Invité sur le plateau de l’émission "Face à l’Info", Philippe Fabing dresse un état des lieux des forces en présence pour l’élection présidentielle et les législatives prévues en juin 2012. Responsable des études politiques Ipsos à la Réunion et consultant politique, cet expert revient sur les grands faits d’actualité qui ont marqué la semaine mais également sur les enjeux des élections à venir.
Cette semaine a été marquée par la visite assez mouvementée de Marine Le Pen - présidente du Front national - à la Réunion. Elle ne s’est pas rendue aux Antilles, son père n’a pas pu s’y poser en 2007 : est-ce qu’il fut comprendre que le discours du Front National a une plus grande résonance à la Réunion ?
Philippe Fabing : Non, probablement pas tant que cela. On le voit d’ailleurs dans l’historique électoral du FN à la Réunion : le FN reste en retrait de ce qu’il fait au niveau national. Les responsables du parti peuvent se poser à la Réunion, ce qui est plus difficile pour eux aux Antilles mais je pense que la différence s’arrête là.
Les candidats en métropole s’inquiètent d’une montée de l’extrême droite. Selon vous, quel score peut espérer le Front National à la Réunion ?
Philippe Fabing : Probablement meilleur qu’en 2007, comme cela va se passer probablement en France hexagonale mais je suis prêt à parier que ce sera sensiblement inférieur à ce que fera ce parti au niveau national.
Globalement au national dans les intentions de vote actuelles, le FN n’est pas en train d’exploser mais ce parti est en train de retrouver un niveau habituel pour cette formation qui avait fait un très mauvais score en 2007.
Nous sommes à moins de trois mois de l’élection présidentielle. A part l’UMP, est ce qu’on peut dire que toutes les bases sont posées ?
Philippe Fabing : Oui, sur le plan de l’offre comme on l’appelle dans le jargon. On sait qui va être candidats mais attention, il peut toujours se passer des choses. Il y a un an : qui aurait dit que Dominique Strauss Kahn ne ferait pas la course à la présidentielle, personne. Donc il peut toujours se passer des choses imprévues mais or évènement exceptionnel, on sait aujourd’hui qui sont les forces en présence.
Tout dépendra de la candidature de Marine Le Pen ou pas mais deux noms apparaissent favoris dans les sondages : François Hollande et Nicolas Sarkozy : l’un a-t-’il l’avantage parce qu’il s’est déclaré ?
Philippe Fabing : Aujourd’hui François Hollande bénéficie notamment de la faiblesse d’Europe écologie Les Verts. C’est à dire que son score au premier tour dans les intentions de vote est assez élevé parce que Eva Joly enregistre peu d’intentions de vote pour le moment. Donc le déport est favorable en général au PS, c’est ce qui fait que les intentions sont élevées pour François Hollande en ce moment.
En ce qui concerne Nicolas Sarkozy, il a du mal à faire bouger les lignes, il enregistre entre 20 à 22% d’intentions de vote. Au moment où il va se déclarer candidat, au moment où il va commencer à poser des éléments de programme sur la table - comme il commence à la faire ces derniers jours - , c’est un moment clé pour lui. C’est un des derniers moments où il va pouvoir faire bouger les lignes.
Est-ce que c’est important pour chacun des candidats de venir mener campagne à la Réunion ?
Philippe Fabing : C’est important pour l’ensemble des candidats de s’adresser à tous les électeurs. En cela, il n’y a pas de région plus important ou moins importante. Donc oui naturellement, il est important pour les candidats de s’adresse aux électeurs réunionnais et donc de leur rendre visite.
C’est vrai qu’il y a deux courses : la présidentielle dans moins de trois mois et puis il y a aussi les élections législatives prévues en juin. Est-ce qu’on peut dire que l’un va déterminer l’autre ?
Philippe Fabing : Oui, il y a toujours une influence du résultat à l’élection présidentielle sur les législatives lorsque les élections sont aussi proches. Mais pour les Réunionnais, pour la Réunion, ce sont deux élections qui ont une importance vraiment très exceptionnelles cette année parce que la Réunion est dans une situation de crise qu’elle n’avait pas connu depuis des années.
Il y a 7 à 8000 Réunionnais qui arrivent chaque année sur le marché du travail et qui ne trouvent plus de débouchées sur l’île pour le moment. C’est plus la peine de parler de mobilité parce que la France ne crée plus suffisamment d’emplois donc l’insertion en France sur le marché du travail est plus difficile que par le passé. Donc la question de la croissance et de la relance à la Réunion est au centre des enjeux.
Donc, les thèmes de campagne seront différents à la présidentielle et aux élections législatives ?
Philippe Fabing : Oui et puis surtout, on va élire des gens qui ont des rôles très différents. Les Réunionnais vont participer avec tous les Français au choix du Président de la République - c’est le capitaine du bateau - mais ensuite, les parlementaires qui vont être élus dans les sept circonscriptions vont devoir porter la voix de la Réunion à Paris. Et donc ce qui va être important, c’est de savoir ce que ces gens proposent, ce qu’ils veulent pour la Réunion. Il va falloir qu’on choisisse à la Réunion ces représentants, sept parlementaires, qui vont devoir aller dire à Paris, à l’Elysée la situation dans laquelle nous sommes et les mesures dont nous avons besoin.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans la vidéo ci-jointe ainsi que la lecture passionnante des enjeux qui vont se jouer lors des élections législatives à la Réunion, dans les sept circonscriptions car il y en aura bien sept au lieu de cinq. Découvrez les forces en puissance dans ces différentes circonscriptions.