Cyrille Hamilcaro était l’invité de l’émission Face à L’info ce samedi 24 septembre. L’ancien Maire de Saint-Louis et conseiller général de l’opposition a évoqué ses démêlées avec la Justice et la trêve annoncée entre lui et son ennemi de toujours Claude Hoarau, deux sujets brûlants qui ont dominé l’actualité politique de ces derniers jours. Cyrille Hamilcaro s’est également étendu sur ses ambitions pour le futur, et réaffirmé sa volonté de conquérir la mairie de Saint-Louis en 2014. Un projet que l’élu associe aux prochaines élections législatives auxquelles il entend bien participer.
Vous faites l’objet de cinq affaires judiciaires. Quatre d’entre elles ont été jugées. Vous risquez plusieurs années de privation civique. Un jugement sera d’ailleurs rendu la semaine prochaine. Dans quel état d’esprit vous trouvez vous ?
Cyrille Hamilcaro : Je vais très bien. J’attends jeudi prochain. J’irai au tribunal tranquillement. Les procédures sont ce qu’elles sont. J’attends sereinement.
Si vous êtes condamné, le jugement pourrait-il signer à moyen terme la fin de votre carrière politique ?
Cyrille Hamilcaro : Disons qu’aujourd’hui, toute privation de nos droits civiques peut rendre difficile la carrière d’un homme politique. Mais nous devons véritablement nous pencher sur les raisons qui peuvent amener à une privation de droits civiques. Les choses ont l’air simple mais en réalité elles sont beaucoup plus compliquées, notamment en ce qui concerne la compréhension du public.
Entre l’appel et le pourvoi en cassation, vous pourriez ne pas être inquiété pendant près de deux ans. Vous comptez vous presenter aux prochaines élections législatives ?
Cyrille Hamilcaro : Oui je vais me présenter aux législatives. Je vais voir avec mes amis ce que nous pouvons faire dans les jours et les semaines qui viennent. C’est sûr que depuis quelques temps, j’ai pris un peu de recul. Il faut être capable "d’ingurgiter" ce qui se passe, de le supporter. Mais je suis assez fort pour le faire. Il faut donc pouvoir prendre un peu de recul pour voir ce qu’on fera après.
Et ce, même si une peine de justice vous empêchait de finir votre mandat ?
Cyrille Hamilcaro : Je crois qu’à chaque jour suffit sa peine. En athlétisme, on franchit une haie avant l’autre. En politique, je pense qu’on doit faire pareil. Aujourd’hui est mieux qu’hier et demain sera forcément meilleur qu’aujourd’hui.
Vous vous présenterez avec quelle investiture ?
Cyrille Hamilcaro : Je pense que je serai le candidat de la Droite et du Centre. Maintenant, il ne faut pas oublier que les investitures sont importantes mais qu’elles ne sont pas la condition sinéquanone pour gagner une élection.
En avez-vous discuté avec Didier Robert ?
Cyrille Hamilcaro : J’en ai discuté avec beaucoup de personnes, qui comptent dans la circonscription et à La Réunion. Je pense que Didier Robert est l’une des personnes qui comptent à La Réunion.
En échange, vous soutenez la liste de Michel Fontaine pour les prochaines sénatoriales ?
Cyrille Hamilcaro : Il n’y a pas d’échange particulier mais une certaine loyauté, une union de la Droite et du Centre. Cette loyauté amène ceux qui sont de Droite et du Centre à soutenir cette liste.
L’UMP semble aujourd’hui divisé autour de votre cas. Si vous n’avez pas l’investiture et le soutien de ce parti, vous considérerez qu’il y a divorce ?
Cyrille Hamilcaro : Non, pas particulièrement mais je considérerai qu’il y a manquement à la parole donné.
Aujourd’hui, on parle d’un pacte de non-agression avec votre principal rivale sur la commune de Saint-Louis, à savoir Claude Hoarau. Confirmez-vous ce pacte de non-agression ?
Cyrille Hamilcaro : Il n’y en a pas. Il y a je pense une prise de conscience tant au sein de la population que parmi les élus, de la nécessité de faire évoluer la mentalité politique. C’est vrai que nous sommes des passionnés à Saint-Louis. Nous allons le rester. Et c’est pour cela que nous sommes passionnants.
On nous met d’ailleurs à la une des journaux pour les faire vendre. Cela signifie bien que nous sommes de bons produits d’appel et quand on parle de nous ça fait vendre. Au-delà de la passion, nous pouvons aussi être raisonnables et faire en sorte qu’à Saint-Louis, les choses se passent au mieux. Je pense que se combattre n’équivaut pas forcément à se faire la guerre.
