Dans une note publiée en juin 2011, le Trésor américain accuse le gouvernement de la Haute Autorité de la Transition de favoriser le trafic de bois de rose à Madagascar. Une note rapportée par le journal Midi Madagasikara dans son édition de ce jour.
Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils sont profondément préoccupés par la destruction environnementale qui s’est accélérée depuis le coup d’Etat de 2009, notamment à travers le trafic illégal de bois précieux. « Des déforestations illégales menacent gravement non seulement la biodiversité malgache, mais semblent aussi constituer une source de revenus pour le régime de la Haute Autorité de Transition. Ce régime a laissé faire, et selon les informations reçues, a directement profité de l’exploitation de bois illégalement abattu et des espèces braconnées. Cela pose une grande menace à la biodiversité de Madagascar et prive le peuple malgache de son patrimoine naturel ».
Cette note est liée à l’annonce par la Banque Mondiale de son intention de soutenir financièrement des projets dans la reforestation et la préservation de la biodiversité à Madagascar. Par ailleurs, le Trésor américain lance qu’il s’abstiendra d’apporter son aide financière à ce projet d’investissement de la Banque Mondiale pour l’appui au « Programme environnement 3 » de Madagascar.
« Ce projet est conçu pour lutter contre le trafic de bois en utilisant l’approche communautaire, à travers les organisations de la société civile pour renforcer la surveillance environnementale. Cependant, en dépit des garanties intégrées dans la mise en œuvre du projet, les États-Unis sont préoccupés par le fait que ce projet pourrait fournir un soutien financier et moral au régime de la HAT et que les obstacles à son efficacité soient gigantesques, vu les précédents peu convaincants de la HAT dans la tenue de ses engagements. Dans l’état actuel des choses, un soutien financier pourrait être une occasion pour la HAT de clamer une reconnaissance internationale, et pourrait permettre aux dirigeants de fait de détourner des ressources vers d’autres priorités tout en continuant à profiter d’activités illicites. Par conséquent, les États-Unis sont obligés de s’abstenir concernant ce sujet », constate la note.
Le Trésor lance un appel à la Banque Mondiale : « Si le projet était approuvé, les États-Unis appellent la direction de la Banque Mondiale à suivre attentivement la situation sur le terrain et à informer le conseil d’administration de toute évolution. La Banque Mondiale doit suspendre rapidement le projet s’il découvre que le régime ne se conforme pas à ses engagements ».
Par ailleurs, le Trésor américain a fortement précisé que la participation de la Banque Mondiale dans ce secteur ne doit pas être interprétée comme une reconnaissance du régime HAT par les États-Unis, la Banque Mondiale, ou la communauté internationale. Elle ne devrait pas non plus être perçue comme impliquant un quelconque changement de statut pour ce gouvernement illégitime et inconstitutionnel.
Pour rappel : lors d’un déplacement à Brickaville, le président de la HAT Andry Rajoelina a annoncé que l’Etat va confisquer tous les stocks de bois de rose pour les vendre lui-même par la suite en vue de financer la construction d’infrastructures routières et sociales et à assurer l’approvisionnement de la population.