A la tête de l’IRT (Ile de la Réunion Tourisme) depuis près d’un an, Jacqueline Farreyrol dresse un bilan qui se veut positif. Après avoir succédé à Didier Robert il y a près de six mois en tant que député, elle présente également les actions mises en place au niveau national et ses ambitions pour la Réunion.
Jacqueline Farreyrol, vous avez plusieurs casquettes dont celle de présidente de l’IRT et députée de la Réunion mais vous restez médiatiquement assez discrète, est-ce parce que vous n’en avez pas le temps ?
Jacqueline Farreyrol : C’est exactement cela. Ma réponse : c’est que je n’ai plus beaucoup de temps. Je suis présidente de l’IRT, député de la Réunion, je reste artiste et j’ai également mon mandat à la mairie du Tampon. C’est sûr que j’ai une année très chargée.
Retour maintenant sur le fait de la semaine : Laurent Wauquiez crée la polémique en ce qui concerne la remise en question du RSA. Qu’en pensez-vous ?
Jacqueline Farreyrol : Autant j’ai de l’admiration pour Monsieur François Mitterrand qui avait mis en place des aides pour les plus démunis (RMI), autant je suis heureuse aujourd’hui que par respect pour ces personnes, on leur propose en contrepartie quelques heures de travail. C’est aussi les respecter et les remettre dans l’énergie du travail.
L’actualité de l’IRT a été marquée cette semaine par la publication des derniers chiffres du tourisme. En 2010, 420 000 touristes sont venus à la Réunion contre 422 000 pour l’année précédente. Sans parler d’échec, êtes-vous déçue ?
Jacqueline Farreyrol : Je ne suis pas déçue du tout dans la mesure où le chiffre est à peu près le même. Ce qui a changé, c’est l’augmentation des touristes d’agrément, ceux qui viennent pour découvrir la Réunion, donc ils génèrent beaucoup plus de dépenses en faveur de l’économie que les touristes affinitaires qui viennent voir leur famille. Donc ce bilan est complètement positif pour nous.
La région a doublé le budget de l’IRT au mois de décembre, il est passé à hauteur de 13 millions d’euros. Est-ce que cela a suffi ?
Jacqueline Farreyrol : Il a été proposé à l’IRT six millions supplémentaires qui n’ont pas encore été versés. C’est une somme globale qui nous permet de faire des actions particulières dans la mesure où l’année 2011 a été déclarée comme étant l’année de l’Outre-mer. Cela nous permet de faire des manifestations plus grandioses et plus nombreuses et il ne faut pas croire que cette somme de la Région a été versée à l’IRT : elle est versée en partie au moment où l’on organise ces manifestations et puis le solde à la fin de la manifestation.
La fréquentation hôtelière augmente mais reste inégale selon les régions, pouvez-vous rétablir ce déséquilibre ?
Jacqueline Farreyrol : A l’Ouest, il y a déjà beaucoup d’hôtels et ils ont été pleins en 2010. Les touristes d’agrément profitent de ces structures (...). A terme, je crains même qu’avec la promotion que nous faisons sur la Réunion et la zone Océan Indien, il n’y ait plus assez de chambres pour accueillir nos touristes. Nous sommes vraiment en pleine progression.
En juillet, il est impossible de trouver un billet d’avion à moins de 1 400 euros : c’est un frein au développement touristique de l’île. Quelles solutions pensez-vous apporter à cette problématique ?
Jacqueline Farreyrol : C’est un problème aujourd’hui qui n’a pas de solution mais ce ne sera pas le cas demain. Je m’y accroche au niveau de l’Assemblée nationale. C’est une volonté politique qui permettra de faire baisser le prix des billets d’avions.
J’ai déjà pris des rendez-vous avec le ministère de l’Intérieur et des Transports. Nous avons vraiment pris de très bons contacts pour essayer de trouver des solutions à ce problème. C’est une volonté politique. Soit les compagnies aériennes mises en concurrence acceptent de baisser leur prix, soit on va compter sur l’A 380 dont on parle beaucoup en ce moment et qui pourrait permettre de baisser les prix des billets d’avion. Mais ce ne sera pas facile mais on va se mettre autour de la table car il faut absolument qu’on trouve une solution avant la fin du mois de juin 2012. J’y crois car les contacts que j’ai pris sont très positifs et si on fait tous preuve de bonne volonté, cela peut trouver une solution. Je crois que les compagnies aériennes auront une écoute positive à nos besoins.
Cela fait bientôt un an que la Réunion est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO : c’est une belle publicité mais pour l’heure on constate peu de retombées, pouvait-on en attendre davantage ?
Jacqueline Farreyrol : L’idée fait son chemin et nous verrons de plus en plus de touristes venir pour cela mais pas uniquement. Nous sommes en train de prouver que notre île est une île d’activités physiques intenses. Nous travaillons également sur le projet des Iles Vanille avec Maurice, puis avec Madagascar et Mayotte.
Vous êtes également députée mais pour rappel vous n’avez pas été élue, mais nommée par décret du Premier ministre. En tant que suppléante de Didier Robert, vous poursuivez sa mission. On vous sent un peu moins à l’aise dans cette fonction, est-ce le cas ?
Jacqueline Farreyrol :Non, je ne suis pas moins à l’aise mais je n’ai peut être pas assez communiqué sur les actions que j’ai entrepris. J’en profite pour rappeler la signature de Roselyne Bachelot en ce qui concerne la création d’un EPAD (établissement public d’aménagement et de développement) au Tampon. Une dizaine de chambres seront construites dès l’année prochaine. Nous sommes également en négociations pour obtenir des visas plus facilement. Il y a également de bons espoirs pour que cela aboutisse. Nous travaillons également sur le photovoltaïque et j’en passe !
Vous avec la confiance de Didier Robert mais a-t-il toujours la votre après l’échec de la droite aux élections cantonales ?
Jacqueline Farreyrol : Et pourquoi ne l’aurait-il pas ? Les élections sont des élections et cela n’enlève pas la confiance que je place en Didier Robert. C’est un homme que je suis depuis le début et je crois fortement en lui pour l’avenir de la Réunion. Un échec, ce n’est pas fin de tout. Je compte beaucoup sur lui et l’ensemble de son équipe pour relever le défi.