Cela fait 6 mois que vous avez été élu à la Région. Cette élection vous semble-t-elle loin ?
Didier Robert : L’élection ne me semble pas loin mais nous sommes surtout plus que jamais déterminés et sereins aussi, dans la manière dans laquelle nous travaillons avec toute notre équipe à la Région.
A l’occasion de cet anniversaire, nous allons évoquer ensemble les objectifs que vous vous étiez fixé pendant votre campagne. Nous reviendrons sur la question de la route du littoral dont la facture pourrait atteindre 2,2 milliards d’euros. Une somme colossale alors que les accords de Matignon n’ont pas encore été actés. Avant de détailler ce projet, une première réaction : comment qualifiez-vous le bilan de vos 6 mois à la pyramide inversée ?
Didier Rober : Nous sommes effectivement à six mois d’un travail qui a commencé depuis le mois de mars et je crois que, de manière toute à fait objective sur un certain nombre de dossiers, comme la continuité territoriale, le Plan Ordinateurs Portables (POP), nous avons beaucoup avancé. Et puis sur d’autres, nous sommes arrivés à un point étape au bout de six mois et il faudra tirer des conclusions fermes et définitives un peu plus tard.
Pourtant "Le Quotidien" a étudié votre feuille de route. Le journal n’a pas été tendre avec vous. Il vous dresse 80% feux rouges et oranges et 20% de feux verts seulement.
Didier Robert : C’est un angle sur lequel on peut aborder cette question. Mais encore une fois, je crois vraiment qu’au bout de six mois, rares sont les collectivités qui peuvent se dire qu’elles ont autant avancer. Avec un vrai changement dans le rythme de travail et un vrai changement dans la manière d’aborder les questions politiques et celles liées à l’intérêt général. Je prends un exemple : celui de la route du littoral, c’est un dossier éminemment complexe dont beaucoup nous parlent depuis plus de 20 ans. Nous sommes aujourd’hui dans l’action, nous sommes en passe de finaliser les Accords de Matignon pour pouvoir obtenir le cadre financier. Ce qui est important encore une fois, c’est de bien mesurer aujourd’hui l’importance de ces nouveaux Accords de Matignon : la route du Littoral est intégrée de plein champs mais j’ai voulu aussi que la dimension liée aux transports en commun en site propre soit évoquée. C’est une nouveauté. Et troisième élément, c’est la première fois aussi que la question liée aux aéroports - à la fois celui de Roland Garros comme celui de Pierrefonds - sera évoquée dans la cadre de ces Accords de Matignon.
C’est un dossier qui a été revu de fond en comble. Et rien qu’à titre exemple sur la Route du Littoral, l’ancien projet prévoyait un péage donc les Réunionnais auraient été obligés de payer deux fois, au moment de l’investissement mais aussi tout au long de l’utilisation. La volonté ferme et définitive qui est la mienne, c’est de faire en sorte que cette Route du Littoral soit gratuite. Il y a eu un certain nombre d’aménagements dans le cadre des Accords de Matignon et la question fondamentale aujourd’hui n’est pas celle de savoir à quelle date - car c’est éminent - mais la question fondamentale, c’est de savoir ce qui est intégré, et définir un cadre financier de plus de 2 milliards d’euros qui servent les grands chantiers et l’intérêt la Réunion.
Avec la route du Littoral, vous n’avez pas peur de grèver le budget des générations futures ?
Didier Robert : Nous avons souhaité travailler en toute transparente et présenter aux Réunionnais différentes possibilités. Lorsque vous évoquez une enveloppe à plus de 2 milliards d’euros concernant la Route du Littoral, cela ne correspond absolument pas au choix qui sera fait en définitive. Le choix qui sera fait tiendra compte d’un équilibre entre les contraintes budgétaires - 1,6 milliard d’euros - tout en répondant rapidement aux attentes des Réunionnais. L’objectif fixé est de démarrer les travaux en 2013.
Donc vous maintenez au monde du BTP que le calendrier sera bien respecté ?
Didier Robert : Tout est mis en oeuvre aujourd’hui avec l’Etat et les partenaires économiques pour que nous puissions tenir ce calendrier. Il est important que ces travaux puissent démarrer parce que cela fait très longtemps qu’on nous fait des promesses. Je veux passer des promesses à l’action.
Concernant le projet Trans Eco Express, ce projet sera finalement moins ambitieux que prévu : pas de couloirs réservés et pas d’accord particulier pour financer l’achat des 800 bus manquants ?
