Le Groupe Quartier Français détient le pôle spiritueux le plus important de la Réunion. Il comprend au total plus de huit sociétés. Notamment deux en Métropole, une en Italie et une aux Antilles. Le pôle réalise environ 170 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit la moitié du CA de Quartier Français.
Tereos tient à rassurer les consommateurs : le Rhum charrette restera commercialisé dans l’île et ailleurs sous la même appellation. L’acheteur de Quartier Français met donc à la vente le pôle alcool estimant qu’il laisse la main à un repreneur spécialisé dans le domaine. Ce qui n’est pas la cas de Tereos. Ce dernier dispose d’une année pour revendre cette partie de Quartier Français.
Pour rappel, Après Bois Rouge, l’usine du Gol située à Saint Louis tombe sous le contrôle du groupe agro-industriel Tereos. Ce groupe métropolitain dispose dorénavant du monopole du sucre réunionnais, suite à l’autorisation de rachat de Quartier Français délivrée lundi 31 mai par l’Autorité de la Concurrence.
La production locale de sucre estimée à 210 000 tonnes par an est dorénavant sous le contrôle du Groupe Tereos. Les objectifs du Groupe sont d’ores et déjà affichés : il s’agit de développer la filière canne-sucre sur le département et d’atteindre sur le long terme "le quota de 300 000 tonnes par an accordé par Bruxelles".
"Cela veut dire travailler main dans la main avec l’ensemble du monde agricole et se battre pour préserver et redévelopper les terres consacrées à l’agriculture et en particulier la canne. Mais cela veut dire aussi élever la productivité de la canne par tout un tas de moyens comme par exemples les nouvelles variétés de cannes, les meilleures pratiques culturales, l’aide, l’appui et la formation des planteurs..." explique Philippe Labro, nouveau président du directoire de Tereos.
Si la production locale de sucre représente une faible part de la production européenne, l’Autorité de la Concurrence souhaite éviter un monopole au niveau de la distribution. Par conséquent, elle a donc fixé un certain nombre conditions pour le rachat de Quartier Français par Téréos. Le Groupe doit avant tout céder à un tiers le distributeur Mascarin qui commercialise la moitié de la production locale.
-Qui est Tereos ?
Empire méconnu du grand public, la coopérative picarde est devenue numéro deux européen du sucre et leader dans la transformation de l’amidon de blé pour l’industrie alimentaire et pharmaceutique en multipliant les acquisitions. Comme celle d’une nouvelle usine au Brésil. Elle mise sur les biocarburants pour doubler ses ventes d’ici à 2015.
Qui pourrait réveiller la Bourse avec la première introduction significative de l’année 2010 ? Un as d’Internet ? Un génie des biotechs ? Pas le moins du monde… Simplement les 12.000 planteurs de betteraves de la coopérative sucrière Tereos, dont les actifs « non betteraviers » seront bientôt cotés à Paris et Sao Paulo, sous la bannière Tereos Internacional (voir encadré). Un ensemble d’une valeur initialement estimée à 1,7 milliard d’euros, qui vient d’obtenir le feu vert pour racheter Quartier Français et devenir ainsi l’unique sucrier de l’île de la Réunion.
Des sacs de sucre Béghin-Say au partenariat noué début mai avec le géant du pétrole Petrobras pour développer les biocarburants, Tereos a progressivement bâti un empire méconnu du grand public. En vingt ans, la modeste coopérative de Picardie fondée à Origny-Sainte-Benoîte, dans l’Aisne, a multiplié par cinquante sa production, pour devenir le deuxième groupe sucrier européen, le quatrième au Brésil, ainsi qu’un leader dans la transformation de l’amidon de blé pour l’industrie alimentaire, papetière et pharmaceutique. Le tout sans abandonner son statut coopératif. Un parcours singulier, dans un paysage agricole français caractérisé par la chute des revenus des exploitants.
Depuis vingt-cinq ans, la coopérative est pilotée par un Picard, simple, modeste, mais visionnaire et tactique. Agé de soixante-quatre ans, Philippe Duval, président du directoire, est depuis longtmps dans la betterave. Son père Jean a consacré sa vie à transformer la petite distillerie d’Origny-Sainte-Benoîte en une sucrerie moderne. « A vingt-quatre ans, je l’ai rejoint et j’ai travaillé à ses côtés jusqu’à ce qu’il m’en confie les rênes en 1984. L’usine était très performante mais n’avait alors que 2 % des quotas français de production de sucre, quand Tereos en détient 45 % aujourd’hui », se souvient-il. (source :Lesechos.fr)