Chômage : Thierry Robert tire la sonnette d’alarme ‎

LINFO.RE – créé le 24.03.2012 à 20h45 – mis à jour le 11.03.2016 à 14h17 - La rédaction

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Moins d’un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle, Thierry Robert défend le programme de François Bayrou pour l’Outre-mer en expliquant les propositions du candidat du MoDem. Le maire de Saint Leu explique sa volonté de lutter contre la vie chère et tire la sonnette d’alarme face au taux de chômage qui touche la Réunion.

Les candidats à la présidentielle vont se succéder dans notre département. Jean Luc Mélenchon arrive d’ailleurs demain dans l’île. Le leader du Front de gauche capitalise actuellement 14% d’intentions de vote dans un sondage BVA publié jeudi 22 mars et passe ainsi devant Marine Le Pen et François Bayrou.

Jean-Luc Mélenchon troisième homme, cela vous inspire quoi ?

Thierry Robert : C’est tout simplement le ras-le-bol de la population. La population ne croit plus ni au PS ni à la droit traditionnelle UMP. Donc, ce sont les extrêmes qui se font la part belle. Je pense qu’aujourd’hui, il est grand temps de moraliser véritablement la politique et donner une nouvelle image. Une image d’élus solidaires qui travaillent ensemble pour la population et non pas pour des intérêts personnels ou d’autres intérêts que la population ne maîtrise même pas.

Selon vous, est-ce que la percée de Jean-Luc Mélenchon nuit à François Bayrou ?

Thierry Robert : Non je ne pense pas que cela nuit à François Bayrou directement mais plutôt au candidat socialiste. En tout état de cause, c’est un signal d’alarme et d’alerte pour nous élus, pour que l’on puisse prendre conscience de la situation actuelle et réagir, essayer en tous cas de redonner confiance à la population en la politique.

Aujourd’hui, les gens ne croient plus en la politique. D’ailleurs, quand on voit le nombre de gens qui ne se déplacent plus pour voter, il faut vraiment que l’on se pose des questions.

Vous seriez déçu si Jean-Luc Mélenchon arrivait troisième au premier tour et non pas François Bayrou ?

Thierry Robert : Bien évidemment, je soutiens François Bayrou. J’espère qu’il ne sera pas non plus troisième mais premier ou deuxième homme pour être au second tour et remporter l’élection présidentielle.

Il faut travailler et il y a une nouvelle période qui démarre - un mois - durant lequel chaque candidat aura le même temps de parole et François Bayrou s’exprimera et je pense que la population comprendra le message qu’il veut passer.

Nous sommes à moins de 30 jours du premier tour de la présidentielle. “L’avenir de l’outre mer n’est pas dans l’assistance” a declaré François Bayrou. Que doit-on comprendre : les Ultramarins - les Réunionnais notamment - sont des assistés ?

Thierry Robert : C’est très simple. Aujourd’hui certains promettent la lune alors qu’ils ne seront pas capables de donner à la population réunionnaise le dixième de ce qu’ils promettent. François Bayrou lui, dit qu’il y a des sujets de fond - telle que la continuité territoriale -, il propose également un office des transports (...). François Bayrou dit - et il le répétera lorsqu’il sera à la Réunion - que l’Etat assumera ses responsabilités, notamment en ce qui concerne cet Office des Transports de l’Outre mer mais il n’y a pas que cela. Il y a également à la Réunion cette zone franche globale qu’il est nécessaire de mettre en place pour créer une dynamique.

Concernant cette proposition du MoDem : créer un Office de transports de l’Outre-mer qui gérera l’enveloppe de continuité territoriale. Quel est son intérêt et que peut-on en espérer ?

Thierry Robert : La continuité territoriale aujourd’hui se limite à financer quelques billets d’avion mais la continuité territoriale, ce n’est pas cela. C’est aussi l’approvisionnement de marchandises, la TNT, la téléphonie, Internet... Donc, il ne faut pas avoir des oeillières et être fermé sur uniquement quelques centaines d’euros qui permettent à des gens de voyager entre La Réunion et la métropole. Il faut aller au-delà de cela et concernant la continuité territoriale, je le répète : l’Etat participe pour un Corse à hauteur de 200 euros et de 20 euros pour un Réunionnais.

François Bayrou dit qu’il n’y a pas lieu d’aller dans de l’assistanat mais par contre, il faut appliquer une politique juste et équitable entre l’ensemble des territoires d’Outre mer et notamment par rapport aux départements de France métropolitaine.

Dans son programme, François Bayrou propose de rompre avec les éléments qui entretiennent une véritable "bulle de prix élevés", c’est- à-dire ? De quoi s’agit-il concrètement ?

