La dernière enquête de l’Insee révèle que les violences intra-familales sont plus fréquentes à la Réunion qu’en métropole. Six personnes sur 10 victimes de violences dites "sensibles" sont des femmes et le sentiment d’insécurité progresse sur notre île.
La dernière enquête Cadre de vie et sécurité a été dévoilée par l’Insee. Depuis 2007, cette étude est réalisée conjointement par l’Insee et l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Pour la première fois en 2011, elle a été menée pour la première fois à la Réunion en partenariat avec la Délégation Générale à l’outre-mer, l’Agence de Santé et la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. Au total, ce sont 1 500 personnes de 14 ans ou plus qui ont été interrogées sur les éventuelles violences dont elles ont été victimes au cours des années 2009 et 2010 et sur leurs opinions sur la sécurité dans leur quartier. Pour les sujets très sensibles comme les agressions sexuelles et les violences entre membres d’un même ménage, seules les personnes de 18 à 75 ans ont été interrogées. Sur notre île, les violences intrafamiliales en particulier envers les femmes font régulièrement la UNE de l’actualité. En 2011, six Réunionnaises sont mortes sous les coups de leur compagnon. Au delà des drames, un chiffre parait encourageant : depuis 2007, les dépôts de plainte ont augmenté de 35%, soit près de 4 plaintes par jour en 2010 (soit 1469 plaintes). Dans le cadre du plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes, des actions propres à la Réunion de prévention ont été mises en oeuvre dans les politiques publiques. "Les actions se déclinent selon les trois axes nationaux : protection, prévention, solidarité." Multiplication des structures d’hébergement, accompagnement des femmes ; de nouveaux outils ont été créés pour lutter contre les stéréotypes. Les violences familiales plus fréquentes qu’en métropole En 2009 ou 2010, une personne sur 10 a été victime de violences dites "sensibles", présentant une atteinte sexuelle ou se produisant à l’intérieur du ménage. Les violences sexuelles par une personne extérieure au ménage sont les plus fréquentes et concernent 7 % de la population (4,4 % en France métropolitaine). La plupart ont été victimes d’actes « légers », tels qu’une exhibition, un baiser volé ou un geste déplacé. Ces agressions peuvent néanmoins à accentuer le sentiment d’insécurité que les seuls faits ne justifient pas. Près d’1% de la population a été victime de violences sexuelles plus graves, tels que les attouchements, les viols ou tentatives de viol. Au sein du ménage, 3,9 % des personnes sont exposées à la violence d’un proche (2,4 % en France métropolitaine). Menaces qui dégénèrent en violences physiques, parfois répétées. Les menaces seules ou les violences sexuelles sont moins fréquentes. Les violences intrafamiliales sont souvent graves : 42 % des victimes ont subi des blessures physiques et 43 % ont des dommages psychologiques importants. Les violences intra-familiales sont récurrentes et l’auteur des violences passées est parfois le même que celui des violences actuelles, souvent un conjoint, un autre membre du ménage ou un ancien membre du ménage (ex-conjoint, père, mère). A la Réunion, il y a moins de personnes vivant seules, ce qui accru le risque de violences à l’intérieur d’un ménage. Les problèmes d’alcoolisme sont également un facteur aggravant de cette situation. Six victimes de violences dites sensibles sur dix sont des femmes, et sept sur dix pour les violences intrafamiliales. L’auteur des violences dites sensibles est un membre du ménage dans un cas sur trois. Le conjoint est l’auteur le plus fréquemment déclaré en cas de violences intrafamiliales. Enfin, dans le cas des atteintes sexuelles en dehors du ménage, la moitié des victimes connaissent leur agresseur. Multiplication des vols et des dégradations de biens Les vols ou les dégradations de biens qui appartiennent au ménage (véhicule ou logement, fraude bancaire) sont les plus fréquents, puisque 19 % des ménages sont concernés en 2009 ou 2010. En France métropolitaine, 24 % des ménages en sont victimes. Sur les deux dernières années, 18 % des Réunionnais ont été victimes d’atteintes personnelles, insultes, menaces, vol avec ou sans violence ou une violence physique par une personne extérieure au ménage. 