Dans l’affaire Juliano Verbard, la parole est alors donnée aux dix auteurs présumés de violences aggravées sur mineurs. Si certains regrettent tout ce qu’il s’est passé, d’autres ne comprennent pas la version des uns et des autres, surtout le gourou apparu souvent surpris par les propos de ses adeptes.
L’affaire Juliano Verbard se poursuit au tribunal correctionnel. Les uns après les autres, les dix auteurs présumés de violences aggravées sur mineur de moins de 15 ans apportent leur version des faits face au juge Morgan. « Je regrette d’avoir causé ces souffrances à mon fils », déclare l’une des dix accusés. « On demande pardon », avoue une autre à la barre. « On avait peur pour nous aussi, il nous menaçait », poursuit celle-ci devant le regard médusé de Juliano Verbard. Le gourou hausse d’ailleurs les sourcils.
Mais le juge Morgan continue d’énumérer les coups portés par les disciples et son gourou sur le jeune M., 12 ans à l’époque des faits, et dont les parents avaient été témoins de certains sévices. « De simples punitions fraternelles dictées par Dieu », selon la plupart d’entre eux. La manipulation de Juliano Verbard était visiblement à son paroxysme.
Avec facilité, les accusés se renvoient la balle à la barre. De la bouche de Juliano Verbard, aucun son ne sort. Il se contente de fixer le juge et ses adeptes se contredisant régulièrement dans l ‘enceinte de la salle d’audience correctionnelle.
Son amant, Jean-Fabrice Michel se tient debout tout près de lui. Les barreaux d’une cellule ne les séparent plus pour l’instant. Jean-Fabrice Michel croise les bras. Il ne dit pas un seul mot. Tous les deux écoutent religieusement ce que leurs acolytes déclarent officiellement à la barre.
« Je réaffirme que je n’ai pas commis tous ces faits de violence », déclare une accusée. « Tous ces faits de violences au Maïdo n’ont pas eu lieu, j’ai toujours été dans la maison du Maïdo et je n’ai rien vu », soutient une autre. Bref, d’après elles, rien ne s’est passé, tout ne serait qu’invention, que pure illusion, une fiction sortie de nulle part.
Or, la victime, 16 ans, vient à la barre tout près de ses bourreaux. « Je maintiens ce que j’ai dit, Corinne, Sandrine étaient chez mes parents, Fabrice et Sandrine étaient les plus violents avec moi, elle m’a même frappé avec un balai sur mon dos, et Juliano Verbard m’a donné des coups de pied et des coups de poing », déclare-t-il.
Rapidement, beaucoup se défaussent et affirment ne plus faire partie de la secte, juste histoire d’essayer de montrer au juge qu’ils ont tiré un trait. De son côté, Claire Mazaka avoue avoir coupé tous les ponts avec les membres de la secte. « Il nous montait les uns contre les autres, on ne voyait plus nos enfants », renchérit-elle. « Nous n’avons plus de liens avec eux il y a bien longtemps », avoue une autre.
Marie-Noélie Latchoumane ne veut pas, quant à elle, répondre aux questions. « Vous avez bien vu qu’il était très mal », dit Danielle Braud, vice-procureur. « Encore fallait-il que je sois là pour le voir, je blâme aujourd’hui les parents de M. », répond une autre accusée. La plus virulente, c’est sans conteste Sandrine Hoarau, la prof du groupe dont la verve est acérée. Elle parvient même à faire sortir la vice-procureure Danielle Braud de ses gonds.
Il n’y a pas qu’elle. Me Catherine Moissonnier enrage lorsque le juge en vient à parler de enquêtes de personnalité faites sur ses clients. Elle estime qu’il ne faut pas se baser sur cette enquête dans une affaire de correctionnelle, qu’elles seront suffisamment évoquées lors des prochaines assises à la fin de ce mois d’avril dans le cadre de viols sur mineur.
La tension monte. L’ambiance se ternit. Juliano Verbard semble de plus en plus à l’aise dans cette atmosphère de plus en plus tendue. Il lui arrive même de prendre la parole et de pointer gentiment du doigt la justice. Le sourire aux lèvres en plus.
Une fois les personnalités des accusés décortiquées, le juge Morgan en vient à celle de Juliano Verbard qui sera détaillée les 28, 29 et 30 avril prochains à l’occasion de son jugement devant la cour d’assises pour viols sur mineur. Idem pour Jean-Fabrice Michel, l’amant de gourou. Le juge Morgan ne s’étale donc pas sur ces deux personnages coude à coude dans le box des accusés.
Quant à Alexin Michel, le père de Jean-Fabrice Michel, il reste debout sans bouger le petit doigt. Lui aussi se contente de dire « oui » en faisant un signe de la tête. Ce dernier aurait suivi Juliano Verbard après l’avoir vu à la télévision. C’est en tout cas ce qu’il avait déclaré au psychologue.
Corinne Michel avoue de son côté qu’elle « n’idolâtre personne » pour sa défense. « Il n’y a personne qui me dirige, je mange quand je veux, je dors quand je veux… », poursuit-elle. Et quand le juge Morgan lui demande encore une fois si ce que dit le jeune M., aujourd’hui 16 ans, victime des violences aggravées, est avéré, elle répond : « Non, tout ce qu’il dit est faux, il ment. »
En d’autres termes, si on écoute les accusés, il n’y a pas eu de faits, par conséquent pas de victime, donc pas d’affaire ! Dans quelques minutes, les avocats prendront la parole.