Des femmes victimes de violences conjugales témoignent aujourd’hui et déplorent que la garde de leurs enfants a été confiée à leurs conjoints qui ont reconnu les coups devant la Justice.
L’Union des femmes réunionnaises dénonce la situation difficile de plusieurs mères battues à qui la Justice a retiré la garde de leurs enfants pour la confier aux conjoints violents.
Evelyne Corbière, secrétaire générale de l’Union des femmes déplore les prises de positions de la Justice dans différents cas de violences conjugales : "On voit des femmes qui ont subi la violence au quotidien pendant plusieurs années et qui finissent par se faire retirer la garde de leurs enfants. Ce sont des décisions qui nous paraissent complètement incohérentes et dangereuses parce que les enfants restent dans cette violence ultrafamiliale au-delà de la séparation."
Les enquêtes sociales sont aussi remises en question : "On voit des rapports très inquiétants. Ils sont détournés et nuisent à la femme", assure Evelyne Corbière.
Shirley raconte son histoire. Mariée pendant 13 ans à un homme avec qui elle a eu deux enfants, elle a été battue.
"C’est pas facile d’aller porter plainte parce qu’on a peur des représailles", affirme-t-elle. Mais la mère de famille a finalement décidé de demander le divorce il y a 3 ans, mais la procédure n’est toujours pas terminée.
Shirley explique que ses enfants lui ont été enlevés par son conjoint lors d’un carjacking. Depuis, il les a notamment ramené à Mayotte où ils n’auraient pas été scolarisés pendant un mois avant de revenir à La Réunion.
La mère de famille assure que ses enfants sont devenus violents envers tout le monde, même elle. L’un d’entre eux l’aurait menacé de mort, elle a porté plainte mais aucune suite judiciaire n’a été donnée.
Aujourd’hui, la Justice aurait décidé que les enfants devraient être soit placés en famille d’accueil ou alors suivis par un éducateur dans la famille du père. Rien n’a été proposé à la mère selon ses dires.
Sylvie a aussi été victime de violences. Tout a commencé lorsque ses jumelles ont eu 4 ans. Son conjoint lui donne un "coup de boule". Elle a le nez cassé : 11 jours d’interruption totale de travail.
Son concubin nie la violence : "Il prétendait que je m’étais jetée sur lui et que ça m’arrangeait parce que j’aurais voulu de la chirurgie esthétique."
Sylvie raconte : "C’est douloureux parce que j’ai été frappée devant mes enfants. Il m’a claqué les doigts dans un tiroir. Il a eu un rappel à la loi, lui maintenant déclare qu’il n’y a pas eu de suite judiciaire parce qu’il n’y a pas eu d’agression."
La mère de famille avait pris ses dispositions pour mettre fin à la violence : "J’avais fait une demande d’ordonnance de protection. Il s’est engagé à quitter le domicile mais ne l’a pas fait ensuite. Je n’avais aucun document juridique pour m’aider à prouver qu’il devait partir."
Elle perd ensuite la bataille judiciaire pour la garde des enfants : "Il a monté tout un plan basé sur des déclarations illégales et violations de domicile pour me retirer mes enfants. Le juge est tombé dans son panneau."
La situation de Sylvie est maintenant difficile : "Je regrette que la Justice prenne le parti d’un homme violent qui n’a jamais été puni pour ça. Je regrette que mes enfants soient victime de ça. Je regrette que l’enquêtrice sociale a conclu qu’il convenait de placer les enfants chez leur père pour rompre le lien fusionnel entre la mère et ses enfants."
Aujourd’hui, Sylvie peut voir ses enfants au mieux 4 jours par mois.