Le premier salon de l’exportation se tiendra le 23 et 24 septembre prochain dans notre île avec un mot d’ordre : « face à la crise, il faut se tourner vers les marchés à forte croissance ». Seul 1% des entreprises réunionnaises exportent.
C’était la succès story de l’année 2008. La société Dom’eau, basée au Port et spécialisée dans le traitement de l’eau, avait raflé au nez et à la barbe de groupes internationaux, européens, américains et indiens, le marché de la construction de la station d’épuration du géant américain Coca-Cola à Madagascar, puis à Mayotte. Pourtant, malgré son succès, Gilles Couapel, son Président directeur général, déplorait déjà qu’à la Réunion, rien ne permette d’accélérer le développement des entreprises locales à l’export.
Un an plus tard, jour pour jour, le club Export Réunion, sous l’impulsion de son président François Mandroux organise le premier salon de l’exportation avec pour objectif : « d’augmenter l’activité économique des entreprises, de les rendre plus fortes et de favoriser l’emploi des jeunes réunionnais ». Car le secret de la réussite dans le domaine de l’exportation est l’innovation. Le Pdg de Dom’eau en sait quelque chose. Il avait raflé la mise face à plus gros que lui, grâce à un procédé moins énergivore que les traitements biologiques classiques défendus par ses concurrents. Résultat : les portes de l’Afrique du Sud lui sont ouvertes et aujourd’hui presque 40 % de son chiffre d’affaires annuel est réalisé à l’export.
La Réunion, par sa position géographique est au cœur « d’une zone de forte croissance et nos entreprises ont des atouts considérables pour exporter produits et services aux normes européennes avec des hommes formés et pointus. Si la Réunion na va pas dans ces pays, d’autres prendront la place », prévient François Mandroux.
Cela dit le marché local est confortable est n’incite pas les entreprises à avoir une vision export. C’est le syndrome BSC : bon, solvable et confortable. Et pire, celles qui manifestent l’envie de se frotter à l’export sont confrontés aux procédures administratives lourdes et complexes. Ce premier salon donnera l’occasion aux entreprises réunionnaises d’être en contact avec des experts de l’exportation pour creuser leurs projets. « L’exportation dans notre île représente 153 millions d’euros » lâche le Président du Club Export. Et il n’existe pas de volonté forte et réelle « des politiques, des institutionnels, des collectivités, ni même des compagnies maritimes ou des transitaires » s’insurge Gilles Couapel, vice-président du Club Export Réunion. Pourtant La Région Réunion finance ce salon, la chambre de commerce et d’industrie de la Réunion le soutien et la direction régionale de commerce extérieur est très impliquée dans le projet.
Pour mettre en contact les entrepreneurs réunionnais avec le reste de la zone Océan Indien, huit pays ont été invités et seront présents : « l’Afrique du sud, l’Australie, la Chine, Les Comores, Madagascar, Maurice, Mayotte et les Seychelles. Les chefs d’entreprise disposeront d’une heure pour s’entretenir de leurs projets particuliers » résume François Mandroux.
Cela fait maintenant dix ans que le club export Réunion tente de faire comprendre la nécessité pour les entreprises réunionnaises de se tourner vers l’extérieur, et le constat est un peu amer après cette décennie : « La Réunion est au centre d’une zone de croissance formidable, avec des pays connaissant un développement exemplaire et très rapide. Alors que ces mêmes pays exportent leurs biens vers la Réunion, faudrait –il rester sur notre île sans songer à exporter le savoir faire des entreprises réunionnaises ? » s’interroge la Club Export Réunion.
Sûr qu’en se déplaçant à la Réunion les 23 et 24 septembre prochain, les pays de zone de seront pas là que pour faire de la représentation.
4 questions à François Mandroux, le Président du Club Export Réunion
Cela fait 11 ans que le club Export existe dans notre île. Cela veut dire que l’export représente quelque chose à la Réunion ?
Les exportations représentent 153 millions d’euros par rapport à un volume d’importations de 1 754 milliards d’euros. Ne sont compris dans ces chiffres que les biens physiques : les services et le tourisme ne sont pas compris. Actuellement, 1% des entreprises réunionnaises exportent quand elles sont 8 % en métropole, voire 20 % pour la Région Rhône Alpes.
Pourquoi organiser le premier salon de l’exportation ?
Pour dynamiser les entreprises et les ouvrir aux opportunités de l’exportation. On se rend compte que les entreprises Réunionnaises se sont contentées jusqu’à présent de leur seul marché intérieur qui d’ailleurs était en forte croissance depuis une dizaine d’années. Avec la crise mondiale, ce n’est plus le cas. Si les entreprises réunionnaises veulent maintenir leur croissance, il faut qu’elles exportent. On s’est rendu compte aussi que les entreprises réunionnaises avaient un problème de méthode à l’export : elles ne savent pas par quel bout commencer. Par ailleurs elles méconnaissent le dispositif d’appui de l’Etat qui est un des meilleurs systèmes d’appui au monde. Cela est du à l’éloignement de la Réunion des centres de décisions, et surtout à l’absence d’interlocuteurs spécialisés permanents localement comme Ubifrance ou la Coface.
Quels sont les atouts de la Réunion pour jouer dans la cour de l’export ?
Les atouts sont indéniables : haute performance due notamment aux normes européennes. Qualité des collaborateurs, jeunesse formée. DAS bien identifiés (agro industrie, NTIC, développement durable, santé …), bonne connaissance des iles environnantes (maillage culturel et ethnique), habitude des micromarchés, ouvertures de ligne aérienne. Par exemple : songez que Sydney n’est qu’à dix heures de vol de la Réunion. C’est un fantastique marché avec des liens forts avec la « vieille Europe ». Mais nous possédons également de structures d’accompagnement : club export, AD, SR21, Technopole, Université, centres de recherches … La Réunion possède tous les atouts.
Comment la Réunion devrait elle structurer une démarche export ?
C’est tout l’esprit du salon. Il y aura des conférences thématiques toutes les heures sur les grands sujets de l’export. Diagnostic, étude de marché, prospection, finance, stratégie : c’est la méthode. Nous aurons également des conférences, la présence de pays cible, la présentations des débouchés export par les Missions économiques et les CCI des Iles de l’OI, de la Chine, de l’Australie, de l’Afrique du sud, des ateliers pour approfondir les thématiques proposées lors des conférences, des rendez-vous be to be avec les professionnels de l’export qu’ils soient locaux, nationaux ou internationaux.