Membre du Nouveau Centre, le conseiller général de l’opposition Cyrille Hamilcaro a été réélu au Palais de la Source face à son adversaire de toujours, Claude Hoarau. L’ancien maire de Saint Louis s’apprête pourtant à affronter une série de procès. Cyrille Hamilcaro a accepté de se livrer tout en dressant la liste de ses ambitions.
En premier lieu, retour sur “le fait de la semaine” avec la mort d’Oussama Ben Laden. Est-ce que vous faites partie de ceux qui considèrent que c’est une très bonne nouvelle ou des sceptiques qui pensent que cela ne va pas changer grand chose ?
Cyrille Hamilcaro : Je me dis "enfin" puisque depuis le 11 septembre 2001 et bien avant avec l’assassinat du commandant Massoud, Oussama Ben Laden était recherché et c’est normal qu’il ait été retrouvé. Je crois que c’est bien qu’il ne soit plus vivant, cela déchaînera moins de passion.
Cela ne vous choque pas de voir qu’on se réjouit, qu’on fête la mort d’un homme, le pire soit-il ?
Cyrille Hamilcaro : C’est difficile de se réjouir de la mort d’un homme. Cependant on peut comprendre aussi qu’on soit content qu’un cycle de la terreur soit enrayé. e comprends le contentement d’un certain nombre de personnes mais je ne participe pas à ces réjouissances qui constituent à dire que le calme absolu va revenir sur Terre suite à la mort d’un seul homme.
En ce qui concerne votre actualité : elle va être très judiciaire dans les prochaines semaines et les prochains mois. Vous venez de fêter votre réélection au conseil général mais en même temps, vous vous préparez à affronter une série de procès.
Dans ce qu’on appelé l’affaire Surgine Fontaine : pour une affaire de détournements de fonds liés à la location d’un terrain communal, et, on l’a appris il y a quelques jours pour harcèlement moral à l’encontre de l’ancien directeur du SDIS. Cela fait beaucoup pour un seul homme, est-ce que vous vivez cette situation sereinement ou difficilement ?
Cyrille Hamilcaro : Je l’ai vécu difficilement. Mais aujourd’hui, je crois que je suis en mesure de dire que je suis assez serein : non pas dans ce qui va se passer mais en ce qui concerne la connaissance des dossiers dans lesquels on m’a impliqué.
Je crois qu’il y a un moment pour tout. Il y a eu le moment pour le silence car j’ai préféré garder le silence pendant quatre ans et maintenant, c’est le moment du procès. Je vais pouvoir démontrer qu’un certain nombre de faits qui m’ont été reprochés ont été extraordinairement grossis.
Vous estimez que dans toutes ces affaires vous n’avez rien à vous reprocher ?
Cyrille Hamilcaro : Je ne dis pas cela. Je dis simplement que s’il y a eu des erreurs qui ont été faites à un certain moment, je ne pense pas que cela méritait tout l’opprobe et toutes les choses qui ont été dites.
A l’heure actuelle, est-ce que vous vous dites aujourd’hui que dans l’exercice de vos fonctions - en tant que maire et élu du conseil général -, vous avez manqué de discernement ? Et notamment que vous n’avez pas suffisamment séparé vie publique et vie privée ?
Cyrille Hamilcaro : Ce n’est pas du tout le cas. Je crois que là, c’est l’amalgame qu’on a essayé de faire à ce sujet (...) en parlant d’un jeune élu impliqué dans une affaire où il y a l’argent, le sexe et la politique... On a grossi considérablement l’affaire et cela se dégonflera. C’est déjà dégonflé.
Et pour le reste, je crois que j’ai montré que dans les affaires publiques je suis assez - voir même trop - rigoureux. Ce qui m’a peut-être manqué, c’est que j’ai pris parfois à la légère quelques actes administratifs...
Avez-vous l’impression de le payer cher aujourd’hui : en terme de réputation, d’honneur, dans votre vie privé ?
