Moins de deux semaines après l’attaque mortelle de requin à Trois-Bassins, un surfeur a été victime d’une attaque hier à Saint-Leu. Fabien, a été grièvement touché à la main et à la jambe droites.
Une nouvelle attaque s’est produite hier après-midi et pour la première fois à Saint-Leu, jusqu’ici épargné.
C’est aux alentours de 17h15 que Fabien, un surfeur d’une quarantaine d’années, a été la cible d’un squale alors qu’il surfait sur le spot de Saint-Leu. Le quadragénaire a eu la main et le pied droit arrachés par un requin.
Il arrive tout de même à regagner le rivage sur sa planche avant d’être aidé par d’autres surfeurs qui se trouvaient à proximité. Il est ramené sur la plage où un médecin qui s’y trouvait en civil, lui a prodigué les premiers soins, notamment en lui faisant un garrot.
Les secours arrivent rapidement sur les lieux de l’attaque. La victime est médicalisée sur place dans un premier temps avant d’être conduit au Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Pierre. Transféré au bloc opératoire, son pronostic vital n’est pas engagé.
Cette attaque intervient moins de deux semaines après celle qui a coûté la vie à Alexandre Rassiga le 23 juillet dernier à Trois-Basins. Un événement dramatique qui a soulevé la polémique sur la gestion du risque requins à La Réunion.
Les surfeurs, membres d’associations et usagers de la mer ont manifesté leur colère devant la préfecture le 26 juillet dernier. Ils n’ont pas caché leur exaspération face à ce qu’ils considèrent comme "la passivité des autorités". Ils ont également pointé du doigt la réserve naturelle marine comme un des facteurs qui aurait conduit à cette recrudescence d’attaques relevées depuis 2011 à La Réunion. La préfecture avait alors décidé de protéger deux spots de surf, mais il n’était pas question de prélèvements dans la réserve.
Cependant, une semaine après la mort d’Alexandre Rassiga, le député-maire de Saint-Leu, Thierry Robert a pris un arrêté municipal autorisant la chasse aux requins dans les eaux de sa commune y compris dans la réserve marine invoquant l’urgence de la situation.
Un positionnement du premier magistrat de Saint-Leu qui soulèvera une vague de réactions. Les pro-prélèvements de requins saluent une avancée dans la gestion du risque requin à La Réunion alors que les contestataires soulignent l’illégalité de cet arrêté. Les pêcheurs effectivement ne se sont pas rués à la chasse aux requins à la publication de l’arrêté, par peur d’être sanctionnés.
Mais le 31 juillet dernier, Thierry Robert est conforté dans son positionnement par le ministre des Outre-Mer Victorin Lurel. Ce dernier s’est engagé à prendre un arrêté préfectoral autorisant la pêche de requins dans la réserve marine. Un arrêté qui devrait entrer en vigueur cette semaine.
Cette nouvelle attaque ravive la polémique sur la gestion du risque requin sur nos côtes et soulève de nombreuses questions. Les prélèvements suffiront-ils à éloigner le risque ? Les pouvoirs publics ont-ils réellement les moyens pour limiter les attaques de requins ? Les études scientifiques prennent-elles trop de temps à livrer leurs conclusions ? La réserve marine est-elle la seule responsable des attaques à La Réunion ? Autant d’interrogations auxquelles de simples arrêtés ne pourront répondre.
Au delà des pertes humaines, c’est toute la question de l’avenir des sports de glisse qui est posée. La Réunion est reconnue à travers le monde pour ses spots et notre île accueille même des compétitions internationales. La valeur touristique de La Réunion est elle aussi ébranlée par ces attaques à répétition. C’est un vaste chantier qui mérite d’être ouvert sur le positionnement de La Réunion en ce qui concerne la gestion des requins sur nos côtes.