Le procès de l’évasion de Juliano Verbard s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises. C’est une évasion inédite parfaitement orchestrée par les disciples de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie" que les jurés vont devoir juger.
Pas moins de 16 personnes ayant participé à des niveaux différents à l’évasion du gourou de la secte "Coeur douloureux et Immaculé de Marie", se retrouvent ce lundi devant la Justice. Poursuivis pour évasion, séquestration et détournement d’aéronef ou complicité de ces faits, les accusés risquent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. Le procès de l’évasion et de la cavale de Juliano Verbard doit durer une quinzaine de jours.
Le 27 avril 2009, c’est un visage bien connu des Réunionnais qui refait sa réapparition, celui de Juliano Verbard. Incarcéré à la prison de Domenjod, celui que l’on surnomme "Petit Lys d’amour" s’évade à bord d’un hélicoptère avec la complicité de son amant Fabrice Michel, du père de celui-ci Alexin Michel et d’autres membres de la secte. Déterminés à faire libérer leur gourou, les disciples prennent en otage le pilote de "Mafate Hélicoptères" et son apprenti et les contraignent à diriger l’appareil vers la prison du chef-lieu. Ce qui devait à l’origine être une simple balade touristique se transforme en un véritable cauchemar. Pistolet sur la tempe et menacés avec de l’essence et un briquet, Yann Morvan exécute les ordres (cf linfo.re : Evasion de Verbard : les confidences exclusives du pilote). L’hélicoptère atteint la prison de Domenjod et repart avec Juliano Verbard à son bord. Feignant un problème technique, le pilote parvient à faire fuir ses bourreaux.
Profondément traumatisé par cette expérience, Yann Morvan attend beaucoup du procès qui s’ouvre ce lundi. Pour son avocat, Maître Alain Antoine, c’est "le procès de la victime" qui débute aujourd’hui, ajoutant que même si "on écoute et examine le bourreau, la victime doit prendre la place centrale dans le procès pénal".
Après l’abandon de l’hélicoptère sur un terrain vague de la technopole de Sainte-Clotilde, Juliano Verbard entame sa cavale avec l’aide de son amant et de ses disciples. Pour les forces de l’ordre, une traque sans relâche commence. Barrages, battues...Toute la Réunion, même les coins les plus reculés, est passée au peigne fin par les 700 gendarmes et les 50 enquêteurs oeuvrant pour retrouver Juliano Verbard. Pendant près de 10 jours, les membres et le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie" vont parvenir à échapper aux forces de l’ordre.
La cavale s’achève finalement le 6 mai 2009, lorsque Juliano Verbard et 7 autres complices sont arrêtés au 38 rue de Bourgogne à Saint-Denis . Sous les huées de la foule, Juliano Verbard retourne dans sa cellule de la prison de Domenjod.
Quel a été le rôle de chacun dans cette évasion et cette cavale d’une dizaine de jours ? C’est l’une des questions cruciales à laquelle le procès qui s’ouvre aujourd’hui devra tenter d’apporter une réponse. La défense va utiliser l’argument de l’embrigadement pour expliquer les actes des disciples. Le Bâtonnier Georges-André Hoarau, l’avocat de Rodolphe et Samuel Cadet, estime que "ce sont des gens qui ont été complètement embrigadés depuis fort longtemps" par Juliano Verbard. Portés par leur foi en leur gourou et convaincus de son innocence, ces disciples n’ont pas hésité à prendre tous les risques pour qu’il retrouve la liberté.