Ce jeudi, la défense aura la parole dans le procès de l’évasion de Juliano Verbard. Hier, l’avocate générale a requis des peines de prison ferme allant de 20 ans à 8 mois à l’encontre des 14 accusés comparaissant dans cette affaire.
20 derrière les barreaux, c’est la peine maximale encourue par Juliano Verbard et c’est également la peine requise hier par l’avocate générale, au terme de trois heures de réquisitoire (cf linfo.re : Assises : 20 ans de réclusion requis contre les fugitifs). 18 ans de réclusion criminelle pour "prise d’otages et détournement d’aéronef", plus deux ans pour évasion, la représentante du Ministère public a requis la même peine à l’encontre de l’amant de "Petit Lys d’Amour" Fabrice Michel et de son père Alexin Michel. L’évasion du gourou de la secte de la prison de Domenjod le 27 avril 2009 risque de coûter cher aux trois fugitifs, mais également à leurs complices qui ont tenu un rôle plus ou moins déterminant dans l’évasion et la cavale de 10 jours de Juliano Verbard.
Mettant en avant certains éléments de l’enquête comme le tracage GSM des différents accusés, l’avocate générale a requis 18 ans de réclusion - dont 2 tiers avec sûreté – pour Jean-René Gens et Rodolphe Cadet, 15 ans à l’encontre de Guillaume Maillot, 14 ans contre Graziella Michel, ainsi que pour Lucie Michel. Six ans de prison ont été requis pour Anissa Gens et trois ans de prison à l’encontre de Samuel Cadet, Marie-Louise Hoarau et Sonia Flore.
Celles qu’on peut surnommer les "petites mains" de cette opération commando inédite, Christiane Mainguet (hébergement des fugitifs) et Yolaine Cadet, pourraient écoper respectivement de 8 mois de prison ferme et 4 ans d’emprisonnement, si la cour décide de suivre les réquisitions de l’avocate générale.
Lors de ce procès, Juliano Verbard s’est présenté comme une victime de l’ordre de Saint-Charbel qui l’aurait embrigadé et aurait fini par le convaincre qu’il avait des visions divines. Reconnaissant l’évasion, le gourou a affirmé vouloir simplement vivre son amour avec Fabrice Michel et s’être totalement détaché de la secte. Désillusion et tristesse du côté de ses anciens disciples qui n’ont cessé de vouloir minimiser leur rôle dans l’évasion, se rejetant la responsabilité de l’organisation de l’opération.
Hier après-midi, les plaidoiries de la défense ont débuté. Maître Nicolas Normand, chargé de défendre Juliano Verbard, a qualifié le réquisitoire de "criminogène, voire criminel". Considérant les peines requises étaient beaucoup trop lourdes -en comparaison par exemple avec l’évasion de Ferrara, l’avocat a estimé que "Petit Lys d’Amour est mort l’an passé. Il ne faut pas le ressusciter en enterrant vivant ces gens-là !" .
Maître Gauthier, avocat de Christiane Mainguet a quant à lui demandé l’acquittement de sa cliente, estimant que sa culpabilité n’avait pas été prouvée. L’avocat de Guillaume Maillot, Maître Jean-Jacques Morel, a souligné que son client avait "toujours reconnu sa participation et sa culpabilité" et que sa jeunesse et son endoctrinement avaient été à l’origine de ses actes. "Cela n’absout pas tout, mais ça explique".
Ce jeudi, les différents avocats représentant les 14 accusés de ce procès fleuve vont continuer à prendre la parole devant la cour pour tenter d’expliquer et de justifier les actes pour lesquels leurs clients comparaissent. Demain, les jurés devront délibérer et rendre leur verdict sur cette affaire.
Rappel des faits :
Le 27 avril 2009, plusieurs membres de la secte de Juliano Verbard prennent la direction de Mafate. Plusieurs d’entre eux montent à bord d’un hélicoptère qu’ils ont loué. Ils prennent alors en otage le pilote Yann Morvan et son mécanicien Stéphane Libel. En les menaçant avec une arme (non chargée) et en les aspergeant d’essence, le commando les contraint à prendre la direction de la prison de Domenjod où est incarcéré Juliano Verbard pour viols sur mineurs et enlèvement. L’appareil se pose dans le cour de la prison et Juliano Verbard et son amant Fabrice Michel se hissent dans l’hélicoptère. L’engin se pose ensuite sur un terrain vague de Sainte-Clotilde et les preneurs d’otage prennent la fuite.
Un dispositif policier sans précédent est alors déployé. Des centaines de gendarmes et une cinquantaine d’enquêteurs quadrillent l’île pour retrouver les fuyards. Juliano Verbard devient l’ennemi public n°1. Après dix jours de traque intensive, les fugitifs et leurs complices sont finalement arrêtés dans un petit studio du Moufia, à quelques pas seulement de la prison de Domenjod.