Didier Robert : Pourquoi dites-vous que ce projet est minoré aujourd’hui ? Pas du tout. Là aussi, je crois qu’il faut tordre le cou aux absences de vérité sur ce dossier. La réalité, c’est que aujourd’hui : l’état des lieux de la situation des transports en commun à la Réunion n’est pas bon. (...) Le transport en commun aujourd’hui n’est pas fiable et sécurisé. L’objectif fixé, c’est un maillage de l’ensemble du territoire avec un transport en commun en site propre et des voies réservées partout où cela est possible. J’ai aussi voulu réservé deux voies supplémentaires sur la route du Littoral réservées aux transports en commun (...).
Sur le dossier des niches fiscales, l’Outre-mer reste attractif selon la ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard. Qu’en pensez vous ?
Didier Robert : Je pense qu’il n’était pas utile que l’Outre mer soit à nouveau frappé dans le cadre de ce dispositif. Je comprends les problématiques au niveau national et puis les contraintes budgétaires nationales européennes par rapport aux objectifs du Gouvernement mais je crois que l’Outre mer aurait dû être épargnée dans ce cas.
Je me suis fixé encore un certain nombre de semaines de travail pendant les débats parlementaires pour faire valoir deux idées. La première, c’est celle de sanctuariser le logement social car je ne veux pas qu’on touche au logement social à la Réunion, il faut que nous puissions répondre aux attentes des Réunionnais et continuer à avancer. Le deuxième champs d’activités que je souhaite préserver est celui qui concerne le secteur des productions : notamment le tourisme, les TICS, les filières agro-alimentaires. Voilà le sens des amendements que je serais à déposer sur le bureau de l’Assemblée Nationale pour faire valoir le fait qu’il faut trouver le juste équilibre avec la dynamique économique que nous voulons insuffler à la Région Réunion avec l’Etat et en même temps, la nécessité de répondre à la préoccupation de beaucoup de Réunionnais, notamment en ce qui concerne le logement social.
Des secteurs porteurs comme le photovoltaïque ont été fortement impactés par le coup de rabot. Certains craignent la disparition de la filière, qu’en pensez-vous ?
Didier Robert : En ce qui concerne le photovoltaïque, je crois qu’il y avait malheureusement une nécessité de réajustement. L’idée que nous avançons aujourd’hui, c’est de travailler en concertation avec les professionnels et là aussi, je serai porteur d’un amendement pour pouvoir rectifier le projet et non pas aller vers une suppression comme c’est le cas aujourd’hui.
Vos opposants vous reprochent d’avoir créé un précédent dans le domaine de la continuité territoriale. Ce n’est pas à l’Etat de le financer ?
Didier Robert : On peut toujours se battre pour savoir qui doit faire, qui doit être responsable... Je constate tout simplement qu’il y a un vrai besoin, une vraie attente de la part des Réunionnais. Ce n’est pas normal que des Réunionnais n’aient jamais pris l’avion pour se rendre en métropole (...). En tant que responsable politique, je me sens l’obligation d’engager une première démarche, c’est ce que nous faisons : nous allons atteindre l’objectif de 40 000 billets d’avions à moins de 500 euros pour les Réunionnais . A l’heure où je vous parle, il y a plus de 25 000 dossiers qui sont instruits et 6000 ont été validés. Je prends mes responsabilités aujourd’hui pour aller dans le sens de la demande légitime des Réunionnais.
Toujours dans le domaine de la fiscalité, êtes-vous pour la suppression de l’ISF (Impôt sur la Fortune) et du bouclier fiscal comme le demandent de nombreux députés de la majorité ?
Didier Robert : Je crois que c’est une mesure qui irait effectivement dans le bon sens compte tenu du contexte économique en France.
Questions décalées
Vous êtes jeune, comment garder le contact avec le terrain et les pieds sur terre quand on accède à telles responsabilités ?
Didier Robert : C’est de continuer à être sur le terrain comme je l’ai fait mercredi dernier avec des amis de la Plaine des Cafres.
Etes vous ambitieux ?
Didier Robert : Je crois que c’est légitime d’avoir de l’ambition mais une ambition que j’essaye de mettre au service de l’intérêt général et au service de la Réunion.
Quel est le mandat par excellence que vous souhaitez occuper ?
Didier Robert : Je crois qu’aujourd’hui être président de Région en cette période difficile avec des enjeux déterminants et une équipe sur laquelle je peux m’appuyer (...), c’est un moment précieux, que je veux partager avec le plus grand nombre de Réunionnais possible.
Avez vous encore le temps de jouer au tennis ?
Didier Robert : J’essaye encore de consacrer une heure ou deux par semaines au tennis.
Et de jouer au piano ?
Didier Robert : De moins en moins, malheureusement.