Ce dimanche Sabrina Supervièle accueillait le Président du Nouveau Centre 974, à l’occasion du dernier rendez-vous de Face à L’info, pour l’année 2010. Sur le plateau d’Antenne Réunion, Stéphane Fouassin a abordé tour à tour la question de l’adoption des budgets des deux collectivités et la préparation des prochaines élections cantonales. Le conseiller général a également livré son regard sur les positions prises par Nassimah Dindar ces derniers jours et donner sa définition du centre. Stéphane Fouassin s’est enfin attardé sur la problématique du développement de Salazie, une ville qu’il administre depuis douze ans maintenant et pour laquelle il dit avoir "un grand projet".
Au lendemain du vote à la région, la majorité du Conseil général a adopté à son tour un budget dit de rigueur, mais volontaire. Il a été adopté rapidement, après une heure de débats seulement. Des débats qui se sont déroulés dans le calme. Stéphane Fouassin, vous êtes conseiller général. Le budget 2011 du département a été adopté en un temps record. On ne peut pas dire finalement que vous avez fait preuve d’une opposition féroce dans l’hémicycle cette semaine...
Stéphane Fouassin : Nous nous sommes au moins occupés à dire les points qui étaient vraiment délicats dans ce budget. Beaucoup de place au social mais peu de place accordée au développement économique, à l’emploi et aux entreprises. C’est surtout ce que fait l’Etat qui a été mis en avant dans ce budget, c’est-à-dire la transformation du RMI en RSA et surtout le maintien du nombre de contrats aidés que nous avons voté dans ce budget. Très peu d’innovation, c’est un peu dommage et cela ne correspond pas à l’attente qu’ont les Réunionnais concernant un budget du Conseil Général qui est un budget tourné vers les préoccupations des Réunionnais.
La majorité fait de l’emploi une priorité collective. L’opposition aussi. Vous avez voté une motion qui va en ce sens ?
Stéphane Fouassin : Oui, je pense que c’est important. Nous sommes actuellement dans une situation très difficile à la Réunion. L’économie est en crise. Nous avons des entreprises qui ferment leurs portes chaque jour, avec un nombre impressionnant de chômeurs qui augmente. Ces motions étaient importantes à passer. Sur ce point, il y a eu une union totale de la majorité et de l’opposition dans ces motions.
Nassimah Dindar présente ce budget comme un budget de "combat social". Et vous ?
Stéphane Fouassin : Le problème c’est qu’il y a eu un budget de délitement social l’an dernier avec l’Arast. Il était tout à fait normal que ce soit un budget de "combat social" cette année. Nous allons voir maintenant ce que l’année 2011 va nous réserver. En 2010, nous étions restés sur les licenciements de l’Arast. Plus de 1000 personnes se sont retrouvées au chômage à cause du fonctionnement du Conseil Général et de la non-intervention des élus dans le cadre de ce fonctionnement. C’est vrai que passer du délitement à l’action sociale, c’est peut-être une bonne chose mais on verra tout cela en 2011.
Un an après, ces salariés attendent toujours une réponse. Quelle(s) solution(s) êtes-vous en mesure de leur apporter ?
Stéphane Fouassin : Les solutions sont des solutions auxquelles il fallait réfléchir au préalable, avant de licencier et de fermer l’Arast. Il y avait des possibilités, des solutions. Elles n’ont pas été choisies et c’est un choix politique pur et simple qui engage la responsabilité de l’actuelle majorité du Conseil Général. Actuellement, ce que l’on peut faire c’est peut-être au sein du GIP, leur proposer un reclassement professionnel et les remettre dans des fonctions qui étaient les leurs précédemment, dans d’autres structures.
En janvier prochain, le RSA sera versé. Ce dispositif a-t-il du plomb dans l’aile selon vous ?
Stéphane Fouassin : Le RSA ? Non, je pense que c’est un excellent dispositif. Il faut le laisser se mettre en action. Il sera en action dès le 1er janvier 2011. Laissons le fonctionner et voyons les difficultés. La seule difficulté que nous avons nous en tant qu’élus sur ce dossier, c’est la multitude des interventions et le RMIste va être un peu perdu. Il devra tantôt s’adresser à l’ADI, puis à l’ANPE, une autre fois au Conseil Général, donc c’est un peu compliqué. En fonction du type de RSA qui existe, ce sera un peu compliqué. A mon avis passer du RMI au RSA c’est une excellente chose mais il y a complication au niveau des différents intervenants.
Que pensez-vous de cette étude financière mise en avant par Jean Jacques Vlody et qui montre que près de 10 millions d’euros manqueront à l’appel dès 2011 pour la 1ère application du RSA, puis 30 à 40 millions d’euros d’ici 2013 ?
Stéphane Fouassin : C’est toujours la problématique de l’Etat qui met en place des actions et qui derrière ne met pas la pérennité des financements. Il en a toujours été ainsi, que ce soit ce gouvernement ou les précédents. Même à l’époque des gouvernements de Gauche, je m’en souviens encore, on mettait en place des choses et après forcément il fallait trouver des solutions. C’est le rôle des élus.
