De scrutin en scrutin, l’abstentionnisme progresse à La Réunion comme un peu partout en France. Lors des élections départementales cette année, la participation des citoyens était la plus basse jamais enregistrée.
54,7% d’abstention au scrutin du premier tour des élections régionales de 2010, 40,3% au second tour. Des chiffres qui pourraient être plus importants puisque la tendance est à la hausse sur les dernières élections.
Les Réunionnais expliquent leur désintérêt : "Voter, ça ne sert à rien. Si ou vote, ou gagn’ pa rien." Une Sainte-Marienne ajoute : "Entre ce qu’ils mettent dans leur programme et ce qu’ils font, il y a trop de différence, donc pourquoi aller voter ?"
Suite aux élections départementales cette année où le taux d’abstention avait atteint des records, Le politologue Yvan Combeau avait évoqué un "chiffre historique" qui n’avait pas été vu depuis 1945. Il estime que "c’est à la classe politique de se remettre en question".
Voter : un droit, un devoir implicite
Le vote n’est pas juridiquement un devoir d’abord par principe. Si le vote est un droit, on peut, comme tout autre droit (ex : liberté de réunion ou d’association), ne pas l’exercer. Il pourrait sembler paradoxal de transformer un droit aussi essentiel en contrainte.
Ce n’est pas juridiquement un devoir également pour une question de pratique politique. En effet, obliger les citoyens à voter pose au moins deux problèmes :
- vérifier que cette règle sera suivie. En clair, il faudrait mettre en oeuvre une sanction pénale efficace, à savoir une amende sévère. Faute de quoi l’obligation posée pourrait demeurer lettre morte ;
- forcer les citoyens à utiliser leur droit de vote peut avoir des effets déstabilisateurs sur les résultats : augmentation des votes blancs, nuls ou extrémistes, qui pourraient signifier l’opposition des citoyens à une telle procédure.