Cyrille Hamilcaro : On a porté atteinte à mon intégrité, à mon honneur et bien sûr à ma vie privée. Je crois que j’ai assez payé mais cela, c’est ma position personnelle. Peut-être que certains voudront en rajouter mais personnellement, je crois que toutes ces affaires, toutes ces allégations (...) ont été très dures à vivre. Mais je les ai vécu et une fois encore, "tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort".
François Bayrou arrive aujourd’hui à la Réunion, allez-vous le rencontrer ? Il quelques années pourtant, c’est vous qui alliez l’accueillir à l’aéroport. Qu’est-ce qui a changé ?
Cyrille Hamilcaro : Non car il ne m’a pas sollicité. Il semble qu’il m’ait oublié. (...)Je n’ai pas partagé sa position lors des élections présidentielles en 2007 car il ne savait pas. Pour ma part, j’ai pris une décision très claire en appelant à voter pour Nicolas Sarkozy au second tour. Au premier tour, j’ai bien voté pour François Bayrou mais aujourd’hui, je crois qu’il oublie un certain nombre de choses.
Pour l’élection présidentielle de 2012, la multiplication des candidatures à droite et au centre risque de provoquer la perte de Nicolas Sarkozy et l’accession de Marine Le Pen au second tour. Ce n’est pas grave selon vous ? N’est-ce pas un risque dont il faut tenir compte ?
Cyrille Hamilcaro : Je ne pense pas que ce soit la multiplication des candidatures qui fasse que Marine Le Pen puisse accéder au second tour de l’élection présidentielle. (...) Il y aura autant de candidats à gauche.
Le Front national (FN) n’a jamais percé à la Réunion mais pensez-vous qu’il faut se méfier, que cela pourrait arriver ?
Cyrille Hamilcaro : Je pense que 2012 risque de nous réserver des surprises en matière de voix pour le Front National, à la Réunion.
Qu’est-ce qui vous fait penser ça ?
Cyrille Hamilcaro : Les gens. Les gens parlent et certains disent qu’il vaut mieux Marine Le Pen que quelqu’un d’autre car les autres, ils n’y croient plus. Et ce n’est pas bon comme raisonnement, je ne le cautionne pas mais malheureusement, c’est ce que disent certaines personnes.
A la Réunion, pensez qu’il y a un problème de représentation des cafres dans la vie publique et dans la vie politique notamment ?
Cyrille Hamilcaro : Je pense que cela est dû à la compétence des uns et des autres. C’est à nous de prendre notre place. (...)Si on veut une place, on doit la prendre. Je suis contre la discrimination positive. Chacun doit parvenir à ses fins par le mérite en faisant en sorte que le système ne bloque pas les choses.
Un mot sur Claude Hoarau, votre éternel rival à Saint Louis. Entre vous deux, on a l’impression qu’il y a presque de la haine. Qu’en pensez-vous ?
Cyrille Hamilcaro : Non, il n’y a pas de haine. Simplement, je ne peux pas concevoir - et je pense que c’est pareil pour lui -, que deux personnes se combattent et fassent ensuite les intéressants en étant "copains". Avec Claude Hoarau, nous ne sommes pas copains. Nous ne sommes pas proches politiquement. Nous n’avons ni les mêmes valeurs, ni les mêmes convictions donc nous n’avons pas à nous taper sur l’épaule.
On apprend que la commune de Saint Louis est candidate pour accueillir la nouvelle prison dans le Sud. Etes-vous pour ou contre ce projet ?
Cyrille Hamilcaro : Je suis totalement contre. Je l’ai dit, je l’ai écrit à la population de Saint Louis. Je crois qu’il y a suffisamment de "mauvaises images" qui courent sur Saint Louis pour ne pas en rajouter avec l’implantation d’une prison.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien avec Cyrille Hamilcaro dans la vidéo ci-jointe ainsi qu’une série de questions décalées.