9,5 % des personnes ont été victimes de violences dites sensibles, contre 6 % en France métropolitaine. Ces violences "sensibles" recouvrent des actes plus graves : acte à caractère sexuel par une personne extérieure au ménage, acte de violence exercée par un membre du ménage. En effet, le fait que l’auteur vive avec la victime est considéré comme une circonstance aggravante. Evidemment, la gravité de l’agression est vécue de différentes manières par les victimes, qui n’ont pas de profil-type. Il existe des différences entre sexes. Les femmes subissent plus les violences familiales et les hommes davantage les violences physiques ou les vols. Les personnes de 25 à 39 ans sont plus souvent victimes . Le sentiment d’insécurité progresse à la Réunion Alors que les actes de délinquance sont moins fréquents qu’en France métropolitaine, "le sentiment d’insécurité est plus prégnant à La Réunion". En effet, 18 % des personnes déclarent se sentir souvent ou de temps en temps en insécurité dans leur quartier (11 % en France métropolitaine) et 17 % à leur domicile (8,5 % en France métropolitaine). L’Insee avance plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène : d’abord la médiatisation qui selon l’Institut peut "alimenter le sentiment de crainte". Parallèlement, ils ne se sentent pas protégés. 51% des Réunionnais insatisfaits de l’action de la police ou de la gendarmerie dans la société française actuelle. 18% des Réunionnais victimes d’atteinte aux personnes En 2009 ou 2010, 18 % des réunionnais ont été victimes d’une agression qualifiée d’atteinte aux personnes. Il s’agit d’insultes, de menaces, de vols aux personnes ou de violences physiques qui ont lieu en dehors du ménage. Huit fois sur dix, ce sont des insultes ou des menaces. Les atteintes aux personnes ont lieu le plus souvent dans la rue (34 %), sur le lieu de travail ou d’études (23 %) ou à domicile (17 %). S’agissant des vols à la personne, les victimes sont moins nombreuses qu’en France métropolitaine (4,5 % à La Réunion, 5,1 % en France), à l’exception notable des téléphones portables. Il y a en effet deux fois plus de victimes de vols de portables à La Réunion. Pourtant, bien qu’il soit plus important qu’en France métropolitaine, le taux de possession d’un téléphone portable à La Réunion ne justifie pas cet écart. Les plus jeunes sont particulièrement exposés à l’ensemble des atteintes aux personnes, puisqu’un tiers des 14 à 24 ans en sont victimes. Les insultes et les vols de téléphone portable sont les plus fréquents. La majorité des vols de téléphones portables ont d’ailleurs pour victime un étudiant ou un lycéen. Autant de femmes que d’hommes déclarent avoir été l’objet d’insultes ou de menaces. Les hommes sont par contre plus souvent victimes de violences physiques hors ménage, qui peuvent prendre la forme de bagarres. Trois fois sur quatre, l’auteur est déclaré connu, de vue ou personnellement, par la victime. Lorsqu’il est connu personnellement, c’est souvent un ami (26 %), un membre de la famille (20 %) ou de l’entourage professionnel (17 %) ou un ancien conjoint (9 %). Les biens des ménages aisés les plus touchés Les atteintes aux biens du ménage concernent les véhicules, le logement ou les fraudes bancaires ; 19 % des ménages réunionnais en sont victimes. Les fraudes bancaires portent sur 2,2 % des ménages à La Réunion, contre 3,4 % en France métropolitaine. Les vols ou dégradations sur véhicules à moteur ou dans le logement sont plus répandus : 10 % des ménages pour les véhicules, 8,4 % pour le logement. Il y a autant de victimes de vols de véhicules (ou d’objets s’y trouvant) que de vols dans les logements. Les vols de voitures sont plus fréquents à La Réunion si on les rapporte aux ménages qui possèdent une voiture (3,3 % contre 2,7 %). Les ménages qui possèdent une voiture sont en effet moins nombreux qu’en France métropolitaine. Concernant les dégradations, elles sont plus courantes sur les véhicules (4,8 % des ménages) que dans les logements (2,6 %). Les dégradations sont moins répandues à La Réunion (8,2 % sur véhicule et 4,4 % dans le logement en France métropolitaine). Les ménages qui résident en appartement en ville encourent plus de risques d’atteintes aux biens du ménage que ceux qui résident en maison plus isolée. Les ménages qui possèdent un niveau de vie élevé sont également plus exposés aux vols que les autres, puisqu’ils possèdent davantage de biens. Ainsi, un quart des ménages aux plus hauts revenus en ont été victimes. Près d’un tiers des cadres sont également victimes de vols dans leur véhicule ou leur logement, alors que les ouvriers le sont moitié moins. Enfin, les 25-40 ans subissent plus d’atteintes aux biens du ménage (26 % de victimes).