : Je suis Présidente du Conseil Général, je partage la même majorité avec Pierre Vergès qui est le quatrième vice-président. Je ne partage pas forcément le même tempérament que Pierre Vergès. Il est le seul membre de L’Alliance à quitter la salle avec l’opposition.
Lors du vote, certains socialistes se sont abstenus. Pierre Vergès a refusé de prendre part au vote. Sur son blog, il affirme qu’il demandait du temps pour éclaircir un dossier qu’il dit "mal ficelé". Il parle d’une "drôle de gouvernance partagée".
Nassimah Dindar : Je crois qu’aujourd’hui, nous avons trois groupes qui gèrent une majorité de projets et d’actions. Nous respectons cette majorité qui tiendra jusqu’en 2014 en toute loyauté.
Quelles sont vos relations avec le PCR aujourd’hui ?
Nassimah Dindar : Nous avons de bonnes relations, de bonnes gouvernances. Il n’y a aucun problème par rapport à ces groupes.
Pourtant, dans l’émission Face à L’Info, il y a quelques jours, Paul Vergès affirmait que vous étiez davantage la Présidente d’un parti de Droite, la Droite Sociale, que celle d’une coalition de trois groupes.
Nassimah Dindar : Cela veut dire qu’il y a quelques incompréhensions. Personnellement, je suis allée voir Paul Vergès il y a quelques jours ? Je suis la plus jeune. Quand il a des incompréhensions, je crois qu’il y a toujours des explications à apporter et un dialogue franc à avoir.
Au cabinet du Département, vous avez recruté Fabrice Payet alors que vous aviez déjà à vos côtés Catherine Payet, Directrice de cabinet et proche du PCR. Il y a également cette lettre de Elie hoarau qui menaçait de faire exploser la majorité plurielle si vous recrutiez un ancien collaborateur de Jean-Paul Virapoullé … ce ne sont pas les signes d’un malaise selon vous ?
Nassimah Dindar : Je vous dis que lorsqu’il y a des compréhensions mutuelles, il faut savoir les lever. En tant que présidente du Conseil Général, j’assure une certaine police, et j’ai une idée du rôle que je dois avoir. J’essaie d’assumer ce poste en toute responsabilité et je ne pense pas qu’il y ait une remis en question.
Vous avez signé une charte de Gauche qui précise : "Je me reconnais dans les valeurs de la Gauche et de la République". Il y a quelques mois, vous avez également participé à l’Université du Modem à La Rochelle. Avez-vous prix votre carte ?
Nassimah Dindar : J’ai travaillé sur la fédération des Centres à la Réunion. Cette fédération comprendra, la Droite Sociale, Entente Réunion, le Modem.
Vous signez une charte de Gauche, vous participez à l’université du Modem sans prendre votre carte, et vous vous revendiquez de la Droite, la Droite Sociale c’est le nom de votre parti. Etes-vous une femme de conviction ?
Nassimah Dindar : Non seulement, je suis une femme de conviction mais je mets en place et en valeur mes convictions. Et ne faites pas dire à la Présidente du Conseil Général qu’elle a pris une carte de Gauche. les valeurs signées sont des valeurs de progrès social et je n’ai pas peur de dire que je me reconnais dans ces valeurs de progrès social qui sont des valeurs humanistes. Les valeurs humanistes qui sont portées par un parti et se retrouvent dans des partis de Droite et dans des partis centristes ne sont pas des valeurs qui vont à l’encontre de la pleine citoyenneté. C’est un exercice de démocratie extraordinaire que de faire des primaires. Je n’ai pas peur de mes convictions ni des actes que je fais.
Serez vous candidate aux législatives dans la première circonscription ?
Nassimah Dindar : Pour le moment, je ne suis pas dans la course des mandats, comme je ne suis pas dans la course de la tête des partis. je suis une femme de conviction et je suis une femme loyale. Je respecte avec loyauté le pacte que j’ai signé sur une gouvernance partagée au Conseil Général, avec un groupe PS et le groupe de L’Alliance, avec le groupe des Modérés. Je respecte les convictions que j’ai sur un projet de développement pour la Réunion.
Les présidentielles, c’est dans 6 mois. Vous allez voter pour ou contre le candidat Nicolas Sarkozy ?
Nassimah Dindar : On attend surtout d’avoir les programmes de tous les candidats.
Aurez-vous une pensée pour les ex-salariés de l’Arast qui vont passer un nouveau Noël sans indemnités ? Le Département a pourtant été condamné à verser les indemnités.
Nassimah Dindar : Pensez-vous que parmi tous ceux qui vont passer Noël à la Réunion, il y en a qui ne connaissent pas des situations plus précaires que ceux qui ont fait l’actualité pendant toute cette année ?
Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans la vidéo jointe.