Ce vendredi 22 octobre est la Journée mondiale du bégaiement. Pour l’occasion, faisons un point sur ce trouble de la communication en compagnie de Aude Fresnay, orthophoniste et déléguée de l’Association Parole Bégaiement.
« Le bégaiement est comme un iceberg, avec seulement une petite partie au-dessus de la ligne de flottaison et une bien plus grande partie en dessous » .
Joseph SHEEHAN, professeur de Psychologie à la U.C.L.A. de Los Angeles, déclarait en 1970 que cette partie immergée de l’iceberg illustre les sentiments négatifs que peut engendrer le bégaiement. Ces sentiments peuvent être la peur, la honte, la culpabilité, l’anxiété, le désespoir, l’isolement ou encore le refus. Aude Fresnay nous explique la métaphore de l’iceberg dans son interview.
Le bégaiement est un trouble de l’élocution qui se caractérise par des répétitions involontaires de mots, d’un syllabe ou plus, souvent accompagné de pauses et de blocages. Il empêche de s’exprimer en continu. Ce n’est cependant pas une maladie. Le 22 octobre est traditionnellement la Journée mondiale du bégaiement. C’est un moment privilégié pour les personnes concernées.
Selon Aude Fresnay, ce trouble de la communication apparaît le plus souvent vers l’âge de 3 à 6 ans. Il n’est pas étonnant de voir un enfant en bas âge hésiter quand il parle, mais le fait de butter littéralement sur les mots et répéter des syllabes devrait alerter. Ce sont des signes du bégaiement. La personne s’essouffle au milieu de sa phrase, évite certains mots ou refuse de s’exprimer à certains moments.
Pour comprendre l’avènement d’un bégaiement, il faut considérer qu’il y a deux groupes de facteurs, un facteur qui prédispose :
"Prenons la métaphore du terrain : si vous disposiez d’un terrain fertile à bégaiement, vous pourriez le démarrer alors que dans un terrain aride, vous pouvez planter ce que vous voulez, ça ne poussera pas"
Donc effectivement le bégaiement dispose d’un terrain génétique : on va retrouver du bégaiement dans la famille dans 66 % des cas si papa ou maman bégaie. L’enfant a trois fois plus de risque d’avoir un bégaiement que si aucun des deux parents ne bégaie lui même.
Ce n’est qu’en 2010 que le professeur Dennis Drayna – spécialisé dans les troubles de la communication à Harvard – a identifié trois mutations sur le gène 12 associées au bégaiement. Selon la personne et l’environnement, le gène s’exprimera… ou pas.
Le bégaiement disparaît spontanément au cours du développement de l’enfant, mais peut persister à l’âge adulte. Pour aider ces gens à s’exprimer de manière fluide, il est recommandé de pratiquer ces activités : théâtre, chant ou lecture à voix haute. Il est aussi conseillé de voir un orthophoniste, qui établira un bilan complet de la parole et donnera des exercices pratiques pour faciliter la communication.
"La présence d’une audience a un impact important sur la fluidité de la parole"
Selon Aude Fresnay, une personne bègue bégaie généralement beaucoup moins lorsqu’elle est seule, ou se croit seule. Elle ne bégaie plus lorsqu’elle chante, lorsqu’elle joue un rôle, lorsqu’elle imite quelqu’un, lorsqu’elle prend un accent, lorsqu’elle parle au rythme d’un métronome.
À propos de Aude Fresnay :
Orthophoniste et déléguée de l’Association Parole Bégaiement, Aude Fresnay suit des enfants et des parents concernés par ces difficultés du langage. Engagée dans le lancement d’une solution orthophonique en ligne, Aude lancera prochainement sa propre application qui sera dévoilée sur Linfo.re !