Paul Vergès, leader du Parti Communiste Réunionnais, déclare qu’il ne "regrette" pas d’avoir voté pour François Hollande à l’élection présidentielle même s’il attend que le gouvernement prenne des mesures immédiates pour faire face à la crise.
- Selon vous est-ce que Thierry Robert est en train de révolutionner la façon de faire de la politique ?
Je me tiendrai à un fait, c’est l’agression et la violence utilisées contre des journalistes pour leur interdire de faire leur mission. Je pense que c’est inadmissible. Il n’y a aucune explication, il n’y a aucune excuse à cela, c’est très clair.
Ceci dit, ça fait perdre de vue que l’occasion qui était donné de soulever le problème du chômage à La Réunion, des emplois aidés, des fonctionnements des mairies...La diversion qui a eu lieu écarte l’examen de ces problèmes.
- Les emplois, la crise, le logement...Vous en avez longuement parlé, vous en attendiez mieux du gouvernement Hollande et pourtant vous aviez appelé à voter pour lui. Est-ce que vous regrettez ?
Je ne regrette absolument pas d’avoir voté pour lui. Maintenant, il est élu et c’est à lui de prendre ses engagements. Je ne sous estime pas la gravité extrême de la situation découlant de la crise. Après les 4 ans de crise internationale que nous venons de connaître, nous allons connaître des années et des années d’aggravation de la crise.
Il faut que le gouvernement réponde à ces engagements pris vis à vis de nous : faire face à l’urgence, à l’immédiat par des mesures qui seront comprises de tout le monde mais surtout de se dire qu’on ne peut plus continuer comme depuis 65 ans. A La Réunion, il y a trop d’inégalités, il y a trop de misère. Il faut faire une autre politique. Je reprends le mot d’ordre du président de la République : "le changement c’est maintenant", c’est pas demain.
- Est-ce que vous avez l’impression que les Réunionnais vous suivent aujourd’hui quand on voit les revers électoraux que le PCR a essuyés ?
La crise aujourd’hui crée une confusion considérable à La Réunion. Nous sommes dans l’inquiétude générale et chaque groupe essaie de se défendre lui-même. Il faut que les Réunionnais s’unissent et c’est l’objectif de notre partie.
- Est-ce que vous avez l’impression d’avoir commis des erreurs de stratégie, notamment envers Huguette Bello ?
Je pense que tout le monde fait des erreurs. Ce qui est impardonnable, c’est l’erreur irréparable. Je ne ramènerai pas la situation globale de La Réunion au problème d’une personne. Cette personne est en désaccord avec nous, on en prend acte. C’est son droit, elle était en droit d’être dans le parti, elle est en droit d’en sortir. C’est pas plus tragique que ça.
- La vie chère, les carburants, est-ce que vous trouvez que des solutions ont été apportées ?
Il y a des efforts du gouvernement que je dois saluer mais c’est dans le cadre d’une politique menée depuis 65 ans. C’est cette politique qu’il faut changer. Pourquoi on reconnaît que le coût de la vie justifie 53% de plus dans les revenus de certains et on refuse à l’autre moitié de la population les mêmes avantages ? C’est ça qui est à la base des inégalités.
Retrouvez dans la vidéo jointe l’intégralité de l’interview de Paul Vergès, sénateur de La Réunion.