Au travers de cette démarche, quel objectif poursuivez-vous ?
Cyrille Hamilcaro : Récupérer la mairie de Saint-Louis en 2014, c’est quand même l’objectif premier. Notre but, c’est que la Droite et le Centre prennent les commandes de la Mairie de Saint-Louis en 2014 ou peut-être avant. Nous voulons avoir une commune dans un état intéressant, avec un climat politique et social plus apaisé et qui permettra un véritable développement de notre commune.
Alors, comment envisagez-vous les prochaines années pour clôturer la mandature de Claude Hoarau ?
Ah, ça c’est son problème, ce n’est pas le mien. Je pense que c’est à lui de gérer son affaire. Moi je ne suis pas là pour l’aider, ni pour lui donner des idées. Nous allons faire part de nos idées lorsque nous serons en mesure de les appliquer. Je pense qu’il (Claude Hoarau) est mal barré en terme de gestion de la commune. Il reste encore 13 millions d’euros de déficit.
La gestion du personnel n’est pas encore bonne et la commune de Saint-Louis ne se développe pas. Il doit gérer sa situation et moi la mienne. Je pense que les militants, les électeurs de Saint-Louis attendent une alternance prochainement.
Claude Hoarau est lui aussi empêtré dans des affaires judiciaires. Cela ne fait pas beaucoup pour la seule commune de Saint-Louis ?
Cyrille Hamilcaro : Il faudra poser cette question à ceux et celles qui à un moment ont voulu mettre Saint-Louis dans une lumière désagréable. Parfois, on parle de nous de façon négative. Je crois que c’est un dur moment à passer pour les Saint-Louisiens et les élus de l’opposition. Mais après la pluie, le beau temps comme on dit.
Avez-vous le sentiment que Claude Hoarau peut poser problème même au sein de son parti et que vous-même vous posez problème à vos "amis" de la Droite ?
Cyrille Hamilcaro : Chacun gère ses problèmes. Les problèmes que j’ai aujourd’hui sont d’ordre judiciaire. Je les règlerai au fil du temps. Je pense que ça prend du temps mais j’ai la patience et la force de caractère pour le faire. Si Claude Hoarau a des problèmes, je ne sais pas, c’est à lui de les gérer. Moi j’en avis chez moi ; je n’en ai plus.
En tant que centriste, que pensez-vous de toutes ces listes qui revendiquent une composante centriste. Nassimah Dindar se rapproche du Modem aujourd’hui. Cela vous étonne-t-il ? Pour vous, c’est plutôt une manoeuvre politicienne ou un vrai coup de coeur ?
Cyrille Hamilcaro : Des amis qui se rassemblent et qui disent "Regardez, nous faisons l’union", moi ça ne m’emballe pas plus que ça. Des gens qui se disent, "Voilà ce que nous voulons pour La Réunion, au-delà des petits rassemblements de circonstance". j’aimerais qu’on parle des piliers de l’économie réunionnaise. Que fait-on de cette économie ? Des 100 000 chômeurs ? Non pas en leur donnant une petite activité comme ça pour les occuper mais en essayant de créer de l’activité.
Quels sont les piliers économiques ? Est-ce la pêche ? La mer ? L’industrie lourde ? Il faudra qu’on aborde ce thème un jour. Je suis désolé de voir qu’aujourd’hui toute la politique tourne autour des petites alliances personnelles au lieu de parler projets et du développement économique.
La liste de Michel Fontaine sera opposée entre autres à la liste de Jean-Paul Virapoullé. Pour vous, c’est un dissident ?
Cyrille Hamilcaro : Moi, je ne dirai pas de mal de Jean-Paul Virapoullé. Il a choisi d’être candidat. Je pense que c’est son choix. Nous nous avons choisi de faire l’union de la Droite et du Centre autour de Michel Fontaine. C’est pour nous une question de respect,d e parole donnée, de loyauté. Jean-Paul Virapoullé veut être candidat. S’il est élu tant mieux pour lui. Il est concurrent, c’est sûr. Il est de Droite, donc c’est un concurrent. A partir de là, nous devons le traiter en tant que tel. Mais nous ne sommes pas là non plus pour lui tomber dessus.
Etes-vous pour ou contre sa suspension de l’UMP ?
Cyrille Hamilcaro : Ce n’est pas mon problème. Je ne suis pas à l’UMP mais au Nouveau Centre. Je pense que c’est à lui que je dois poser cette question. Je n’ai pas d’avis.
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