A quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste (PS) et maire de Saint Denis - Gilbert Annette - détaille les grands défis à relever pour la Réunion. Quant aux propositions de François Hollande pour l’Outre mer, Gilbert Annette explique que ce programme est adapté aux besoins des Ultramarins. Il souhaite pareillement que le prix des billets d’avion soient plafonnés.
Avant d’évoquer le programme de François Hollande pour l’Outre-mer, votre réaction suite à cette vidéo qui fait le buzz sur internet. Cette vidéo remonte date de 2009 et Jean-Luc Mélenchon accuse François Hollande d’avoir triché lors d’un Congrès socialiste en 1997. Cela vous étonne ou cela vous déçoit ?
Gilbert Annette : Je pense que dans la vie interne du Parti Socialiste, il y a des votes et souvent des contestations donc on peut toujours trouver les mêmes reproches faits à Jean-Luc Mélenchon ou à Ségolène Royal, cela n’a pas d’importance.
Jean-Luc Mélenchon parle pourtant d’un arrangement, qu’en pensez-vous ?
Gilbert Annette : Pourquoi pas. Je ne dis pas que le Parti Socialiste est parfait mais je crois que dans l’organisation interne, c’est sans doute le parti le plus démocratique. Dans les autres grands partis, les responsables sont nommés alors qu’au parti socialistes, ils sont élus par la base.
Donc la triche est possible ?
Gilbert Annette : Partout et elle existe un peu, tout dépend de l’importance de la triche. Mais vous savez bien que dans la vie quotidienne, les tricheurs sont nombreux et que tout le monde a un peu triché une fois dans sa vie.
Justement : Jean-Luc Mélenchon affirme que François Hollande triche comme "un arracheur de dents".
Gilbert Annette : Oui, je sais que Jean-Luc Mélenchon a des belles formules, c’est un bon orateur. Il utilise ses formules : il a dit beaucoup de choses dans sa vie mais il a parfois dit une chose et son contraire. Il a dit aussi qu’il appellerait à voter François Hollande au second tour et pour moi, c’est l’essentiel.
Malgré de telles accusations, vous pensez que l’union de la gauche est possible ?
Gilbert Annette : Non, elle n’est pas possible, elle est scellée. Elle le sera, c’est la base même de l’engagement de Mélenchon.
Parlons à présent du programme du PS pour l’outre mer. On commence par cette proposition de plafonner le prix des billets d’avion. Est-ce réalisable juridiquement et économiquement ?
Gilbert Annette : Oui. Mais vous savez, la Loi est faite par les hommes et elle est faite pour solutionner les problèmes. Quand il y a des difficultés, il faut adapter la Loi. Je pense que François Hollande est conscient que la cherté des billets d’avion est un handicap pour la vie des Ultramarins et des Réunionnais en particulier.
Alors, comment peut-on faire ?
Gilbert Annette : Il prend des mesures, il subventionne, il compense... En tous les cas, nous savons que la compagnie nationale Air France, grâce à la Réunion, réalise des profits. Donc, il faudra diminuer les profits sur cette ligne et que la compagnie fasse des profits ailleurs.
Et pour Air Austral, par exemple ?
Gilbert Annette : Je pense que à partir du moment où le leader fixe le prix, les autres s’ajustent. Mais je pense qu’il y a un effort à faire et que la continuité territoriale est un thème majeur.
Et en cas de hausse du prix des carburants ?
Gilbert Annette : Non, nous ne pourrons pas faire autrement. Les Réunionnais ne vivent pas sur la lune, ils vivent sur la terre où il y a des enjeux. Quand les matières premières augmentent, forcément, cela se répercute sur les prix des marchandises.
Donc l’Etat s’engagera à compenser malgré cette hausse ou pas ?
Gilbert Annette : Oui d’une certaine façon puisque l’Etat doit réguler les prix. (...) L’Etat doit intervenir pour permettre aux Ultramarins et aux Réunionnais de se déplacer plus facilement, comme le fait par exemple l’Espagne avec les Canaries et l’Europe l’autorise. (...)
On est autorisés à réduire le coût des déplacements, c’est le principe de la continuité territoriale. Je rappelle qu’en Corse, l’Etat dépense 100 fois plus que pour la Réunion donc il faut que dans le cadre du budget, cette priorité soit prise en compte par l’Etat. C’est en partie, une des solutions aux problèmes de la Réunion.
Est-ce que c’est aussi simple légalement de faire baisser le prix des produits de consommation courante ?
Gilbert Annette : Cela dépend de la volonté politique. Nous avons une proposition : nous pensons que les 100 produits les plus consommés par les Réunionnais, les produits de première nécessité, pourraient être fixés au prix France pour avoir l’égalité du pouvoir d’achat des minima sociaux.
Et comment peut-on déterminer ces produits ?
Gilbert Annette : Il suffit de faire une enquête et d’aller étudier dans les foyers modestes, les produits qui sont les plus consommé et on trouvera facilement les 100 produits les plus consommés. (...) Il suffit de fixer ces articles indispensables à la vie, de première nécessité, au même prix qu’en métropole. Ensuite, pour les entreprises : il y aura un système de solidarité et ce que les entreprises perdront sur ces produits-là, ils les rattraperont sur les autres.
Concernant les carburants, est-ce que la proposition de François Hollande ne rejoint pas celle de Didier Robert qui veut créer une unité de stockage pour concurrencer la SRPP ?
Gilbert Annette : Non, elle rejoint tout ceux qui ont du bon sens à la Réunion et qui considèrent que le fait d’avoir un importateur exclusif qui a le monopole, c’est une source de profit, de marge. Il faut donc un autre importateur pour créer la base de la concurrence (...).
Que pensez-vous de la diminution de la partie de l’octroi mer reversée aux communes pour financer le prix des carburant ?
Gilbert Annette : Il faut bien comprendre que en baissant le budget des communes, on baisse les actions des communes. Ces dotations-là servaient à des actions : donner du travail, donner des subventions aux associations (...) et les communes vont devoir supprimer cela. Dans la phase de crise que nous connaissons, que la Région ait pensé à cela, soit. Mais il faut que la Région compense car les communes ont voté leur budget. Moi j’ai voté mon budget en décembre et il est engagé dont on ne peut pas le modifier en cours d’année. Donc il appartient à la Région - puisqu’elle enlève ces 23 millions d’euros - de retrouver dans son budget 23 millions pour compenser les communes. (...) Je crois que le choix de la Région est discutable car cela ne s’attaque pas au problème de fond.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans la vidéo ci-joint.