Donc l’Etat finalement ne tient pas ses engagements financiers dans le cadre du transfert de compétences aux collectivités ?
Stéphane Fouassin : C’est aux élus de se battre pour essayer d’avoir ces financements, au maximum. Là, c’est faire preuve de faiblesse que de toujours dire que c’est la faute du gouvernement.
Les cantonales, c’est au mois de mars. Pour beaucoup, l’élection est jouée, la majorité restera de gauche au département. Qu’en pensez-vous ?
Stéphane Fouassin : C’est une élection un peu particulière, puisque c’est une élection d’hommes et de femmes qui se présentent devant les électeurs avec des idées, des projets. Ce n’est pas une question de clivage politique droite/gauche. C’est vraiment une question d’hommes. Qui sera capable de défendre au mieux le canton qu’il souhaite prendre et veut aménager ? Je pense que c’est surtout un problème de sensibilité des habitants vis-à-vis d’un candidat. Vous savez que lors de ces cantonales, pour la première fois, nous aurons tous obligatoirement des suppléants.
Vous avez eu l’occasion de travailler avec Nassimah Dindar quand la majorité était encore de droite. Comment expliquer qu’elle puisse appeler à voter socio communiste aujourd’hui ?
Stéphane Fouassin : C’est un changement. Quand on est attaché à un poste plutôt qu’à des idées politiques, on se retrouve dans la situation dans laquelle elle est aujourd’hui.
Elle est encore de droite selon vous ?
Stéphane Fouassin : Absolument pas. Je pense qu’aujourd’hui elle fait véritablement partie du paysage de gauche.
La droite locale est très divisée. Les grandes figures politiques ne s’entendent plus vraiment. Comment envisager un scrutin sereinement dans de telles conditions ?
Stéphane Fouassin : Je pense que nous sommes dans une société de consommation. Nous consommons les politiques de la même manière que nous consommons le reste dans notre société. Les élus sont inter-changeables. Les anciens sont peut-être responsables de cette situation. Les Réunionnais ont envie de changer. Je le comprends parfaitement. Mon tour viendra peut-être aussi un jour. Faut savoir aussi passer la main. Je pense que les anciens ont payé un lourd tribut récemment aux régionales.
Le parti UMP est divisé, le centre aussi. Vous êtes du nouveau centre, proche de l’UMP et de l’autre côté, il y a des personnalités politiques comme Thierry Robert et Michel Lagourgue proches de François Bayrou qui s’affichent du côté de l’Alliance. Alors finalement, c’est quoi le centre ?
Stéphane Fouassin : Le centre, à l’époque, c’était l’UDF : c’est le nouveau-centre, le centre d’aujourd’hui. Le centre a toujours été une force de propositions.
Y-a-t-il plusieurs centres ?
Stéphane Fouassin : Actuellement oui, on peut dire qu’il y a plusieurs centres. L’intérêt c’est d’essayer de fédérer, re-fédérer ce centre. Nous travaillons tous à une fédération du centre pour que tout le monde se mette d’accord sur les idées centristes. Ces idées sont les mêmes. On les défend. Il y a peut-être des tendances qui sont plus de gauche et d’autres de droite. Mais le centre réunit tout le monde autour des idées humanistes. C’est l’homme au centre de la cité.
Autrement dit, vous pensez vous mettre d’accord avec des personnes comme Thierry Robert ou encore Michel Lagourgue dans la perspective des présidentielles de 2012 ?
Stéphane Fouassin : Nous verrons en fonction du paysage qui va se présenter. Nous n’avons pas encore les candidatures des prochaines présidentielles. Mais si le centre doit se mettre d’accord, nous ferons en sorte de nous mettre d’accord, si nous avons un candidat unique.
Alors justement lequel de ces candidats serait selon vous le meilleur ? Hervé Morin, Jean-Louis Borloo, François Bayrou ?
Stéphane Fouassin : Laissons la fédération se mettre en place, il faut voir ce qui se passera dans les prochains mois. Je ne peux pas aujourd’hui dire qu’un candidat est plus important ou plus fort que l’autre. Laissons-les discuter. Je pense qu’ils sont en pleine phase de négociations. Cela va être difficile, tendu. Va-t-on réussir ? Je ne sais pas encore. Si un candidat sort du lot, nous le choisiront.
Que vous inspire Mgr Aubry, cet homme d’église ?
Stéphane Fouassin : La sagesse. Lorsque cet homme prend la parole, il la prend avec beaucoup d’efficacité et surtout il touche le coeur des Réunionnais.
Selon vous Noël est-elle avant tout une fête religieuse ?
Stéphane Fouassin : Je pense que c’est la fête de tout le monde. Noël est devenu la fête de tous. Du coup, c’est peut-être la fête de toutes les religions ici, à la Réunion qui porte bien son nom.
On change de thème et on aborde la question des éboulis sur la route de Salazie. Quelle(s) solution(s) peut-on envisager à l’avenir pour cette route ?