Thierry Robert : Enfin ! Je dirais enfin un homme politique de cette envergure - candidat à la présidentielle - qui décide de s’attaquer aux monopoles ou aux oligopoles pour essayer de faire en sort de redonner du pouvoir d’achat à la population. On le sait tous aujourd’hui, il faut qu’on arrête de se voiler la face : à la Réunion et même dans les autres départements d’Outre mer, il y a des situations de monopole ou oligopoles - notamment sur la grande distribution - et il faut qu’à un moment donné, nos responsables politiques et l’Etat puissent prendre des décisions radicales pour casser tout cela et repartir sur de bonnes bases.

Concrètement, quelles mesures faut-il prendre ?

Thierry Robert : Concrètement, définir une vraie transparence dans tout l’approvisionnement des produits venant de l’extérieur. Aujourd’hui, il y a tout un circuit, tout un dispositif qui a été mis en place pour que tout soit opaque. Aujourd’hui, il est grandement temps de faire la lumière sur tout cela.

Quand vous affirmez qu’il y a des sur-profits, comment pouvez-vous le justifier ? Est-ce que vous avez des preuves ? Est-ce que vous avez des documents officiels qui l’atteste ?

Thierry Robert : Totalement. Dans le cadre de la distribution de carburants par exemple, aujourd’hui on sait que la marge est de 28% alors que partout ailleurs, elle est de 12%. Et c’est pour cela aussi qu’à titre personnel et au nom de la Ville de Saint Leu, nous avons porté plainte récemment.

Et en ce qui concerne la grande distribution ?

Thierry Robert : Il suffit de comparer les prix de vente au niveau national et les prix de vente au niveau local. pour se rendre compte qu’il y a parfois sur les produits 45% ou 60% de plus qu’au niveau national. Est-ce que c’est seulement dû à l’octroi de mer ou à l’approvisionnement par bateau ou par avion qui fait que l’on passe à 60% de plus ?!

De toute façon, la démonstration est faite dans les grandes surfaces lorsque vous allez acheter quelque chose.

Parmi les propositions pour l’Outre mer, François Bayrou défend aussi la création de zones franches globales à perimètre large ? Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

Thierry Robert : Bien sûr. Aujourd’hui, on a trop tendance à croire que ce sont les collectivités (mairies, département, Région...) qui vont créer de l’emploi. C’est totalement faux. Les emplois seront créés par les secteurs d’activités différents qui vont embaucher.

Ce qui existe aujoud’hui, ce n’est pas une zone franche globale qui concerne l’ensemble des activités de la Réunion. Aujourd’hui, François Bayrou veut aller encore plus loin : c’est donner l’impulsion au monde économique pour créer de l’emploi et pour essayer de lutter contre le taux de chômage à la Réunion (35%). Il faut créer cette dynamique pour lutter contre le chômage.

(...) C’est exactement la même chose quand il parle de production locale : il veut donner une vraie impulsion pour que l’on puisse produire un certain nombre de choses localement.

Comment envisagez-vous la Réunion dans 5 à 10 ans. A quoi doit-elle ressembler.

Thierry Robert : La Réunion aujourd’hui continue sa démographie. Il faut se préparer effectivement à accueillir encore plus de personnes sur notre territoire. Alors, il y a des grands chantiers qu’il faudra mener : les déplacements représentent un enjeu extrêmement important à la Réunion. Il faudra prévoir d’autres types de déplacements que les voitures. Et puis le logement : c’est aussi extrêmement important, tout comme le chômage.

Aujourd’hui, je pense que personne ne s’en rend vraiment compte mais 14000 jeunes arrivent sur le marché de l’emploi chaque année et 1000 d’entre eux trouvent un travail. Si on continue à ce rythme-là, je crois que nous allons dans un mur.

Il faut aujourd’hui redonner au monde économique réunionnais toute sa cap d’investissement et de recrutement. Une autre solution proposée par François Bayrou : une défiscalisation sur le matériel c’est bien mais peut-être qu’une défiscalisation sur l’humain serait beaucoup mieux et cela serait créateur d’emplois à la Réunion.

Concernant les élections législatives, vous aurez l’investiture du MoDem pour les législatives. Dans la 1ère circonscription, qui sera le candidat du MoDem : Nassimah Dindar ou Michel Lagourgue ?

Thierry Robert : Concernant la 1ère circonscription, il y a aujourd’hu une discussion entre Nassimah Dindar et Michel Lagourgue. Les deux sont en train de discuter et je suis très optimiste quant à l’issue parce que je crois que les deux vont trouver une solution.

Lequel des deux a le plus de légitimité aujourd’hui pour porter les couleurs du MoDem, selon vous ?

Thierry Robert : Michel Lagourgue a été celui qui a participé à la construction du MoDem à la Réunion mais aujourd’hui, ce n’est pas la question de savoir qui est entré en premier dans le parti mais il faut savoir quel est le meilleur candidat pour remporter les élections, c’est ça le plus important.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans la vidéo ci-jointe.