Les élections de la présidence du Medef auront lieu demain après-midi lors de l’assemblée générale de l’organisation syndicale. Le vote aura lieu à Sainte-Marie au Village Bienvenue. 20 administrateurs et plus de 300 adhérents sont amenés à voter. En lice Yann De Prince et Jean-Marie le Bourvellec.
Linfo.re : Yann De Prince, quels sont les grands axes de votre programme pour ces élections ? En cas de victoire, comment comptez-vous relever les entreprises durement touchées par la crise ?
Yann De Prince : Dans un premier temps, je soutiens l’idée d’un plan exceptionnel de sortie de crise :
- Il est primordial de renforcer et/ou proroger les mesures d’accompagnement et de soutien aux entreprises en difficultés pour préserver les emplois et pour qu’elles soient opérationnelles au moment de la reprise d’activité.
- En accélérant la mise en œuvre des chantiers qui ont pris du retard et en lançant un plan exceptionnel de construction de logements sociaux, nous relancerons le BTP qui est le secteur qui a été le plus durement touché et nous répondrons a un besoin réel et majeur de la population de l’île.
- De même, nous devons agir pour favoriser la production locale qui est génératrice d’emplois et de richesses, et encourager la consommation de produits locaux à chaque fois que c’est possible.
- Je compte m’appuyer sur les administrateurs de notre mouvement pour maintenir le dialogue social avec l’ensemble des partenaires sociaux, dans le climat de confiance et de responsabilité que nous avons su créer et qui est un atout capital.
- Stabilité réglementaire de la LODEOM notamment pour que la défiscalisation ne soit pas sacrifiée sur l’autel de la chasse aux niches fiscales. La défiscalisation outre-mer contribue très largement au développement de notre île, c’est un outil indispensable et globalement vertueux.
Les chefs d’entreprises et les investisseurs ont besoin de stabilité. Sans stabilité, pas de confiance, et sans confiance, pas d’investissement.
Dans un second temps, je veux accompagner la mise en pratique de notre projet de développement économique et territorial, l’ILE VERTE, car il a identifié les relais de croissance qui bénéficieront à l’ensemble de l’économie de l’île et donc à l’ensemble des secteurs d’activité.
Il s’agit de bâtir la Réunion de "demain", une île où il fera bon vivre parce que l’on utilisera des énergies propres, parce les secteurs de l’économie comme le tourisme, l’environnement, l’agronutrition, la production locale et les TIC se seront développés en harmonie, en cohérence et en adéquation avec un objectif commun. Nous devons orienter les travaux d’aménagement du territoire en cohérence avec notre objectif (stations de traitement de l’eau, d’épuration, aménagement de zones industrielles, libération de foncier pour le tourisme, transports en commun, ports, aéroports etc. ...) : c’est la raison pour laquelle les milieux économiques et politiques doivent partager leur vision de stratégie de développement pour notre île.
La réussite de ce projet est intimement liée à une vision commune et partagée par tous les acteurs et pas seulement économiques.
Il me semble évident que la Réunion doit se développer davantage et renforcer son tissu économique, d’une part parce qu’il est créateur d’emplois, et d’autre part parce que c’est le seul moyen de créer de la valeur ajoutée et de l’emploi au profit de la société réunionnaise.
Nous devons développer l’export et la coopération régionale dans le même temps.
Mais les entreprises réunionnaises, quelle que soit leur taille, ne pourront se développer qu’à condition de disposer des outils indispensables à leur développement, c’est à dire la possibilité de disposer de fonds propres et je veux soutiens la création d’un fond d’investissement local suffisamment abondé pour répondre aux besoins de développement et de croissance.
-Qu’avez-vous de différent avec votre unique adversaire dans cette élection Jean-Marie Le Bourvellec ?
C’est aux adhérents du Medef, par leur vote, de répondre à cette question.
-Vos rapports avec Jean-Marie Le Bourvellec ?
J’entretiens de très bonnes relations avec Jean-Marie LE BOURVELLEC que je côtoie régulièrement au sein du MEDEF, de la technopole dont nous sommes tous deux vices-présidents, de la Réunion Economique et de la FEDOM.
-Vous vous inscrivez dans la lignée de l’action de François Caillé. Dans un contexte défavorable pour les entreprises réunionnaises, faut-il réellement jouer la carte de la continuité ou celle du changement afin de sortir du marasme ?
Avec le soutien du Conseil d’administration, François CAILLE a porté une volonté d’ouverture du MEDEF et il a réussi, en témoigne le nombre très important des entreprises adhérentes.
Je m’inscris dans la continuité de son action et je souhaite que le MEDEF REUNION représente encore plus largement le tissu économique local qui est essentiellement composé de moyennes et de petites entreprises.
J’ai l’intention d’organiser au plus tôt une large concertation pour recenser les attentes et les idées de toutes les entreprises adhérentes.
Le changement que je propose est surtout imposé par la situation conjoncturelle : à contexte exceptionnel, celui de la crise que nous traversons, il faut un « mode projet » dédié, avec comme objectif principal de maximiser la vigueur du rebond de sortie de crise, car c’est lui qui fixera le niveau de croissance que nous réussirons à atteindre après crise.
Une crise ne se traverse pas de façon passive ou uniquement défensive. La sortie de crise doit se construire, s’organiser et se gérer.
-Le Btp est en crise à la Réunion, avec notamment la commande publique qui ne reprend pas, Jean-Marie Le Bourvellec président de la FRBTP pourrait davantage séduire les adhérents de sa branche quel message leur donnez-vous ?
Le secteur du BTP a été frappé très durement depuis 18 mois et ce sont 10.000 emplois qui ont été perdus.
C’est pourquoi je propose un plan de sortie de crise exceptionnel orienté vers le logement social, pour relancer ce secteur tout en répondant à un besoin essentiel de la population.
Par ailleurs, le projet île verte représente un formidable enjeu en terme d’aménagement du territoire : libérer du foncier pour le tourisme et construire des structures d’hébergement, du foncier pour aménager des zones industrielles qui manquent cruellement aux entreprises, développer des modes de transport propres, adapter les aéroports et les ports, poursuivre les efforts en terme de logement, construire des stations de traitement des eaux et d’épuration, etc. ...
-Comment redonner confiance aux investisseurs pour qu’ils réinjectent des capitaux dans notre économie locale ?
Cultiver la meilleure harmonie avec nos partenaires sociaux et assurer la stabilité réglementaire.