La crise économique touche de plein fouet les entreprises réunionnaises qui croulent sous les dettes. La Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion tente de trouver des solutions pour arrêter l’hémorragie.
7000 entreprises insolvables, 242 millions d’euros de dette, 16 000 employés qui risquent de se retrouver sur le carreau : c’est le triste bilan de l’industrie réunionnaise. Des chiffres qui ont pour principale cause la crise économique mondiale.
La Chambre de Commerce et de l’Industrie de la Réunion (CCIR) tente de trouver des solutions pour venir en aide à ces entreprises qui se retrouvent au pied du mur. Elle propose un gel des contentieux, pour limiter les pertes salariales, et demande au gouvernement le retour de La loi d’orientation pour l’Outre-Mer (LOOM) instaurée par Lionel Jospin en 2000.
Ibrahim Patel, président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie, dresse un bilan sombre des entreprises sur l’île, "nous avons recensé environ 7 000 entreprises qui ont des difficultés. Ces 7 000 entreprises représentent à elles seules 240 millions d’euros de dettes. Il y a 142 millions d’euros concernant la Sécurité Sociale et avec toutes les autres dettes au niveau des services fiscaux, c’est un quart des entreprises qui sont touchées, ce qui représente 16 000 emplois".
Le président de la chambre consulaire propose un retour à la loi LOOM, en trois étapes, pour permettre aux entreprises de sortir la tête de l’eau. "Dans un premier temps, on va faire un diagnostic précis de la situation. Le nombre des entreprises qui sont touchées, secteur par secteur et nous allons demander au gouvernement de nous donner la possibilité de mettre en place la LOOM 2. Cela va s’appliquer en trois étapes : le gel de tout recours contentieux, donner la possibilité d’un minimum de 50% sur le volet social et fiscal avec un étalement sur 8 à 10 ans, et la mise en place d’un fond de compensation pour cette partie de part salariale".
Selon lui, la situation est critique et "si le gouvernement veut aller vite, on peut trouver un projet de loi. Avant que ce projet de loi ne tombe, que le gouvernement fasse un effort et qu’on arrête toutes les procédures contentieuses auprès de toutes les entreprises pour les éviter aujourd’hui de fermer. Nous demandons l’arrêt des poursuites jusqu’à que cette loi sera votée".
Du côté des chefs d’entreprises, le bilan est amer. Robert Didier est le gérant de Robert Construction et il doit faire face à une situation difficile, et selon lui de plus en plus d’entrepreneurs font faillite ne pouvant surmonter la crise. "Moi j’ai eu des dettes, je paie mes dettes depuis trois ans...ce que veulent faire les deux chambres consulaires, c’est très bien. Il faut qu’ils trouvent une solution pour que les entreprises puissent s’en sortir, sinon ça va être l’hécatombe d’ici un an".
Ce gérant d’une entreprise de BTP a des dettes qui s’élèvent à plusieurs milliers d’euros et il n’est pas le seul dans cette situation. "On a du mal à remonter la pente. J’ai des impayés de 160 000 euros. J’ai licencié en 2009, une douzaine de personnes sur 38. Ca m’a coûté très cher. Les ouvriers ont signé la convention de reclassement personnalisé. Donc ça veut dire que les deux mois de préavis que les ouvriers devaient faire chez nous, on devait les payer au Pôle Emploi".
Face à cette situation critique, la CCIR espère que les pouvoirs publics vont réagir rapidement pour apporter des solutions afin d’éviter que des milliers de personnes ne viennent grossir les rangs des chômeurs dans notre département.