Le député maire du Tampon Didier Robert sera dans la manifestation le 5 mars prochain pour partager son point de vue sur la cherté de la vie à la Réunion. Dans une interview qu’il a accordé à linfo.re il enfonce le clou : "Les profits des entreprises ne sont pas un prétexte pour étrangler les consommateurs."
Pourquoi irez-vous à la manifestation du 5 mars prochain ?
Le 5 mars prochain, un certain nombre d’acteurs, de partenaires sociaux, de salariés, de responsables de petites et moyennes entreprises, d’étudiants, de professeurs, ont décidé d’engager une journée d’expression contre la vie chère, pour mieux sensibiliser le gouvernement et les pouvoirs publics de manière générale, ici et à Paris, sur les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Ils ont raison de le faire. Je serai le 5 mars dans la rue aux côtés des Réunionnais qui souffrent. Mon combat a toujours été de défendre les plus fragiles et les plus défavorisés parce que La Réunion ne peut aller de l’avant que si nous allons tous dans le même sens. Je suis inquiet de voir se renforcer une Réunion à deux vitesses. Il faut mieux répartir les richesses dans ce département. C’est de mon point de vue tout l’intérêt des Etats Généraux que nous propose le Président de la République : une mise à plat pour un projet économique et social réunionnais. Mais, je lance aussi un appel à la responsabilité de chacun. La journée du 5 mars doit être un moment d’expression de nos problèmes et non pas une révolution des barricades. Cette journée doit être surtout celle d’un point de départ pour les Etats Généraux de l’Outre-mer. Nous devons tous nous mettre au travail, autour de la table. Le Président de la République, le Premier Ministre qui nous réunit déjà ce jeudi pour la loi programme, l’ensemble du gouvernement, attendent de nous des propositions concrètes pour sortir La Réunion et les autres départements de l’impasse dans laquelle nous sommes. Nous avons collectivement le devoir de réussir ce rendez-vous.
Pourquoi mettre en avant la défense du pouvoir d’achat quand le patronat met en avant la défense de l’emploi d’abord ?
Tout simplement parce qu’il s’agit d’une attente forte de nos concitoyens et parce qu’il n’y a aucune contradiction à mener de front une politique de défense du pouvoir d’achat et de défense de l’emploi. Il s’agit au contraire de deux stratégies complémentaires. C’est d’ailleurs dans ce même cadre que la Haute Autorité de la concurrence doit rendre un rapport sous un délai de 3 mois. L’objectif est de mettre à plat les mécanismes de formation des prix et de pouvoir ensuite en tirer toutes les conséquences. Nous sommes ici, comme dans les autres DOM, trop souvent les victimes de situations de monopoles ou de quasi monopoles, sous la forme du maintien de systèmes de production et de distribution construits sur le modèle des économies de comptoir. Cela n’est plus acceptable car les mécanismes de formation des prix actuels font peser des menaces sur la cohésion sociale de nos îles avec pour conséquence des risques de troubles graves à l’ordre public, comme c’est le cas aujourd’hui en Guadeloupe. Dans le même temps, cette Haute Autorité sera également chargée de se pencher sur l’épineux dossier du prix des carburants dont le mécanisme de formation reste à ce jour totalement opaque et par conséquent incompris par nos concitoyens. Là encore, s’il faut aller jusqu’au blocage des prix, le gouvernement est prêt à le faire. Toujours afin de protéger le pouvoir d’achat, le forfait charge de l’allocation logement sera aligné sur celui de la métropole, ce qui représente une économie substantielle de 50 euros sur le coût du loyer. Cette mesure concerne 174 000 foyers.
Enfin, s’agissant toujours de la question du soutien au pouvoir d’achat, l’annonce d’une revalorisation de 20 % des aides à la restauration scolaire est aussi un geste fort puisque cette mesure entraînera une diminution significative des tarifs des repas pour les enfants scolarisés.Toutes ces mesures montrent bien qu’il y a une véritable prise en compte au plus haut sommet de l’Etat de la situation sociale outre-mer. On ne peut plus faire aujourd’hui l’économie d’un volet social fort parallèlement à l’examen de la LOEDOM.
Vous dites que la Réunion est victime de situations de monopoles. Qui avez-vous en ligne de mire ?
Les prix sont dans bien des cas beaucoup trop élevés, sans véritable justification sur le fond. Les profits des entreprises ne sont pas un prétexte pour étrangler les consommateurs. La vie est trop chère ici. La solution passe plus que jamais par une lutte acharnée contre tous les monopoles, dans les domaines de la grande distribution, des transports aériens, des carburants... D’ores et déjà, le Président de la République s’est engagé à exiger le blocage des prix sur 100 produits de première nécessité. L’objectif : les mêmes prix ici qu’en métropole. C’est une première étape et c’est très bien. Nous avons à proposer et à construire un nouveau modèle économique pour une meilleure répartition des richesses entre tous les Réunionnais et contre les abus d’un certain nombre d’entreprises qui gagnent beaucoup d’argent et qui pratiquent des prix qui nous étranglent.
Pensez vous que la Réunion se prépare à vivre des heures difficiles comme en Guadeloupe dans les prochains jours ?
Je ne le souhaite pas ! Depuis la fin de l’année 2008, la situation économique et sociale outre-mer est tout particulièrement tendue. A La Réunion bien sûr où cela s’est traduit par de nombreux mouvements de grève et des manifestations dans différents secteurs d’activité. Je pense notamment aux étudiants, aux lycéens, aux enseignants ou encore aux transporteurs à plusieurs reprises. En Guadeloupe et en Martinique, le mouvement de protestation dure depuis plusieurs semaines maintenant, un mouvement au cours duquel un homme a perdu la vie.