Après avoir traité plusieurs dossiers, le tribunal correctionnel de Saint-Denis s’est penché sur la plainte pour harcèlement moral qui vise Gérard Ethève, Président Directeur Général d’Air Austral. Ses avocats ont soulevé deux questions de nullité de la procédure.
Gérard Ethève est poursuivi pour harcèlement moral. Le patron d’Air Austral aurait organisé la mise au placard d’une de ses plus anciennes employées - une femme âgée de 52 ans qui occupait les fonctions de cadre - dès 2006 avant de la licencier en 2008.
En dégradant ses conditions de travail, en la privant de ses moyens de communication, en supprimant ses avantages, en la privant de ses moyens de transport et en l’installant dans un local pas adapté au travail de bureau, le dirigeant d’Air Austral aurait conduit la plaignante jusque dans ses retranchements, selon l’avocat de la partie civile Maître Vincent Hoareau.
Après la partie civile, les avocats de la défense sont entrés en scène. Maître Jean-Michel Baloup pour Air Austral et Maître Baudoin de Moucheron ont soulevé deux questions de nullité de la procédure :
la première question porte sur l’absence de l’un des témoins clés au procès ;
la deuxième question de nullité porte sur la plainte elle-même : les avocats de Gérard Ethève se sont de fait interrogés sur le fait que la plaignante se constitue partie civile contre son ancien PDG (Président Directeur Général) et non pas contre Air Austral.
Pas moins de dix témoins seront appelés à la barre ce mardi après-midi pour livrer leur témoignage. Le procès de Gérard Ethève est animé et les débats entre la partie civile et la défense sont particulièrement virulents.
Les avocats du PDG d’Air Austral estiment que ses droits ont été violés et que Gérard Ethève n’aurait pas dû être auditionné en tant que témoin. La défense a également évoqué la question prioritaire de constitutionnalité déposée au tribunal correctionnel de Privat. Cette juridiction a jugé la QPC sérieuse et a statué en faveur du report du jugement.
Pour Maître Vincent Hoareau, avocat de la partie civile, la procédure a été respectée. Concernant la QPC, le vice-procureur Dominique Auter a répondu à la défense en déclarant : " Je poursuis qui je veux. Gérard Ethève a été entendu librement et n’a pas été convoqué devant toute la presse (référence à l’affaire Strauss-Kahn)". Le vice-procureur a par ailleurs précisé que le dossier tient même sans l’audition de Gérard Ethève. S’adressant au patron d’Air Austral, Dominique Auter lui a demandé s’il n’avait pas peur que l’on découvre "une méthode de management généralisée" au sein de la compagnie aérienne régionale.
Une suspension de séance a été prononcée. Les juges se sont retirés une vingtaine de minutes pour délibérer sur les questions de nullité et les QPC. La première question prioritaire de constitutionnalité a été jugée nulle et l’autre a été rejetée. Par conséquent, le procès se poursuit.