L’économiste Philippe Jean-Pierre analyse les enjeux du nouvel Observatoire des marges. Un organisme de contrôle dont les missions deviennent effectives ce jeudi et qui devra agir pour empêcher d’éventuels abus.
Il y a du nouveau dans le dossier consommation. L’Observatoire des prix, des revenus et des marges présidé par Marie-Christine Tizon se réunit ce jeudi en séance plénière à l’hôtel de la Préfecture.
Les effets du dispositif bouclier qualité-prix lancé entré en vigueur en mars dernier seront examinés. L’instance doit également officialiser son action de contrôle des marges.
S’agit-il d’un gadget ou d’une mesure inefficace ? L’économiste et professeur des Universités Philippe Jean-Pierre livre son analyse.
Qu’appelle-t-on une marge ?
Une marge, c’est la différence entre le pris de vente d’un produit et les coûts de revient issus de la distribution, de la fabrication ou de la vente de ce produit. Il faut distinguer la marge brute de la marge nette qu’on calcule avant ou après la fiscalité et le paiement d’un certain nombre de coûts. La marge nette rémunère l’entrepreneur ou le capital.
Quel changement apportera l’Observatoire des marges selon vous ? Quel est son rôle ?
Le seul changement par rapport au pouvoir précédent, c’est qu’il y aura un système de saisine et de transmission réelle du dossier s’il y avait un constat. La réalité c’est encore la capacité qu’auront les acteurs de l’Observatoire à mener des études, expertises et investigations. Cela ne signifie pas pour autant tirer sur les entreprises.
Quand on observe des prix, il n’est pas évident de comprendre la façon dont ils sont calculés. Les marges qui sont exagérées traduisent le fait que les entreprises disposent d’un fort pouvoir de marché ou que d’autres éprouvent des difficultés à produire ou à vendre.
Le rôle de l’Observatoire - auquel j’ai participé - dépend de l’efficacité de l’outil. L’Observatoire ne sera-t-il qu’un simple petit secrétariat ? Tout dépendra des moyens mis en oeuvre.
Y-at-il des abus à La Réunion ?
Une économie insulaire est donc une petite économie par définition, si on laisse de côté Madagascar et l’Australie. Elle implique donc des pouvoirs de marché, la capacité de l’entreprise à en user.
Il existe des secteurs où les entreprises en profitent. C’est le métier des entreprises de réaliser des marges et c’est le métier de la puissance publique ou du régulateur de vérifier que ces marges ne soient pas trop abusives afin de ne pas enrayer la machine.