Stéphane Fouassin : Les solutions sont des solutions au fil du temps car il faudra un temps énorme pour sécuriser cette route et nous ne pourrons pas la sécuriser à 100% de toute façon, quelque soient les moyens employés. Il y aura toujours des risques à cet endroit de Salazie, et sur la route de Cilaos. Je pense qu’il faut qu’on sache vivre avec les risques de nos communes, les risques sur notre territoire. Nous avons un risque volcanique, un risque d’éboulis, des risques cycloniques, des risques de houle. Nous devons avoir conscience de ces risques et tendre vers une sécurité à 100%.
Ce n’est pas un frein au développement du cirque ?
Stéphane Fouassin : Non, ce n’est pas parce que nous avons une seule route que nous ne pouvons pas nous développer. Cilaos l’a montré. Prochainement un hôtel 4 étoiles verra le jour, donc nous sommes en véritable développement économique, développement de la municipalité. Une crèche va être inauguré très prochainement. Nous sommes en train d’en faire les peintures. Nous sommes en plein développement et nous devons poursuivre cette phase accompagnés bien sûr par le Conseil Général et la Région dans leurs compétences.
Cela fait 12 ans que vous êtes maire. Etes vous fier de votre bilan ?
Stéphane Fouassin : C’est un bilan que je trouve très positif. Il a fallu remonter 40 millions de déficit de l’époque. En 1998, c’était un trou béant dans les finances de la commune que nous avons remonté. Il a fallu quasiment cinq ans pour accomplir cela, un demi-mandat pour redresser la commune. Maintenant, nous sommes dans une phase de construction avec un projets de piscine municipale, de maison de retraite, une crèche qui verra bientôt le jour et cet hôtel 4 étoiles. On commence tout doucement à investir alors que les autres communes ont déjà pris de l’avance. J’ai eu une réunion avec les agriculteurs. Nous avons récemment travaillé avec le Conseil Général pour essayer de trouver une solution au problème d’eau que nous avons sur notre territoire.
A ce sujet, nous avons parlé cette semaine des problèmes d’eau que rencontrent les habitants de Salazie. Une situation paradoxale dans un cirque très arrosé ?
Stéphane Fouassin : En 1991, le basculement des eaux a été décidé. Mon opposant politique de l’époque c’était Hilaire Maillot qui l’est toujours d’ailleurs. C’est lui qui a mal su négocier au départ les contraintes que nous subissons aujourd’hui du basculement des eaux. Je me suis battu pendant la construction des prises d’eau. Actuellement, l’eau n’est pas encore basculée. Nous n’avons pas dit notre dernier mot à Salazie. Donc aujourd’hui, l’eau n’étant pas encore basculée, nous avons obtenu un certains nombre de compensations qui ne sont pas des compensations totales. 12 millions de m2 d’eau ont basculé de Salazie vers l’Ouest, alors que nous n’avons pas nous-mêmes suffisamment d’eau pour nos agriculteurs.
Donc la bataille continue et si j’étais ce jeudi à la Chambre d’agriculture avec les agriculteurs c’est justement pour poursuivre cette bataille. Nous avons fait des travaux énormes sur les réseaux d’eau depuis 1998. Et c’est le fait d’avoir été dans la majorité du Conseil Général qui nous a permis d’avoir des financements. 6 millions d’euros d’investissement depuis 1998 sur le réseau d’eau de Salazie. C’est vous dire la vétusté des infrastructures. Maintenant, nous commençons le combat en cas de basculement des eaux puisque l’inauguration doit se faire avant le mois de mars à la Rivière des Pluies. Nous serons présents.
A quoi doit-on s’attendre à l’avenir ?
Stéphane Fouassin : Nous ne sommes pas contre le basculement des eaux d’Est en Ouest, au contraire, nous sommes pour que les agriculteurs de la Réunion puissent avoir de l’eau. Mais il faut que chez nous aussi nous soyons servis en bonne et due forme et que le Conseil Général mette les moyens pour poursuivre les investissements qui ont été faits. Depuis la nouvelle majorité, la majorité socialo-communiste, nous sommes en panne. Nous n’avons pas signé ces fameux avenants n°4 et n°5 que nous aimerions bien signer. Nous nous sommes arrêtés à l’avenant n°3 qui s’est achevé en décembre. Donc, nous demandons maintenant de continuer les investissements qui ont déjà commencé.
Vous serez avec Jean-Jacques Grondin et Hilaire Maillot candidat aux cantonales. Quelles sont vos chances de l’emporter ?
Stéphane Fouassin : Une élection n’est jamais comme une autre. Je présenterai un bilan et un projet. Mes adversaires ont peu de bilans à présenter. Ils connaissent les critiques que j’émets envers eux. L’un a fait un trou, l’autre est complètement inexistant sur la commune, en dehors des périodes politiques. Donc eux aussi auront à montrer ce qu’ils ont fait durant ces douze années car nous les avons peu vu et entendu. Moi j’ai quelque chose à présenter, un bilan et j’ai surtout un grand projet pour Salazie.
Retrouvez dans la vidéo jointe l’intégralité de cet entretien, et notamment les questions décalées. Cette émission était la dernière pour l’année 2010. Toute l’équipe de Face à L’info vous souhaite de bonnes fêtes et vous donne rendez vous en janvier 2011 pour l’actualité sur un autre ton.