Comment expliquer un passage à l’acte, comme des violences conjugales au meurtre, parfois suivi de suicide comme hier au Tampon ? Les psychologues donnent des éléments de compréhension.
Marie Andrée est la dernière victime d’un homme violent qui n’a pas supporté la séparation. Selon David Gaulois, psychologue clinicien - expert à la Cour spécialiste couple et famille, il ne s’agit pas d’un coup de tête de son ex compagnon. D’après lui, ce processus meurtrier dure de quelques semaines à plusieurs mois.
"Certaines personnes ont des prédispositions pour un passage à l’acte"
"Cela ne se passe pas du jour au lendemain. Il y a tout un process, qu’on appelle une escalade, vers la violence. Certaines personnes ont des structures psychiques qui prédisposent un petit peu à ce type de passage à l’acte. Notamment celles qui ont des troubles affectifs, qui sont liés à l’enfance. Et qui vont développer des jalousies, pourquoi pas pathologiques."
L’auteur du coup de fusil était pourtant décrit comme très gentil et très serviable par ses collègues. Ce même spécialiste estime que l’entourage de la victime ne peut pas connaitre ce qu’il se passe dans l’intimité du couple, d’autant que les femmes sont bien souvent sous emprise psychologique, comme le souligne le professionnel.
"Des techniques de manipulation semblables à une emprise sectaire"
"Elles ont du mal, quelque part, à imaginer qu’elles sont réellement victimes. Car l’auteur, applique généralement des techniques de manipulation, de culpabilisation. Ce qui fait que la victime se dépersonnalise petit à petit. Un peu comme une emprise sectaire".
L’éducation et la place du garçon, sont également mis en cause. Bien souvent par absence du père ou implication insuffisante, le jeune garçon devient macho et immature.
Maître Brigitte Hoarau, avocate à Saint-Pierre, défend les familles de femmes tuées sous les coups de leur ex. Elle voit le climat familial comme une des origines du passage à l’acte.
"Ce n’est pas normal de vivre de tels drames"
"Ils ont vu leur père frapper leur mère, et cette relation semble habituelle et normale. Alors que ce n’est pas normal de vivre de tels drames. Ce n’est pas normal que des femmes meurent sous les coups de leur mari, de leur compagnon. Il faut une prise de conscience par rapport à ce caractère anormal".
Un travail qui doit débuter selon elle des l’école primaire, pour que le garçon comprenne qu’il ne doit pas être supérieur aux filles, et que ces dernières doivent dire stop dès les premières violences. Elle milite pour un plan à l’échelle du département.