Instituée par la réforme de la constitution de 2008, la création de postes de députés à l’étranger, a pour objectif de représenter à l’Assemblée Nationale les Fançais expatriés, dont 820.000 sont inscrits sur les listes électorales. Dès 2012, quatorze sièges de députés seront soustraits au quota d’élus pour la métropole, au profit de l’Outre-Mer mais surtout des Français résidant à l’étranger qui se verront attribuer 11 députés. Lors des prochaines élections législatives en 2012, les français installés aux quatre coins du monde, éliront au scrutin uninominal celui ou celle qui aura la charge de les représenter à l’Assemblée. Parmi les zones géographiques déterminées, la circonscription d’Amérique du Nord, prisée, bénéficie d’une certaine prestance. Vivant depuis 11 ans à New-York, Corinne Nassiguin, Réunionnaise d’origine, a décidé d’être candidate à ce poste sous l’étiquette du Parti Socialiste. Ingénieur dans une banque, jeune et ambitieuse, elle a déjà siégé durant un an à l’Assemblée des Français de l’Etranger.
Qu’est-ce qui a motivé votre engagement dans la politique ?
Vivre à l’étranger m’a fait prendre conscience de mon attachement aux valeurs de la gauche française et europénne. J’ai rejoint le parti socialiste à New York en 2000, d’abord et avant tout pour maintenir le lien avec la France et discuter des problématiques françaises, avec le recul qu’apporte l’éloignement et l’expérience d’un système politique différent (nous étions alors en pleine campagne présidentielle américaine Gore / Bush). Ayant trouvé ainsi un groupe sympathique et des débats stimulants au sein de la section PS de New York, je me suis progressivement investie, j’ai pris des responsabilités.
Que représente ce scrutin à vos yeux ? Quels sont les atouts que vous mettrez en avant pour convaincre les électeurs ?
La Fédération des Français de l’Étranger du PS milite depuis longtemps pour la création de postes de députés pour les Français de l’Étranger. Nous avions ainsi obtenu l’intégration de cette proposition dans les projets présidentiels de Lionel Jospin puis de Ségolène Royal, proposition reprise tardivement pendant la campagne 2007 par Nicolas Sarkozy. C’est une des rares promesses tenues par le président que nous approuvons.
La France, contrairement à d’autres pays, reconnaît à ses citoyens leurs pleins droits civiques quelque soit l’endroit où ils vivent. Il est donc important que la représentation démocratique des Français de l’Etranger soit aussi complète que possible. Au niveau parlementaire, nous n’étions représentés qu’au Sénat. Grâce à cette nouvelle représentation à l’Assemblée Nationale, nous pourrons nous assurer que les questions spécifiques aux Français de l’Etranger seront mieux prises en compte. Par ailleurs l’expérience acquise à l’étranger par ces élus ne peut qu’enrichir le débat national français.
Le plus grand challenge pour les élections à l’étranger est la participation, essentiellement à cause de la difficulté d’ouvrir des bureaux de vote partout où vivent des Français. Pour les législatives à l’étranger, nous pourrons voter à distance (par correspondance et par internet), ce qui nous permettra de mobiliser plus facilement notre électorat.
Contrairement à l’UMP qui a choisi ses candidats en petit comité à Paris sans véritable consultation de la base, le Parti Socialiste a choisi de présenter des candidats issus des rangs des militants de la Fédération des Français de l’Etranger, car nous pensons qu’il est important que les candidats connaissent vraiment les problématiques et priorités de leur électorat.
Nous mènerons donc une campagne de proximité, autant que cela nous est possible étant donné l’étendue du territoire et la dispersion de la population française. Grâce à mon travail au sein de la Fédération des Français du PS et au sein de l’association Français du Monde, et en tant que Conseillère élue à l’Assemblée des Français de l’Étranger, j’ai acquis une expérience de terrain qui me permettra je l’espère de mieux répondre aux attentes des électeurs.
Quelles sont les étapes importantes qui vous attendent dans les prochaines semaines, dans les prochains mois ?
C’est la première fois qu’une telle campagne est organisée. Faire campagne dans une circonscription de cette taille est compliqué. Les premières priorités sont de consolider nos réseaux sur tout le territoire, et de trouver les moyens de repérer les nombreux Français qui ne sont pas encore inscrits sur les listes électorales. En effet on estime que seulement une petite moitié de Français de l’Etranger sont aujourd’hui inscrits dans les consulats. En particulier, il semble que beaucoup de Réunionnais qui vivent en Amérique du Nord ne sont pas inscrits. Il reste encore plusieurs mois, jusqu’au 31 décembre 2011.
Par ailleurs, je suis consciente d’avoir un déficit de notoriété face à la candidate UMP envoyée par Paris (Christine Lagarde), j’ai donc des efforts supplémentaires à faire pour me faire connaître, surtout au delà de ma circonscription AFE actuelle (la côte Est des Etats-Unis).
- Pour finir, pourriez-vous nous dire quels sont les liens que vous entretenez avec la Réunion, votre île de coeur ?
La majeure partie de ma famille vit à la Réunion, y compris mes parents et ma soeur. J’ai aussi gardé des contacts avec des amis d’enfance et de l’adolescence qui sont restés à la Réunion ou y sont retournés après leurs études. J’essaie d’y aller en vacances régulièrement, mais le nombre limité de jours de congés aux Etats-Unis ne me permet pas de rentrer aussi souvent que je le voudrais.
Même si je me sens très New Yorkaise après 12 ans de résidence ici, La Réunion reste mon point d’ancrage. Je crois beaucoup que c’est l’ouverture d’esprit qu’apporte le métissage réunionnais qui m’a donné les atouts nécessaires pour m’adapter facilement partout où j’ai vécu, à Paris, Londres ou New York.